Pallier le manque d’action de l’État et aider les plus démunis à lutter contre le froid
Posted On 15 février 2024
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Dans les locaux de l’association Abej, Pascale Suhr, accompagnée de son collègue, s’installe, prête à raconter les conditions de vie que subissent les personnes privées de domicile pendant l’hiver. Aujourd’hui, plus de 330000 personnes sont sans abri en France, contre 3 500 en 1954. Un chiffre inquiétant qui interroge sur les conditions de vie, alors que les hivers deviennent de plus en plus imprévisibles. L’objectif pour Pascale est « de sortir les personnes de la rue » et de les reloger. L’association présente un Centre d’hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) composé de 30 chambres. Il permet aux personnes privées de domicile d’être logées pendant les jours de grand froid.
L’association Abej a vu son nombre d’occupants d’accueil de jour doubler entre l’année 2022 et 2023. Pascale Suhr qualifie ces chiffres d’« alarmants ». Les associations se mobilisent, comme Action Froid, pour apporter un peu de chaleur aux sans domicile fixe. Le Samu Social (115) est au cœur de l’aide apportée aux SDF. Il est géré par le CMAO (Coordination Mobile Accueil Orientation), composé de 25 associations adhérentes. Ainsi, des logements communs, centralisés par le 115, sont à la disposition des associations adhérentes, chargées ensuite de placer les personnes sans domicile fixe. Bien que cette solution apparaît comme être la plus radicale pour mettre fin à la situation de ces individus, avec l’augmentation du nombre de personnes à la rue, la demande explose mais les logements restent limités, notamment en hiver.
La distribution d’écharpes, de bonnets ou encore de boissons chaudes, ressort ici comme une évidence pour venir en aide aux personnes privées de domicile pendant l’hiver. C’est le choix que l’association Sans maille ça caille a décidé de faire. Elle organise des maraudes et sillonne les rues pour aller directement au contact des SDF. Cependant, pour Pascale, cette solution n’est pas des plus efficaces car « donner à manger, à boire et des vêtements à ces personnes, c’est leur dire que la rue est leur maison ».
Crédit : Jules Boyard
Pour les personnes privées de domicile, l’hiver est aussi source de maladies, pouvant notamment provoquer des problèmes respiratoires. L’association Abej leur propose une aide médicale. Des médecins et des infirmières se rendent au plus près de ces personnes afin de les aider et ce, avec un personnel qualifié et du matériel de premier secours. Il est possible, lors de cas extrêmement graves, que ces personnes soient envoyées à l’hôpital. Pour ces cas spécifiques, l’association a mis en place un accompagnement après leur sortie du centre hospitalier, pendant la période de convalescence, pour faciliter la pratique des derniers soins. Animée par le désir de vouloir « changer son regard », Pascale Suhr a notamment choisi de s’investir dans l’association pour essayer de comprendre pourquoi le nombre de personnes privées de domicile ne cesse d’augmenter en France. Elle poursuit en évoquant l’aide partielle de l’État : « L’État ouvre des gymnases quand il fait très froid, mais dès que les températures remontent il les referme ».
Lola Chanroux
En ces jours glaciaux, la détresse des sans-abris atteint son paroxysme. La morsure du froid s’infiltre dans chaque recoin de leur existence précaire. Face à ce défi hivernal se pose une question cruciale : existe-t-il des moyens réellement efficaces pour venir en aide aux SDF en cette période glaçante ?
En 2017, le Président de la République française Emmanuel Macron avait fait de nombreuses promesses. Parmi elles, l’une énonçait que d’ici la fin d’année, plus personne ne devrait dormir dans la rue. Nous sommes en 2024 et force est de constater que, non seulement la promesse n’a pas été tenue, mais qu’en plus le nombre de SDF a fortement augmenté. En cette période de grand froid, nous parlons souvent des mesures gouvernementales insuffisantes mais peu des initiatives citoyennes. Ces dernières se multiplient et démontrent qu’à défaut de chaleur solaire, la solidarité peut au moins partiellement réchauffer les SDF en ces temps glaciaux. Le don de vêtements chauds, de couvertures ainsi que de denrées alimentaires sont essentiels pour aider au maximum les personnes sans-abris. Les associations sont en première ligne pour compléter le manque d’action du gouvernement. Malheureusement, les nuits d’hiver sont impitoyables et obligent beaucoup de SDF à affronter seuls le froid. Certaines personnes prennent l’initiative d’héberger des sans-abris, souvent par le biais d’associations, et dans ce cas présent, le mot “fraternité”, composant la devise du pays, prend tout son sens. Il faut alors souligner comme l’’engagement collectif des associations est essentiel dans un monde qui paraît parfois devenir de plus en plus individualiste.
Karim Afejjay
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