L’accorderie, un système d’échange solidaire qui lutte contre l’exclusion sociale
Ce système d’échange de services basé sur le temps vise à lutter contre l’exclusion social en encourageant la mixité. Il est implanté depuis 2011 en France. Nous sommes allés à la rencontre de deux membres de l’Accorderie de Lille, située à Fives, pour en savoir davantage.
Le principe est très simple : pour 1h de service rendu, la personne obtient 1h de service sur son compte. Les services rendus sont comptabilisés à l’aide de chèques-temps, qui sont remplis à chaque fois qu’un service est échangé.
Ces services sont multiples, et peuvent aller d’un cours de guitare à l’organisation d’un mariage : c’est le cas d’une Accordeur qui en rendant un certain nombre de services, a pu s’offrir un photographe, une maquilleuse, un coiffeur et un gâteau, le tout pour pas un sou !
Un système d’entraide pour créer des liens
Nisah Bentaiba, salariée de l’organisation, a été séduite par l’idée d’une mixité sociale « effective » : « Je suis très critique envers la mixité sociale mise en place par la politique de la ville, car pour moi elle ne fonctionne pas. Mais à l’intérieur du local, tout est gommé. »
Le local, situé à Fives, est tenu par des membres, et permet à différentes personnes, en plus d’accumuler des heures de services rendus, de se rencontrer et donc de créer du lien. Ces rencontres peuvent grandement aider des personnes victimes d’exclusion sociale. Pour une Accordeur, qui a souhaité rester anonyme, l’Accorderie permet de « tuer la monotonie » d’une vie quotidienne peu remplie.
Khadija Gorwa, membre actif, est émerveillée par l’idée de découvrir les capacités des personnes : « Tout le monde sait faire quelque chose. L’idée de l’Accorderie est de faire appel à la richesse personnelle de chacun. » De plus, les personnes seules se sentent réellement utiles, ce qui les encourage à aller de mieux en mieux.
Un pari difficile mais plein d’espoir
Ce système, qui paraît simple au premier abord, est en réalité plutôt difficile à gérer car suivant le principe fondateur de l’Accorderie, les avis de tout le monde doivent être pris en compte. La prise de décision est d’ailleurs horizontale, ce qui sous-entend la mise en place de nombreux débats pour arriver à la solution la plus consensuelle. Ces prises de décisions sont alors assez longues. De plus, la pérennité d’un tel système dépend en grande partie du financement, variable très changeante. En effet, bien qu’il existe un financement global de toutes les Accorderies en France, celui-ci est assez faible, et ne permet pas le fonctionnement du système entier. C’est pourquoi chaque Accorderie doit trouver son propre financement, pour payer son local et ses salariés, sauf que celui-ci varie chaque année selon les projets proposés aux investisseurs.
Pour résumer, un système local, solidaire, qui crée du lien entre les membres, et développe une réelle alternative au système capitaliste qui fait payer chaque service. Pour décrire sa vision personnelle de l’Accorderie, Khadija Gorwa affirme : « C’est à travers le regard des autres que l’on se rend compte de sa propre richesse. » Une bien belle idée en définitive!
Tolomei Briand