Traiter le cancer, un combat tant psychologique que physique

by Etudiants de l'Académie

Le Palais Rameau a été, le temps d’un soir, la scène d’un défilé peu commun. Dix femmes qui ont pour point commun, la connaissance des ravages du cancer. Au-delà des conséquences physiques, c’est la force morale qui y a été mise en avant.

La confiance en soi est une vertu qui s’entretient. Le cancer est une pathologie pesant sur la psychologie des victimes. Un quotidien bouleversé par la multiplication et la transmission de cellules cancéreuses. Mais l’espoir demeure une solution à l’angoisse ou à l’anxiété pouvant émerger face à la crainte d’une rechute.

Aurélie, atteinte d’un lymphome (présence de cellules cancéreuses qui circulent par les vaisseaux sanguins), n’en a la connaissance que depuis son dépistage en novembre dernier. Pour elle, aucun intérêt de savoir qu’elle est la maladie dont elle souffre. Elle insiste : « nous ne préférons pas parler de notre maladie ». Le principal, « c’est que nous formions un groupe qui permet de créer des liens et de faire des connaissances ».

Le défilé de l'association étudiante Défil'cancer

Vivre avec un cancer, c’est un défi moral. Pour se donner du courage, « je me mets un objectif dans la tête tous les jours et je coche les cases une fois qu’il est réalisé ». L’accomplissement de taches peut relever d’un parcours du combattant. La fatigue, la motivation au plus bas et les soins intensifs amputent la confiance en soi. Le traitement réussi, se perpétue la sophrologie et le « sport adapté, pour aider au quotidien » ajoute Aurélie.

Défiler, un exercice pour oublier la maladie

Scintillantes et éblouissantes. Le Palais Rameau est plongé dans une ambiance tamisée sur fond de Waterloo, Personal Jesus ou encore de Felicità, pour sublimer ces femmes qui vont se prêter à un exercice d’exposition de leur corps. Entre le lierre et les jonquilles qui jonchent le sol, se déroule un enchainement de défilés. Un concept intriguant mais inspirant. Pourtant, sur scène, impossible de deviner les prémisses d’une maladie rongeant leur corps.

Casser les tabous est un objectif. Sous les projecteurs, en robe, en maillot de bain, devant des centaines de personnes, Aurélie avoue être « un peu stressée » pour cet exercice « qui reste particulier». Pendant un instant, la maladie est suspendue, loin de ses pensées. Ses sensations d’être « petit-à-petit diminuée jusqu’à avoir des douleurs sur tout le flanc gauche » s’envolent.

Un regain de confiance

"Le défilé est un rassemblement exclusivement de femmes pour qu’elles retrouvent confiance en elles"
Emma Luscan
Responsable de l'association Défil'cancer

Heureuse de pouvoir y participer, « le défilé est un moment d’opportunité ». Pour Aurélie, ingénieure de métier, c’était d’ailleurs une première. Sous les acclamations du public, les visages sont émus et les rétines humidifiées par l’émotion. C’est en se mettant en avant que la confiance est conquise. Le défilé est un « rassemblement exclusivement de femmes pour qu’elles retrouvent confiance en elles », assure Emma Luscan, de l’association Défil’cancer. Elle ajoute qu’il « est important qu’elles sortent de leur zone médicale et de leur zone de confort ». Mais ce qui prime, c’est le caractère puissant de leur mental. Dans les mots de la présidente de l’association, ces femmes sont « fortes, belles et résilientes ». C’est un autre regard porté sur le mannequinat, qui permet d’enfoncer les barrières strictes du secteur. Alors que ces femmes « ont tendance à complexer avec leur corps » précise Emma Luscan, leur confiance se revigore lorsque les yeux des spectateurs les dévisagent. Le combat contre le cancer est donc une bataille qui s’opère simultanément sur les plans physique et psychologique.

Gauthier Houard

Les effets des traitements contre le cancer du sein

Crédit vidéo : Renaud Chevalier et Sidney Cruveiller

Zoom sur l’accompagnement psychologique des patients en phase terminale d’une maladie

Parfois, il arrive que la maladie arrive à un stade tellement avancé qu’il n’y ait plus aucun espoir de guérison. Pour éviter de souffrir, les patients entrent donc en soins palliatifs et ils y resteront jusqu’à la fin de leur vie. L’annonce d’une mort imminente est toujours compliquée pour les malades mais aussi pour les familles. Elle intervient soit de manière inattendue ou après un long combat contre la maladie. Certains patients et familles vont alors faire le choix de contacter une psychologue pour parler et essayer d’accepter l’inévitable.

Élodie Bassi est psychologue au Centre Hospitalier de Valence (26). Pendant une dizaine d’années, elle a suivi des patients atteints de maladies graves ainsi que leurs familles. Pour elle, chaque accompagnement était différent mais il y a une chose de commun qu’elle a observé chez ses patients : « jusqu’à ce qu’un malade décède, une partie en elle croit toujours qu’elle peut guérir ». Néanmoins, la maladie reste plus forte que la volonté de vivre. Elle a donc remarqué que beaucoup de ses patients se remémoraient très souvent des souvenirs passés : « des moments qu’ils peuvent contrôler contrairement à leur maladie et qui peuvent les apaiser ». Autre facteur important et qui peut soulager les malades :  la présence de la famille.

Elle leur conseille d’agir normalement car ils peuvent encore créer de bons moments entre eux : « les choses simples d’avant sont très importantes pour eux. Par exemple à Crest (26), les soignants permettaient la présence de vin pendant le repas ce qui créaient un moment de convivialité ». Les malades vivent l’instant présent et chaque bon moment peut faire oublier la dure réalité de la maladie qui finira par gagner sur la vie.

Alexis Deroubaix

Crédit photo : Clément Angebault-Ferreira

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