Quelles solutions pour une jeunesse de plus en plus confrontée aux TCA ?
Posted On 17 novembre 2023
0
124 Views
« Il n’y a pas assez de personnel pour le nombre d’élèves, ni une assez bonne communication des aides proposées », témoigne l’un des étudiant ayant répondu à notre questionnaire sur les aides proposées par l’Université face aux troubles des conduites alimentaires. Pour autant, l’Université de Lille propose des centres d’aide psychologique comme le relai étudiant, la Maison des Ados ou la NightLine, entre autres. Ces associations, gérées par des professionnels ou par des étudiants, permettent un suivi rapide et gratuit, un critère non négligeable pour les étudiants dont la majorité restent précaires.
Cependant, peu d’étudiants s’en saisissent. Sur 8 personnes interrogés au sein d’une clinique psychiatrique spécialisée, seules 2 d’entre elles expliquent s’être rendu au relai étudiant. Et tous ont finalement quitté leurs études pour bénéficier d’une hospitalisation dite complète, de plusieurs mois. Une solution parfois remise en cause par les patients eux-mêmes : « La clinique c’est un peu comme une prison dorée, on t’enferme dans une autre réalité et quand tu sors t’es perdu. » Des témoignages faisant écho à la nouvelle série Netflix Everything Now, sortie en octobre 2023, où l’on suit l’histoire d’une adolescente sortant d’hôpital psychiatrique, qui reconstruit sa vie malgré l’anorexie et les difficultés rencontrées après plus de 7 mois d’hospitalisation.
Cette série témoigne d’une évolution positive, c’est une manière de normaliser la discussion autour de ces troubles mais aussi autour du parcours de soin. Aujourd’hui, on trouve sur le site des numéros, des liens et des articles de presse sensibilisant sur les maladies mentales. Il faut garder ce modèle et le diffuser au plus grand nombre. Par ailleurs, il faudrait aussi « sensibiliser par des personnes concernées, pas seulement pour les personnes concernées », explique une étudiante.
Des solutions, bien qu’imparfaites, existent. Cependant, elles doivent davantage être partagées pour que davantage de personnes s’en saisissent et puissent accéder à des informations. Les étudiants ont des ressources, c’est aux universités, aux professeurs, et aux étudiants entre eux, de sensibiliser et de se sensibiliser pour venir en aide au plus grand nombre. Nous pourrions par exemple imaginer des rendez-vous obligatoires avec des associations d’aide à la santé mentale ou des journées universitaires avec des forums et des intervenants en faveur de l’aide psychologique aux étudiants.
Par Joséphine Zelent-Clairis
Si les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) peuvent être analysés comme des problèmes individuels de santé mentale, ils portent également une dimension profondément féministe. Ces troubles, notamment l’anorexie et la boulimie, touchent de manière disproportionnée les femmes. Ils reflètent une pression socioculturelle inéquitable imposée aux femmes en ce qui concerne leur apparence et leur poids.
Les normes de beauté irréalistes, la grossophobie et le culte de la minceur véhiculés par les médias et l’industrie de la mode exercent une pression considérable sur les femmes pour qu’elles correspondent à ces idéaux. Cela les pousse à adopter des régimes alimentaires restrictifs, à faire des exercices excessifs et à développer une obsession de la minceur. Les TCA deviennent alors un moyen de contrôler leurs corps, leur offrant une illusion de puissance dans un monde qui les oppresse.
De plus, les TCA sont souvent un cri silencieux de détresse, un moyen de signaler que quelque chose ne va pas dans notre société. Ils soulignent la nécessité d’un féminisme inclusif qui remette en question les normes de beauté. Ils mettent en évidence l’importance de l’éducation et de la sensibilisation pour aider les femmes à résister à ces pressions culturelles.
Parler des TCA en tant que problème féministe signifie reconnaître que ces troubles sont ancrés dans des inégalités de genre. Le féminisme doit lutter pour briser les stéréotypes de beauté, pour promouvoir la diversité corporelle et pour permettre aux femmes de vivre sans honte ni obsession de leur apparence. Cela nécessite une remise en question des médias, de l’industrie de la mode et de la publicité, ainsi qu’une solidarité entre les femmes pour se libérer de ces chaînes oppressives.
Par Sofia Varengo
Vidéo : Teo Levin
Photographie : Laura Mermoud
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
pour plus d'infos