Des initiatives éducatives pour aider les élèves porteurs de troubles dys

by Sacha Allizon

A Bohain-en-Vermandois (Aisne), Annie Lasserre (enseignante ressource et professeure d’arts plastiques, d’arts appliqués et de design) et les premières années de BTS Economie sociale et familiale ont organisé, le 29 octobre 2024, une journée sur les troubles dys à destination des élèves de l’ensemble St antoine- St Sophie. Alors, les établissements scolaires s’engagent dans la sensibilisation et dans l’adaptation des enseignements pour: les enfants en difficultés. 

“On naît dyslexique, on ne le devient pas” Voici, comment Annie Lasserre aborde cette maladie. Cette professeure est la coordinatrice de cette journée singulière qui se prépare dans les classes de l’établissement. Il y a dix ans, un élève est venu lui proposer cette idée, pour permettre à l’ensemble des membres de l’établissement de connaître et de comprendre les différents aménagements qui sont mis en place pour tenter de réduire les inégalités d’apprentissage entre les élèves.

“La journée des dys est un temps fort pour nous”

Cette année, les BTS ont travaillé sur des témoignages de parents d’élèves dys. Ils ont incité les autres élèves de l’établissement à porter du vert au travers de la création d’affiches et de badges. “La journée des dys est un temps fort pour nous, que nous essayons de célébrer”.

“Cette année, les élèves se sont surpassés, ils ont ouvert leurs horizons en faisant appel à des intervenants externes de l’école”, se réjouit la professeure. Ce moment est marqué par les interactions entre intervenants et élèves. La venue d’une étudiante en cinquième année d’orthophonie, et d’élèves témoignant de leur quotidien, “permet que ce soit des jeunes qui s’adressent aux jeunes, le discours est tout de suite plus impactant, c’est comme des grands frères”, précise Annie Lasserre.

Ces interventions ont permis de définir ce qu’est la dyslexie qui fait partie des troubles dys, tout comme la dyspraxie, la dysorthographie, la dyscalculie ou encore la dysphasie. Les élèves dys ont des difficultés concernant l’accès à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, ou encore des chiffres. “Ces élèves n’ont en aucun de troubles cognitifs”, précise la professeure d’arts. Cette pathologie ne peut se guérir, mais des solutions peuvent contourner les difficultés qu’elle engendre.

Ce n’est pas toujours simple d’apporter des solutions concrètes. L’aide humaine dispensée par les AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap) n’est pas garantie pour l’ensemble des élèves handicapés. Pourtant sur le papier tout semble fait pour défendre une école inclusive, notamment avec la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation de la citoyenneté des personnes handicapées. Mais, c’est un emploi qui reste précaire et non reconnu par les institutions politiques. Annie Lasserre déplore également le fait que “plus on monte dans les niveaux, plus les contrats d’AESH sont difficiles à obtenir.” 

De plus, la reconnaissance de ce handicap par la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) et l’accès à des professionnels de santé sont souvent laborieux pour les familles. Sans reconnaissance, l’académie ne prend pas en compte les aménagements d’examens. 

“Le but est d’être une passerelle”

C’est alors dans ce contexte tendu, où l’Education Nationale n’investit pas assez dans la prise en charge des élèves en situation de handicap que l’école CERENE a ouvert lors de la rentrée 2024 à Lille (Nord). Ici, les professeurs travaillent en compagnie d’une ergothérapeute qui peut intervenir en classe pour aider les enfants à utiliser des outils adaptés, “par exemple, nous avons le retour vocal qui permet d’écouter une consigne autant de fois que l’enfant le souhaite”, détaille la directrice Coralie Naze.

Après “ce temps de répit de deux ans en moyenne”, l’élève réintègre un établissement scolaire classique tout en ayant repris confiance en ses capacités et en conservant des aménagements. Ce sentiment d’avoir trouvé sa place dans le milieu scolaire grâce à ces outils adaptés est confirmé par Nïyo, 11 ans, porteur de plusieurs troubles dys et élève de cet établissement: “Maintenant, j’ai tout le temps envie d’aller à l’école.”

Mais, cette scolarité ajustée représente un coût pour les familles, d’environ 13 000 par an, qui peut être en partie pris en charge par la MDPH. Néanmoins, un reste à charge assez conséquent doit être supporté. La reconnaissance administrative et de l’Éducation Nationale est primordiale pour les enfants porteurs de troubles dys.

Mélissa Blériot

enfant assis en classe
Nïyo sur son tabouret culbuto // Rose Andrau

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Les lunettes pour dyslexiques, une solution miracle ?

Des lunettes et lampes spéciales, comme les Lexilens, promettent de faciliter la lecture des personnes dyslexiques. Ces dispositifs reposent sur la théorie d’une asymétrie des centroïdes de Maxwell dans l’œil, visant à atténuer les confusions visuelles entre lettres miroirs comme « b » et « d ». Cependant, leur efficacité reste à prouver scientifiquement.

Nicolas Petit, orthophoniste, explique : « Ce n’est pas parce qu’un enfant dit qu’il lit mieux avec ces lunettes qu’il lit vraiment mieux. L’effet placebo, l’attention supplémentaire ou même la motivation accrue peuvent expliquer ces améliorations perçues. » Les études rigoureuses manquent, et les professionnels restent sceptiques. L’UNADREO (Union Nationale pour le Développement de la Recherche et de l’Évaluation en Orthophonie) ne recommande pas leur utilisation aux personnes présentant un trouble des apprentissages. En attendant des preuves solides, il est essentiel de privilégier les méthodes approuvées et de rester vigilant face aux promesses non vérifiées.

Nicolas Viot

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Yoann Perriniaux

"Quels aménagements et démarches pour les étudiants dyslexiques à Lille ?

Yoann Perriniaux

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