Le festival du court-métrage : une invitation à la réflexion
Posted On 3 octobre 2019
0
1.2K Views
Ecouter le son d’un champignon durant neuf minutes ne semble pas l’activité la plus attrayante, et pourtant ! Sander Joon, réalisateur estonien, nous transporte dans une aventure visuelle et auditive qui témoigne de l’éclectisme et des formes innovantes proposées par le festival. Cette aventure, sonore, graphique, est celle proposée par chacun des 35 courts-métrages projetés. Les programmations jonglent entre animations, nouvelles images, documentaires et fictions, entremêlant des genres et des thématiques différentes.
Le spectateur a l’occasion de faire cette aventure totalement sienne en votant pour ses trois courts-métrages favoris. Les organisateurs souhaitent, au travers du vote du public, capter le regard des jeunes générations. Ainsi, ce vote est le seul déterminant de la victoire d’un réalisateur et de son court-métrage.
Le festival se veut également l’occasion d’un échange entre les réalisateurs et le public. Chaque projection se clôt par une discussion avec un ou plusieurs réalisateurs. L’Hybride, ciné-bar dans le quartier République accueille toute la semaine les festivaliers dans une ambiance conviviale et propice à l’échange.
Des animations poétiques et légères, qui font voyager avec le sourire, telle que Nuit Chérie, réalisée par Lia Bertels, sont projetées. Mais également des sujets plus alarmants, comme California, réalisé par Nonu Baltazar, qui porte l’attention sur les populations qui vivent de la récolte illégale de palourdes au Portugal. Beaucoup de courts-métrages constituent des pistes de réflexion. Ou encore Levittown, fiction expérimentale réalisée par Nelson Bourrec Carter, interroge, par exemple, l’émergence des banlieues typiques américaines, et ce qu’elles impliquent pour les jeunes Américains aujourd’hui. Ces derniers constituent des pistes de réflexion sur le monde qui entoure le spectateur, et des mises en lumière sur des problématiques qui pouvaient lui être étrangères.
De Saigon sur Marne, animation documentaire réalisée par Aude Ha Leplègue qui met en image le témoignage de deux octogénaires sur leur vie entre Saigon et Paris lors de la guerre du Vietnam, au témoignage d’un homme jugé pour masochisme au Royaume-Uni, chaque court-métrage apporte une part de vécu, de vérité personnelle.
Nombreux sont les courts-métrages articulés autour de témoignages familiaux, indiquant une volonté de faire parler ou de parler de ses proches. Hippolyte Cupillard par exemple, explique qu’il s’est inspiré de sa grand-mère pour réaliser L’Île d’Irène. Dans Nobu également, Sarah Block met en scène Lisa Konno qui interviewe son père, ancien champion du monde de karaté et immigré aux Pays-Bas. Ainsi émergent des questions que chacun aimerait poser à ses aînés, sur la vie, l’amour ou la solitude.
Pour Thomas Damas et son frère Arnaud, le court-métrage est une redécouverte de l’autre. “Même moi j’arrive pas à m’aider donc je pourrais jamais t’aider” disait Arnaud à son frère. Pourtant, le court-métrage réalisé par Thomas sur le quotidien d’Arnaud, et surtout l’accueil chaleureux et encourageant du public, lui ont permis de sortir de l’alcoolisme et de retrouver un travail.
A travers un format artistique, le court-métrage se pose en intermédiaire entre le réalisateur, le spectateur et leurs environnements. Il oblige le réalisateur à s’exprimer, selon Thomas Damas, sans être dépendant de son vécu.
Pour le spectateur, ces projections sont une forme d’encouragement, une invitation à observer le monde qui l’entoure. Les parts d’intime qui se dégagent de certains courts-métrages poussent le spectateur à se questionner sur ce qui l’influence, ce qui le rend heureux, où il souhaite aller.
Les courts-métrages offrent vingt minutes de rêves et de remise en question. Ils permettent à la fois d’échapper à la réalité et de la questionner. Une occasion de refaire le monde en quelques minutes.
Jeanne Philippe
Coppélia Piccolo
Caché derrière un rideau noir, dans une petite salle du ciné-bar l’Hybride, le spectateur peut embarquer pour un voyage immersif inédit. Assis au fond du siège et muni d’un casque de réalité virtuelle, il est fin prêt.
Cette année, le festival propose ce nouveau format pour trois courts-métrages. Trois courts-métrages à travers lesquels de nouvelles façons d’écrire ont été mobilisées par les réalisateurs. Le spectateur est toujours invité à réfléchir et à se questionner, mais en utilisant la réalité virtuelle, le réalisateur acquiert une nouvelle forme de liberté. Cette expérience immersive amène le public à réfléchir non plus par la seule observation mais aussi par le vécu.
Vivre l’expérience sensorielle de voir le passé d’un œil et le futur de l’autre, c’est possible. Dans le court-métrage d’animation Vaysha l’aveugle, réalisé par Théodore Ushev, le spectateur, plongé dans les yeux de la jeune fille, est mis à contribution. En fermant tel ou tel œil, il verra les personnages dans le passé ou dans le futur. Ainsi, le réalisateur offre plusieurs possibilité au public dans la manière de regarder le court-métrage. A l’Hybride, certains ont aussi pu avoir la sensation de voler, dans le court-métrage documentaire The Real Thing réalisé par Benoit Felici. Au final, le spectateur n’est donc plus figé en tant qu’observateur, comme dans un court-métrage traditionnel. La réalité virtuelle lui donne l’opportunité d’être acteur.
Faustine Magnetto
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
pour plus d'infos