Le projet ASA France (All Service Access), fondé en 2016 à l’occasion de l’Euro de football, permet depuis presque sept ans de faire partager les émotions des événements sportifs aux personnes à déficience visuelle grâce à des commentaires en audiodescription bénévoles.
L’accessibilité en ligne de mire pour l’ASA France. En 2016, pour l’organisation de l’Euro de football en France, il est obligatoire d’avoir des commentaires en audiodescription dans les stades pour les aveugles ou déficients visuels. Un appel à projet est lancé et Charly Simo, président d’ASA France y a répondu, en créant l’association et a ensuite géré tous les commentaires en audiodescription dans les stades. Suite à cet événement, certains clubs ont souhaité poursuivre cette initiative directement dès 2016, comme le LOSC, le PSG et l’OM. Ces derniers ont en effet décidé d’investir en ce sens. Dans les années qui ont suivi, les partenariats se sont multipliés, avec davantage de clubs, ce qui a nécessité de nouveaux commentateurs. D’où cette entente entre l’ASA France et l’ESJ Lille.
Elargir tous les domaines
Pour une association en développement continu dont la clé pour limiter les dépenses externes est le bénévolat, l’appel aux étudiants peut être la solution. C’est ce que fait l’ASA puisque l’ensemble des commentateurs sont des étudiants. A l’ESJ, le projet a été ouvert pour les Masters dès l’Euro 2016, puis aux étudiants de licences pro quelques années plus tard, et enfin aux étudiants de l’Académie ESJ à partir de la deuxième année depuis 2022. C’est ce qu’explique Thao Coubrun, journaliste freelance et chef de projets avec l’ASA dans les Hauts-de-France : « C’est bénéfique pour tout le monde, les étudiants peuvent s’exercer et progresser dans une discipline du journalisme assez compliquée et rare en opportunité, et les clubs peuvent toucher un plus large public. »
L’association a également dû s’adapter à son temps. Avec le Covid, les stades étant fermés, l’ASA a décidé d’ouvrir une chaine YouTube et Twitch pour mettre en ligne ses commentaires en direct ou en différé et donc les rendre accessibles à encore plus de personnes. Suite aux demandes et propositions des étudiants, l’association a aussi élargi la gamme de sports commentés, avec le rugby, le biathlon, la formule 1, le handball, ou encore différentes disciplines lors des Jeux Olympiques 2021.
Un commentaire adapté aux besoins
Si la qualité des commentaires de la part d’étudiants novices pourrait en effrayer certains, les retours ont toujours été positifs de la part des bénéficiaires. Selon Thao, c’est parce que « la demande est très faible dans ce domaine, les aveugles ou déficients visuels ont très peu de ressources donc ils sont contents d’avoir ces commentaires souvent plus adaptés ».
Mais est-ce qu’il y a beaucoup de différence avec un commentaire télé habituel ? Il est vrai qu’ils peuvent paraître assez similaires, mais les commentaires en audiodescription se concentrent beaucoup plus sur l’image et sa description : les couleurs, les tenues, les numéros, le rappel des scores et du temps assez régulièrement, les tribunes, les attitudes, et bien sûr l’aspect sportif.
Si ASA France a réussi à capter l’attention de clubs notoires ainsi que de bénéficiaires réguliers et fidèles, leur point faible reste encore la communication. Se faire connaître reste essentiel pour pouvoir réaliser leur objectif : rendre accessible le sport et ses émotions au plus grand nombre. Pas assez de moyens sont déployés pour donner de la visibilité à l’association, ce qui limite non seulement son nombre de bénéficiaires mais également le poids qu’elle a pour négocier des financements avec de nouveaux clubs.
Article écrit par Joana Wexsteen
© vidéo : Lilou Morin
Focus : La France se couvre d’or en cécifoot
Si de belles initiatives, à l’image de l’association ASA France, permettent à tous de ressentir les émotions du sport, il existe bel et bien d’autres excellents moyens pour les personnes non-voyantes de s’attacher aux valeurs sportives. Pour cela, quoi de mieux que la pratique ! En effet, alors que certains sports tardent à trouver leur équivalent pour les non-voyants, d’autres ont parfaitement su s’adapter, et la pratique a rapidement suivi la théorie. C’est notamment le cas du cécifoot, dérivé du football. À la différence de sa discipline mère, le cécifoot se pratique à cinq et est réservé aux déficients visuels (non-voyants pour la catégorie B1 et malvoyants pour les catégories B2/B3). Au niveau professionnel, les règles de la FIFA (instance directrice du football mondial) sont appliquées à quelques aménagements près, évidemment pour tenir compte du déficit visuel des joueurs.
Justement, la France compte parmi les meilleures nations au monde dans cette discipline. En effet, les Bleus sont actuellement champions d’Europe en titre ! Créée en 1998, l’équipe nationale de cécifoot ne connaît de bons résultats qu’à partir de 2003, début d’une série de podiums européens, qui se poursuivra jusqu’en 2013. Après deux sacres européens consécutifs en 2009 et 2011, l’équipe de France était également parvenue à décrocher la médaille d’argent aux Jeux Paralympiques de 2012, à Londres (défaite 2-0 face au Brésil en finale). Malgré une nouvelle défaite en finale à l’Euro 2019, les Français ont finalement remporté leur troisième titre européen en juin 2022, en battant la Turquie aux tirs-au-but.
Enfin, si la discipline reste pour le moment peu médiatisée en France, elle pourrait peut-être enfin connaître son heure de gloire dès l’année prochaine, puisque les Bleus disputeront évidemment les Jeux paralympiques de Paris, devant le public français.
Focus écrit par Jules Poupin