Le paysage, l’urbanisme et le secteur associatif au service d’un futur durable
Le samedi 12 octobre la Braderie de l’Archi est revenue pour sa douzième édition : « Lille Archi Market » regroupant cette fois-ci : l’architecture, l’urbanisme et le design. Ces derniers jouent un rôle clé dans la création de villes durables, en reliant nature, architecture et engagement citoyen pour bâtir des communautés solidaires et harmonieuses. Une cinquantaine de stands étaient présents, dont celui de Véronique Skorupinksi, cofondatrice des Saprophytes et associée de la SCOP Les Saprophytes.
Le Bazaar de Saint So est un lieu dédié à l’économie créative situé dans les locaux d’une ancienne gare de fret réhabilitée. Ce bâtiment joue un rôle dans les enjeux environnementaux puisqu’il a donné lieu à une rénovation intelligente où le choix des matériaux (dont la prédominance du bois) a visé à réduire l’empreinte carbone.
Véronique Skorupinski ajoute: « Surtout la rénovation c’est un gros enjeu, la question même de réutiliser les bâtiments plutôt que de les démolir. Travailler sur une rénovation intelligente pour permettre une seconde vie à un bâtiment qui avait une première fonction. »
Le plus important pour les Saprophytes est de travailler au maximum avec des matériaux de réemploi et avec des filières locales dans leurs projets. Et dans cette association le paysage est un volet important dans un futur durable.
En 2016, dans le quartier de l’Épine à Hellemmes, (ancienne cité de cheminot·te·s construite dans les années 70 sur le modèle des cités-jardin), l’association a réfléchi à l’intégration des formes d’agriculture urbaine. À partir de ce projet une question centrale s’est posée : « Peut-on travailler avec les ressources locales tout en valorisant l’existant ? » Véronique Skorupinski explique : « C’est une autre manière de susciter la création de ressource notamment autour du végétal avec des formations, pour que chacun prennent conscience de ses capacités à produire des ressources qui peuvent ensuite permettre de transformer la ville. »
Le saviez-vous ?
Les saprophytes sont des petits malins de la nature ! Ce sont des organismes, comme des champignons. Ils préfèrent recycler ce qui est déjà là et se régalent des matières organiques mortes. Un vrai service écolo, gratuit et naturel !
L'écologie et les liens humains
Un des tout premier projet de l’association Saprophytes date d’avril 2007, dans le quartier de l’Alma à Roubaix en partenariat avec le centre social de l’Alma. L’association avait développé l’appropriation d’une cour résidentialisée par la production de pleurotes. Véronique Skorupinski précise leur idée de départ : « Notre hypothèse était qu’en impliquant les habitants dans l’usage même de ces espaces, on pouvait peut-être transformer les lieux sans forcément travailler sur du bâti a proprement parler. C’était l’usage qui allait permettre de redonner du sens à ces espaces pour renouer un dialogue et créer une opportunité d’utiliser cet espace qui était inaccessible », conclut-elle.
Dans cette association « les Saprophytes » le concept est simple, aller vers une ville plus humaine, plus créative en incluant les habitants dans la conception d’un territoire plus vert et plus solidaire. De ce fait, divers projets sont mis en place notamment les cartes subjectives comme nous raconte la cofondatrice : « Des cartes subjectives sont réalisées avec des habitants, ce sont des cartes qui représentent de manière déformée un territoire, là ici le quartier de Pont de Bois ». Au fur et à mesure de ces discussions, cette carte illustre le résultat de ces échanges et reflète petit à petit la manière dont les personnes s’approprient leur territoire. La ville est représentée à partir des anecdotes et des illustrations recueillies. C’est un portrait subjectif du territoire vu par ses habitants.
Ysée Greenberg
Zoom sur...
Les enjeux de l'architecture responsable
Alors que la crise climatique s’accélère, le secteur de l’architecture, grand consommateur d’énergie et producteur massif de gaz à effet de serre, est l’un des métiers ayant les plus gros impacts carbone. Faisons le point sur les enjeux faisant face à la filière.
Les constructions de nouveaux bâtiments d’abord, comme les rénovations, utilisent des matériaux énergivores tels que le béton ou l’acier, dont la production est très polluante. L’un des principaux leviers pour réduire l’empreinte écologique de l’architecture réside dans l’adoption de matériaux écologiques, comme le bois ou autres matériaux recyclés. “le bois a un indice carbone négatif, là où celui du métal et du béton est hyper haut.” nous dit Léa Balmy, diplômée d’architecture depuis un an et qui vient de sortir son premier livre sur le sujet.
Léa s’y connaît en matière d’écologie dans son métier. Elle précise d’ailleurs que l’efficacité énergétique des bâtiments devient une priorité. “Si tu utilises du chauffage, en termes de coût écologique d’utilisation, tu vas être deux fois plus polluant que si tu mets une ventilation naturelle ou que si tu conçois ton bâtiment de manière à ce qu’il n’y ait pas besoin de chauffage”. Autre souci pointé par la jeune auteure, le transport des matières premières. “On fait beaucoup d’architecture en bois, mais la plupart du bois vient de Chine”. Préconiser les filières locales apparaît alors comme l’une des solutions les plus prisées.
Cependant, tout ceci a un coût. Les projets, qui plus est les projets écologiques, sont onéreux : “il faut essayer au maximum, parce que parfois, tu n’as juste pas l’argent pour faire ce que tu veux”.
Manech Capdevielle
Entre architecture et l'écologie : les nouveaux défis de demain
Madjda Hamlaoui, Ysée Greenberg, Manech Le Morvan, Axel Ponchier–Gambe