Hemerion Therapeutics, un nouvel espoir dans la lutte contre le cancer du cerveau
Le 12 mai 2017, une petite révolution s’est produite dans le monde du traitement du cancer. Le premier patient atteint de glioblastome, la forme la plus agressive de cancer du cerveau, était traité à l’aide d’une nouvelle technologie utilisant des lasers, actuellement portée par l’entreprise Hemerion Therapeutics, créée en 2020. Cette technologie, développée par le CHU de Lille et le laboratoire Inserm ONCOTHAI, représente un nouvel espoir dans le traitement du cancer du cerveau, et permettrait à terme de réduire la mortalité chez les patients atteints de ce mal.
20 000. C’est le nombre de nouveaux patients touchés en Europe en un an par le glioblastome, tumeur cérébrale maligne la plus fréquente et la plus virulente. Pour traiter cette tumeur incurable, pas d’autre choix, traditionnellement, que de passer par la chimiothérapie ou la radiothérapie. C’est là que la technologie d’Hemerion intervient pour compléter ces traitements traditionnels. Il s’agit “d’alléger le coût sociétal des patients atteints du cancer, en allongeant leur espérance et leur qualité de vie et de faire de la tumeur une maladie chronique“, explique Maximilien Vermandel, fondateur et chercheur ayant participé à la recherche et au développement. Toutefois, tous les patients ne sont pas éligibles au traitement au laser proposé par Hemerion, ceux dont les tumeurs ne sont pas opérables ne pourront en bénéficier.
Vidéo réalisée et montée par Camille Ducrocq.
Le rêve américain
Avec des premiers résultats plus que prometteurs, la technologie portée par Hemerion Therapeutics a largement été adoubée par la communauté scientifique internationale. Elle a entre autres été récompensée en 2021 par le Prix de l’Innovation décerné par Voisin Consulting Life Sciences, société américaine de conseil en développement de médicaments, ou encore la même année par le prix Galien Med Startup, dans la catégorie “Meilleure collaboration MedTech et santé digitale”. Cette rapide expansion de la startup l’autorise à voguer vers de nouveaux horizons, puisqu’elle projette de se développer sur le sol américain. “Développer le projet Hemerion aux Etats-Unis permettra une évaluation de l’efficacité de la technologie sur des échantillons plus vastes de patients“, indique Maximilien Vermandel. La startup a déjà présenté ses travaux dans le cadre du symposium de Miami sur les tumeurs cérébrales en juin 2021, ou encore à Boston devant les équipes du Service pour la Science de l’Ambassade de France aux Etats-Unis, en vue de potentiels investisseurs.
Un marché limité
la chirurgie du cerveau et susceptibles d’accueillir la technologie."
Malgré l’expansion de l’entreprise, sa technologie semble vouée à une accessibilité relative. Le marché potentiel d’Hemerion restera un marché restreint : le docteur Vermandel explique “qu’il n’existe en France qu’une dizaine de centres de soins pratiquant la chirurgie du cerveau et susceptibles d’accueillir la technologie“. L’accessibilité de la technologie d’Hemerion sera alors limitée à ces centres publics d’excellence. “Mais n’importe où le glioblastome peut être traité, Hemerion devrait intervenir.” Les recherches menées par la start-up pourraient amener la technologie à traiter d’autres cancers, comme les cancers ORL ou du poumon, mais cette diversification n’interviendra a minima qu’à moyen terme. Quant au coût de l’opération pour les patients, ils en bénéficieront gratuitement, l’entreprise assure qu’elle est prise en charge entièrement par la sécurité sociale.
Une technologie sous tutelle
Comme toute entreprise, Hemerion dépend d’investissements, qu’ils soient publics ou privés. “Hemerion repose essentiellement sur un modèle capitalistique”, déclare Maximilien Vermandel. Les financements de la start-up lilloise reposent principalement sur la cession de parts à des investisseurs privés (qui détiennent 70 % des parts de l’entreprise), sur des subventions, ou encore sur des leviers fiscaux comme le crédit impôts recherche. En 2022, l’entreprise a pu se financer en levant 2,5 millions d’euros, provenant entre autres du fond d’investissement FIRA NORD EST 2 ou encore de la société CapTech Santé Nutrition. Fonds qu’elle a pu compléter avec un prêt d’un million d’euros auprès de la banque Bpifrance. Cet argent permettra à Hemerion d’initier la phase 2 de ses tests prévue pour fin 2023 aux Etats-Unis, tests de sécurité qui seront suivis d’une troisième phase en 2025 avant une mise sur le marché.
Reste donc à Hemerion Tehrapeutics de continuer sur sa lancée pour transformer l’essai.
Par Emilien Hostyn
Zoom sur…
Le soutien de l’Université de Lille
Le projet semble prometteur, puisque la start-up Onco Light Medical/ Hermion est soutenue par l’Université de Lille. Cette technologie révolutionnaire et unique au monde, qui est une voie permettant de tuer les cellules cancéreuses, est en effet le fruit d’une décennie de recherches, au sein du laboratoire Inserm/ Université de Lille nommé Onco ThAI (« Thérapies Assistées par Lasers et Immunothérapies pour l’Oncologie »). Cette UMR développe notamment des thérapies utilisant la lumière, portant sur les cancers localisés et les cancers diffus, en impasse thérapeutique. En décembre 2019, le Comité des projets de l’Université, qui vise à soutenir la start-up, a rendu un avis favorable quant à la participation au capital de celle-ci, à hauteur de 200 000 euros. L’idée, comme l’indique la Fondation de l’Université, est de “favoriser la diffusion et la valorisation des résultats de la recherche”, en apportant donc son soutien au projet de Maximilien Vermandel, CEO de la société Hemerion.
Par Mathis Lang