Battre la mesure pour créer du lien social
Posted On 2 octobre 2019
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L’ARA est une association artistique centrée sur la musique, qui exerce dans la région des Hauts-de-France depuis 30 ans. Par la mise à disposition de cours à bas prix, et par l’organisation d’activités gratuites, elle souhaite garantir à tous l’accès à la musique à des fins d’épanouissement personnel. En effet, cette structure tend à prouver à tous ses initiés qu’ils sont capables de jouer d’un instrument, ou de rédiger les paroles d’une chanson, à travers des partenariats avec des écoles, des ESAT et des centres pénitentiaires. Cette démarche vise à ce que chaque élève ait confiance en lui et puisse s’insérer socialement, par l’organisation de projets à concrétiser en groupe, censés démontrer que, malgré un handicap, un passage par la prison ou autre, personne n’est pour autant incapable. De plus, cet épanouissement est favorisé par la création de liens entre les initiés, et avec les professionnels de l’ARA qui les guident, ce qui peut amener à de nouvelles formes de communication, notamment chez les personnes en situation de handicap, comme nous l’explique Sandrine Courtial, codirectrice de l’ARA, avec l’exemple des autistes du Foyer Médicalisé de Wattrelos chez qui l’association a pu dispenser des cours.
Une association centrée sur le collectif et l'humain...
Pour mieux nous faire comprendre son initiative et le sens de ses projets, l’ARA nous a accueilli dans ses locaux. Le vendredi 27 septembre, un concert se tenait à huis clos, organisé en partenariat avec la Mission Locale, une association de réinsertion professionnelle partenaire de l’ARA depuis un an. Le dispositif « Garantie Jeunes », financé par la Ville de Roubaix et l’État, vise à pousser les volontaires de la Mission Locale “à faire ressortir le meilleur [d’eux] pour” qu’ils puissent “prendre confiance” en leurs capacités selon Sandrine Courtial. Quatre volontaires ont dû composer une musique, écrire ses paroles et apprendre à jouer d’un instrument en cinq jours, alors qu’ils n’avaient jamais eu de contact avec le monde de la musique.
C’est à ce moment-là que le collectif, une valeur fondamentale de l’ARA, prend toute son importance, et permet aux jeunes de se surpasser en relevant ce défi. En effet, comme le déclare Charlotte, membre de l’ARA, si ces derniers ont pu assurer leur performance à temps, c’est grâce à “la motivation, l’union et l’entraide” qui ont engendré une “énergie de groupe” et même une “cohésion de groupe“, selon Christine Beusquart, coordonnatrice de la Mission Locale, interrogée après le concert.
A la question de la relation entre la musique et le lien social, Charlotte estime que celle-ci est sous-jacente à la musique, puisque inhérente « depuis la nuit des temps ». Son collègue, Julien, aussi membre de l’ARA, abonde en ce sens en expliquant que des liens se créent, dans la mesure où les volontaires sont ensemble pour jouer, et sont obligés d’interagir pour se coordonner. Il estime qu’il y a aussi des échanges culturels et d’idées qui contribuent à la formation de ce lien, et le fait que le texte composé contienne des paroles à la fois françaises et portugaises, témoigne de cet échange d’idées.
De plus, comme l’avait expliqué sur scène Ilyès, un des quatre volontaires et membre de la Mission Locale, lui et ses partenaires se sont échangé leurs goûts, leurs points communs et leurs parcours personnels pour savoir comment composer leur œuvre musicale collective. Julien conclut en déduisant que cette œuvre est le fruit de “personnalités individuelles qui vont réussir à échanger des choses ensemble” , et ainsi créer une proximité, voire une complicité entre chaque membre du collectif. Enfin, pour le jeune homme, même si le lien social est prégnant dans l’ARA, cette dernière ne “lutte pas contre l’exclusion sociale” , car elle n’y “existe pas” étant donné que ses “portes restent ouvertes à tous”.
Camille Goncalves Abongo
Confectionner son propre instrument à base de matériaux recyclés :
La musique est un formidable moyen de rassemblement. L’attrait de l’homme pour cet art est universel. Ainsi, selon un sondage Ifop*, 6 Français sur 10 déclarent écouter de la musique quotidiennement ou presque. Elle arrive donc naturellement en tête des activités culturelles préférées de nos concitoyens. Mais pour beaucoup, le manque de moyens financiers, la maladie physique ou psychique, la détention… font obstacle à la pratique musicale.
C’est pour cette raison que l’association ARA met en place des ateliers musicaux divers et variés, pour permettre l’accès à la pratique musicale pour tous.
Parmi celles-ci, sont proposés des ateliers de création d’instruments à base uniquement de matériaux recyclés. Lors des Journées du patrimoine, un intervenant de l’ARA animait d’ailleurs un atelier avec des enfants sur ce thème. Ces derniers ont pu faire un premier pas dans le monde musical mais aussi apprendre à confectionner des instruments avec des objets ou des légumes récupérés. Les enfants ont eu l’opportunité de suivre le processus de transformation et de création d’une carotte en flûte, d’une bonbonne d’eau en instrument de percussion ou de lattes de lit en instrument à corde.
Sébastien Faszczowy, intervenant au sein de l’ARA, souhaite avec ce type d’atelier, ouvrir les portes de la musique actuelle à chaque personne initiée ou non, sans avoir à passer par une école classique au travers d’initiatives originales et ouvertes à tous autour d’activités musicales et écologiques.
Une réponse à la problématique environnementale mais aussi à la barrière sociale et pécuniaire puisque chacun pourra désormais créer son propre instrument à base d’équipements réutilisés. Ainsi, l’achat d’une Gibson ou d’une Gretsch ne sera plus nécessaire pour pratiquer la musique.
Adrien Chapiron
* Ifop=L’institut français d’opinion publique, entreprise de sondages d’opinion et d’études marketing française fondée en 1938.
© Crédit photo: Aodren Combot
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