Réunion des bénévoles du festival pour préparer la prochaine édition
Les sciences gravitent autour de nous, mais l’attraction éprouvée n’est pas constante. Pourtant elles métamorphosent nos quotidiens et les comprendre devient crucial. Au festival Pint of Science, les pintes remplacent les béchers. Chercheurs et curieux se brassent pour donner un savant mélange. Olivier Moreau, co-coordinateur de l’événement avec Mattéo Schricke cette année, et responsable scientifique et pédagogique au Forum des Sciences nous donne accès aux coulisses. L’objectif est limpide : rendre les sciences interactives au travers d’animation et de quiz organisés dans des bars.
Les yeux des enfants pétillent au regard de la captivante histoire des sciences. En grandissant la lueur s’éteint progressivement. Les filles pourtant fortes en sciences disparaissent plus tard des inscriptions dans le supérieur en mathématiques et en physique. Les anomalies sont multiples notamment car les sciences sont entachées d’inégalités et de clichés. Mais deux chercheurs londoniens ont peut-être trouvé la solution à l’équation. Ils ont réalisé que le public est curieux quand les portes des laboratoires s’ouvrent. Il fallait donc trouver un lieu propice en l’occurrence les bars, Pint of Science était né.
Sortir des laboratoires
L’aspiration des sciences n’est pas de nous étouffer d’un nombre incalculable d’exercices mais bien de nous émanciper. L’écho des sciences résonne dans nos vies, la pandémie de coronavirus, le dérèglement climatique, l’avènement de l’intelligence artificielle… Pour comprendre ces actualités, s’équiper d’un bagage scientifique est essentiel. Au Polder, un bar d’Hellemmes, les bénévoles œuvrent à trouver les sujets qui créeront une alchimie entre les chercheurs et le public. Olivier Moreau considère « les sciences comme un passionnant sujet de discussion, et même si l’on est pas chercheur, on a son mot à dire sur leurs répercussions ». Le festival évoque des thèmes inhérents à la société pour pousser à la réflexion. Un sujet sur l’endométriose avait mis en lumière cette maladie méconnue qui impacte la vie de nombreuses femmes. Une professeure au CHU de Lille était intervenue au côté d’une infirmière coordinatrice en endométriose, ainsi qu’une bénévole d’EndoFrance.
Renouer avec des souvenirs déplaisants
Aborder les sciences autrement est la bonne formule. Beaucoup conservent un certain désamour pour les mathématiques. Pourtant, elles sont étonnamment très appréciées lors des soirées Pint of Science. L’angle plus philosophique amène une réflexion plus exaltante, comme avec le sujet très plébiscité : « Les mathématiques sont-elles une invention de l’esprit humain ? ». Olivier Moreau considère les mathématiques comme ne servant pas « qu’à calculer mais aussi à former un esprit critique et donc des citoyens ». Les sciences permettent un dialogue sur des enjeux contemporains et elles ont cette faculté d’émanciper les individus. Les sciences ne sont pas réservées aux futurs scientifiques.
Multiplier les formes pour captiver le public
Le secteur de la recherche est l’un des plus touchés par la baisse des financements en 2024. Mais les scientifiques continuent de partager avec le public le fruit de leurs recherches. Olivier Moreau observe que « multiplier les formes différentes pour toucher de manière optimale les publics est efficace ». Le public du festival est principalement trentenaire et paritaire. Cette tranche d’âge est difficile à atteindre. A Lille, les conférences comme celles de L’esprit d’Archimède attirent moins de trentenaires. Les petits scientifiques ont aussi leur format avec le Diabolo science au Forum des Sciences de Lille, d’ailleurs partenaire du festival. Les chercheurs et bénévoles passionnés œuvrent à provoquer une réaction en chaîne pour remettre le questionnement des sciences au cœur de la société et que chacun se sente impliqué. Grâce à ces chercheurs Pint of Science n’a pas fini de faire mousser la curiosité de chacun.
Crée par le Dr Michael Motskin et le Dr Praveen Paul
Elodie Chabrole importe le festival en France
À Lille c’est Nadège Joly
Cette année : du 19 au 21 mai 2025
Noa Lakard
Photos Charlotte Blondeau
Sci(l)ence et action !
Apprendre les sciences autrement, c’est ce que propose Martin Périard dans son Recueil d’activités psychomotrices collectives destinées à l’enseignement des sciences au primaire. Ce livre de vulgarisation scientifique apporte un regard novateur sur la manière de conceptualiser les sciences.
Certains humains détiennent la capacité de comprendre les idées de l’autre, ses émotions et parviennent à se mettre à la place d’autrui, autrement dit, certains humains sont dotés d’empathie. Pourtant, cette aptitude, propre aux relations humaines, ne se manifeste pas lorsqu’il s’agit d’intégrer des connaissances scientifiques. Dénués d’empathie scientifique, comment comprendre la science sans avoir pleinement conscience de son expérience ?
Se mettre dans la peau d’une molécule, mimer des réactions chimiques, représenter par le langage non-verbal le comportement d’une onde, voici la solution de Martin Périard. Le principe est simple : mettre en exergue la constitution et le comportement des divers éléments en cause dans une expérience scientifique définie à travers des mimes à la manière d’une pièce de théâtre. Ces activités psychomotrices permettent de rendre accessible à des élèves de primaires des phénomènes physiques élémentaires. Les expériences ciblées par Martin Périard ont pour objectif d’apporter une compréhension sur le monde que découvre quotidiennement les enfants. Quel poids fait un nuage ? Pourquoi un manteau tient chaud ? Des questionnements qui peut-être ne susciteront pas uniquement la curiosité des élèves de primaire.
Ambre Michelet
Vidéo de Clara Duvieilbourg