Le secteur culturel lillois en quête d’accessibilité
En France, 4,9 millions de personnes sont considérées comme porteuses de handicap. Dans la métropole lilloise, ce chiffre atteint les 10% de la population, soit 118 000 personnes, bien souvent isolées. Le collectif Tataplace, créé il y a quelques mois par le collectif « grhandir » met en place des solutions pour permettre l’accès à la culture aux handicapés.
Le handicap est source d’isolement social et culturel. Il existe un sentiment de honte chez les personnes handicapées, et seules peu d’entre elles ont la force de le surpasser et de sortir de chez elles. Brigitte, mère de Lily, une jeune fille de 18 ans atteinte d’un handicap moteur, fait partie de ces personnes : « Avec Lily, on a commencé à fréquenter les lieux culturels alors qu’elle n’avait que 3 ans. Du moment où elle a été en fauteuil (4 ans), cela attisait les regards et la gêne des gens, qui n’avaient souvent jamais vu d’enfant en fauteuil. Le handicap reflétait pour eux la maladie », décrit-elle. Malgré tout, elles continuent d’assister aux concerts de la région, même si les démarches sont parfois décourageantes. Souvent les billetteries PMR ne sont disponibles que par téléphone, il faut donc appeler pour avoir une place. En plus de cela, il faut vérifier l’accès au site : « Il n’y a pas de place à l’improvisation, et c’est comme ça pour tout. C’est un peu fatiguant », déplore Brigitte.
Une volonté de changer
Thierry Fouquet est cocréateur du collectif « grhandir », qui regroupe 350 acteurs du monde du handicap. Ils ont en commun la volonté de faire bouger les choses, en travaillant ensemble, pour aller plus loin. Parmi les projets du collectif, l’envie d’améliorer l’accessibilité à la culture. Ainsi est né le collectif « TATAPLACE », réunissant acteurs du monde médico-social et salles de spectacles. Dès la première réunion, qui a eu lieu en avril 2023, 7 sites emblématiques de Lille ont répondu présent, avec la volonté de travailler ensemble, malgré les différences sociales et culturelles qu’ils peuvent connaitre.
En seulement trois réunions, plusieurs idées ressortent déjà, dont certaines vont se concrétiser en 2024. Par exemple, l’Institut médico-éducatif (IME) Dabbadie à Villeneuve-d’Ascq va procéder à des audits dans les lieux culturels lillois. À côté de cela, les établissements volontaires ont proposé de mutualiser leurs matériels adaptés, souvent très couteux. L’Aéronef, à Lille, possède des combinaisons permettant aux personnes atteintes de surdité de ressentir les vibrations d’un concert, et a proposé de les prêter à l’opéra de Lille.
Un projet en devenir
La prochaine réunion, programmée au 12 octobre consistera entre une rencontre avec l’association ECHO, groupement déjà existant entre 17 lieux culturels engagés dans des démarches écoresponsables et solidaires. L’objectif sera de présenter la démarche à cette association, afin d’élargir la communauté, et à terme de convertir toute la région à la culture accessible. « Si on devient assez puissant, on pourrait faire pression sur la MEL et Ilévia pour mettre en place une tarification PMR des transports », espère Thierry Fouquet. Pour revenir au présent, l’un des projets les plus à court-terme est d’instaurer une charte en direction des boites de production locataires des salles de spectacles visant à améliorer l’accès à la culture, en organisant par exemples des rencontres entre PMR et artistes avant ou après la représentation. Le collectif prévoit de faire des Hauts-de-France la région la plus accessible sur le plan culturel, et ce le plus rapidement possible.
Alexandre Hébert
Handipole : un service de transport collectif dédié aux personnes à mobilité réduite
Maxime Priem (20 ans), personne à mobilité réduite accompagné par le Pôle Enfance Adultes Christian Dabbadie (Villeneuve d’Ascq), s’est livré sur « Handipole », un service de transport spécialisé pour les PMR.
Depuis quand bénéficiez-vous de « Handipole » ?
Je ne sais plus exactement, mais je dirais un an. C’est la structure dans laquelle je suis actuellement et qui pour améliorer mon autonomie m’a parlé du service « Handipole » et de leur trajet à la demande.
Comment fonctionne-t-il ?
Ce qui se passe, c’est qu’on peut les joindre par deux moyens. On peut soit les joindre par téléphone, soit par mail ou par oral en exprimant notre demande de déplacement. On explique qu’on veut se rendre à tel endroit, tel tour à tel heure et de leur côté, ils vérifient si c’est faisable. Parfois, c’est faisable à la bonne heure, quelques fois, c’est faisable un peu plus tôt ou un peu plus tard en fonction des disponibilités. Et à des moments, ça ne l’est pas du tout.
Est-ce que ce mode de transport change votre quotidien ?
Il faut dire que moi, il m’a permis, en tout cas pour un temps, d’être plus mobile parce que c’est vrai que si je veux me rendre sur Lille ou sur Roubaix, ça me permet d’être un peu plus libre et de pouvoir accéder à ma formation AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes).
Avez-vous constaté des failles dans ce système ?
La principale faille, je dirais que pour les heures de pointe, on n’a pas forcément de transport. Parce qu’il y a énormément de demande et peu de transport ou peu de personnel, je ne sais pas…
Pour tout vous dire, c’est vrai que ça aurait été plus simple pour moi si je me rendais à ma formation avec « Handipole ». Je me retrouve sur liste d’attente et je suis dans l’obligation de prendre les transports en commun traditionnel. Je suis chanceux de pouvoir les prendre, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde.
Gaëtan Guerin
Rencontre avec Bertrand Millet, directeur du Colisée à Roubaix.
Nous avons rencontré Bertrand Millet, directeur général du théâtre “Le Colisée” à Roubaix. Il nous a exposé les solutions mises en oeuvre dans son établissement pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite (PMR).