Un regard différent : dépasser les stéréotypes et promouvoir l’inclusion des personnes handicapées
Créé en 2023 dans le cadre d’un projet philanthropique, Handiprogress est une association créée par neufs étudiants de la faculté Ilis à Loos. Ce projet ambitieux a pour but d’expliquer au mieux différents handicaps tels que la surdité les trouble dys et de toucher un maximum de personnes afin que ces handicaps soient mieux connus et surtout moins discriminants. L’objectif est que l’on ne pointe plus du doigt, de lutter ensemble contre des discriminations qui malheureusement continuent de proliférer et qui sont en partie due à un manque d’information sur le sujet. Nawel, étudiante et membre de l’association s’interroge sur la définition du handicap.
Le problème pour Nawel est très clair, derrière ce mot se cache une multitude d’invalidités toutes différentes les unes des autres : “Il est absolument nécessaire de connaître les différents handicaps afin de lutter contre les discriminations, ils ne sont pas toujours visibles directement. Parfois, des personnes possédant la carte prioritaire n’osent pas l’utiliser car leur handicap n’est pas physique et qu’ils leur est arrivé d’essuyer des reproches ou moqueries des personnes autour.”
Par exemple, un des handicaps très courant et notamment très présent en milieu scolaire est la dyslexie ainsi que différents troubles tels que la dyscalculie ou la dyspraxie… Selon les données de l’INSERM, 5 à 7% des enfants d’âge scolaire connaissent des troubles DYS. Le trouble dyslexique est le plus courant et le plus étudié des troubles d’apprentissage affectant 80% des personnes identifiées. Des discriminations ainsi que des moqueries peuvent naître de cet handicap à l’école mais aussi dans le monde professionnel, l’insertion est parfois très compliquée pour certaines personnes atteintes de troubles dys.
Pour Nawel, la lutte contre ces discriminations doit se faire dès l’enfance à travers une sensibilisation, “Nous avons des interventions prévues dans des collèges avec des classes de différents niveaux pour leur faire une présentation de différents handicaps et après cela, on leur propose des activités de mise en situation, il est essentiel que les élèves puissent comprendre ces handicaps afin que les discriminations cessent !“
Un accompagnement insuffisant
L’éducation nationale est mise en difficulté face à ces troubles car le système éducatif ne permet pas aux enseignants d’y répondre correctement, ils n’ont pas reçu de formations pour pallier les troubles de manière autonome et doivent faire preuve d’imagination en pensant eux-mêmes aux solutions pour aider au mieux les élèves concernés. Les effectifs de classe sont de plus en plus élevés et l’enseignant ne peut y faire face seul.
“Nous voulons aussi travailler avec les enseignants pour les sensibiliser et permettre main dans la main de faire au mieux pour que les élèves soient sensibilisés car la lutte contre les discriminations est un sujet des plus importants !”
Madame Afejjay, professeure d’histoire-géographie au collège Guillaume Budé à Maubeuge confirme cette nécessité de sensibilisation et ce manque d’accompagnement mais mets en lumière certaines solutions innovantes : “Nous devons continuer à sensibiliser un maximum et à travailler ensemble, nous avons tout de même progressé dans l’accompagnement des élèves dys, par exemple, la règle scan est un très bon exemple parce qu’elle permet de scanner le cours d’un camarade, cela permet à l’élève dys d’écouter le cours sans avoir à se concentrer sur sa prise de note, il intègre ainsi mieux le cours et dispose d’une trace écrite propre !”
Sur le plan national
Des aménagements ont été aussi mis en place par le gouvernement comme le PPS (projet personnalisé de scolarisation) qui est un document qui sert à définir le déroulement de la scolarité de l’enfant et ses besoins notamment en termes de matériels pédagogiques adaptés, d’accompagnement et d’aménagement des enseignements.
Des mesures nationales aux projets locaux, l’objectif est le même, répondre aux besoins des personnes en situation de handicaps et leur permettre une insertion scolaire ou professionnelle saine, un long chemin attend encore notre société pour relever ces défis !
Karim Afejjay
Témoignage : faire face au handicap en milieu scolaire
19h00, dimanche, Hugo Alvarez, étudiant en Master 2 à Toulouse, explique à travers son écran les difficultés auxquelles il fait face devant les nombreux élèves atteints d’un handicap et scolarisés au collège Rosa Parks, catégorisé comme REP + (Réseau d’Éducation Prioritaire). Enseignant deux fois par semaine, Hugo a vite compris la complexité de son objectif : celui de permettre à ces élèves de ne pas décrocher leurs études.
Mais avant cela, un retour en arrière s’impose : en 1975, la loi Haby vient poser le fondement de l’hétérogénéité dans les classes, signifiant alors une mixité des genres mais aussi une meilleure inclusion scolaire des personnes handicapées. S’en suit alors de nombreuses lois telle que la loi du 11 février 2005 affirmant le droit pour chacun à une scolarisation en milieu ordinaire, avec un parcours scolaire continu et adapté, ou encore, la loi de 2013 régissant « un collège unique et consolidé ».
Cependant, dans une réalité, comme celle d’Hugo, professeur d’espagnol et étudiant, la prise en charge de ces adolescents est compliquée, notamment dans ce milieu précaire. Le jeune professeur raconte le manque de suivi crucial des élèves par les parents, principalement dans les REP+, or celui-ci explique qu’il ne peut proposer des solutions sans ordonnances. L’élève ne pourra donc pas bénéficier d’un enseignement adapté, comme la mise en place d’un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP). C’est alors au professeur de s’adapter à son public, et de venir en aide aux plus démunis. Hugo a eu l’occasion, lors de ces expériences, d’appliquer les recommandations apprise lors de son Master, comme un apprentissage adapté à chaque profil. « On utilise des polices spéciales, des écritures grosses et aérées, et on évite d’écrire à la main pour aider les personnes atteintes de dyslexie. » Son objectif est de prendre en compte « l’hétérogénéité de sa classe », permettant une meilleure intégration de chacun. Le jeune professeur mentionne aussi le présence des AESH (Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap), qui s’avère finalement un échec. En effet, ce métier est en baisse, et le manque se fait ressentir : « J’ai un élève qui doit bénéficier d’une AESH, je ne l’ai vue que trois fois depuis le début de l’année. » Malgré les efforts faits pour intégrer au mieux les personnes atteintes d’un handicap, Hugo se demande si l’école inclusive est réellement bénéfique pour ces élèves qui décrochent très rapidement, et notamment dans les établissements REP+ où porter une attention à ces adolescents est d’autant plus compliqué qu’un travail de discipline doit se faire avant au sein de toute la classe.
Lola Chanroux