Pour s’ouvrir à tous les publics, le Musée d’histoire naturelle mise sur l’insolite
Posted On 12 février 2023
0
419 Views
À Lille, le Musée d’histoire naturelle rejoue La nuit au musée. Entre 18 et 22 heures, les visiteurs, plongés dans l’obscurité, ont pu observer les quelque 20 000 pièces qu’abrite l’établissement sous un nouveau jour. Depuis 2021, ces nocturnes sont organisées environ quatre fois par an. « L’objectif est d’ouvrir le musée sur une autre plage horaire et de toucher un public différent, qui n’a pas l’occasion de venir en semaine. On a bien compris qu’il y avait un attrait particulier pour visiter le musée dans cette ambiance là », indique Morgane Vandewalle, responsable communication et développement du musée.
Après la crise sanitaire, les musées doivent en effet reconquérir leur public et l’élargir à nouveau. L’enjeu ? Rendre la culture accessible au plus grand nombre et notamment à ceux qui n’ont pas l’habitude de se rendre au musée. Car dans le même temps, les attentes des visiteurs évoluent. Du côté du Musée d’histoire naturelle, « On constate que nos chiffres de fréquentation ne cessent d’augmenter ». Et ce type d’initiative, qui mise sur le caractère inédit de la visite, n’y est pas étranger. « C’est le côté insolite et exceptionnel qui plaît », observe Morgane Vandewalle.
Ce constat pose une question : le public n’est-il intéressé par la culture que lorsqu’elle lui est présentée sous un aspect original, voire spectaculaire ? Parmi les participants à l’événement, c’est au moins le cas des plus jeunes. « On vient avec un enfant de sept ans qui est fan du film La nuit au musée », argue-t-on dans la pénombre de la réserve, ouverte pour l’occasion. « À cet âge, le musée peut être un peu soporifique, mais là c’est très ludique. » Chez les étudiants, qui se font plus nombreux à mesure que l’heure avance, l’inédit reste un prétexte pour découvrir les oiseaux, mammifères et autres insectes que l’on devine derrière les vitrines.
Sur le plan des tarifs et de la communication, en revanche, aucune politique spécifique à l’événement n’a été mise en place. « Cette nocturne était à un tarif courant pour le musée. On n’a pas plus communiqué sur cet événement que pour un autre », explique l’établissement. Pour autant, l’initiative rencontre toujours un franc succès tant auprès des habitués que du côté des plus novices. En tout, ce sont 950 personnes qui ont déambulé dans le musée tout au long de la soirée.
Au Musée d’histoire naturelle, cette idée de présenter la culture de manière moins conventionnelle et plus accessible a fait son chemin. À partir de cet été, le lieu, bicentenaire depuis 2022, fermera ses portes pour des travaux d’agrandissement. Là encore, différents types de publics sont visés. « On va ouvrir de nouveaux espaces, dont un dédié aux 0-3 ans. Le but est d’offrir aux tout-petits un vrai espace muséal à leur hauteur. Ce sera un petit musée où ils pourront découvrir, toucher à leur niveau », relate Morgane Vandewalle. Et d’ajouter : « On pense que visiter un musée dès le plus jeune âge, ça ne peut qu’apporter à l’enfant de la curiosité, de la connaissance. » Rendez-vous est donc pris à la réouverture, à l’automne 2025.
Mathis Beautrais Un dossier photo de Lison Borel
Comme au musée d’histoire naturelle de Lille, de nombreux lieux culturels et touristiques proposent des services tournés vers l’insolite afin de rendre la culture attractive et accessible au plus grand nombre. Face à la transformation lente et durable des attentes touristiques, le secteur est contraint de s’adapter.
Clara Browarnyj
La crise du Covid-19 a eu un très fort impact sur tout le secteur du tourisme et de la culture. C’est dans cette optique que se développent aujourd’hui de nombreuses activités et journées évènements tendant à redonner vie aux musées et autres lieux de culture.
Mais si ce besoin de regagner en visiteurs est la raison principale de ce renouvellement, elle n’en est évidemment pas la seule.
Aujourd’hui, un enjeu important pour les musées est d’être en mesure de satisfaire aux besoins et aux envies de tous les publics. Depuis de nombreuses années, des infrastructures pour l’accessibilité aux personnes en situation de handicap, physique ou mental, sont donc mises en place à grande échelle.
En plus des infrastructures, les visites en elles-mêmes sont repensées. Ainsi, des évènements de toutes sortes sont organisés dans les musées français, comme des ateliers pratiques ou encore visites contées.
C’est chez ces publics avec des handicaps mentaux ou troubles psychologiques que la généralisation d’événements particuliers, comme des visites au touché ou visites immersives avec plusieurs sens mobilisés, sont le mieux accueillies. Pour les personnes atteintes de troubles de l’attention par exemple, des visites pluri-sensorielles, où le visiteur est actif dans son rapport aux expositions, permettent de s’approprier les thématiques sans avoir à rester focalisé sur de longs textes explicatifs, qui peuvent être difficiles à saisir.
La mise en place d’activités plus ludiques qui ‘sortent du cadre de l’ordinaire’ favorisent aussi le retour du plus jeune public et des familles au musée en abordant les sujets avec une approche alternative, et parfois plus pédagogique.
Anna Chartier Degenhardt
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
pour plus d'infos