Quand sport et protection de l’environnement s’accordent, Uni-vert Sport joue les médiateurs
En 2021, Nicolas Vandenelsken laissait de côté son métier de communicant pour créer l’association Uni-vert Sport. Avec un objectif affiché : porter un message de sensibilisation en faveur de la protection de l’environnement, en mettant en relation les citoyens avec les acteurs locaux. Se pose alors la question de l’efficacité de cette médiation par le sport.
Ancien étudiant de la faculté des sports de Lille, Nicolas Vandenelsken est l’unique salarié de l’association Uni-vert Sport. Toute jeune organisation, à l’origine basée du côté de Valenciennes, elle intervient désormais dans plusieurs milieux, notamment scolaire, du nord de la France. Avec un objectif clair, affiché par son « fond’acteur » : sensibiliser un maximum de personnes en faisant passer un message positif via le sport. Pour faire passer le mot, l’association s’appuie sur un triple levier « sport, planète, santé », et tous les moyens sont explorés, du plogging au Tour de France en courant, en passant par la fresque du climat ou les vélos smoothies.
Mais alors que la crise climatique en est à un point avancé, est-il encore temps de procéder à de la sensibilisation ? L’unique salarié de l’association s’en défend : « Notre rôle est essentiel. Il y a encore beaucoup de gens qui sont perdus dans un flot d’informations, qu’il faut guider vers l’action sur le territoire. » Il l’admet volontiers, il est temps d’agir. Mais comment passer à l’acte si personne ne s’occupe d’orienter les acteurs du quotidien vers les préoccupations environnementales ?
Emmener les masses, échapper à un système
Nicolas Vandenelsken souligne d’ailleurs l’importance de mettre en mouvement les jeunes lors des interventions, afin de concrétiser le discours employé. S’il « va désormais falloir utiliser tous les moyens à notre disposition » pour connecter massivement les citoyens à la réalité, le sport demeure un médium particulièrement maniable. « Avec le sport, tu arrives à emmener beaucoup de monde avec toi. Et puis, je suis convaincu que le sport a le devoir d’être précurseur en la matière », ajoute-t-il.
La pratique sportive constituerait-elle donc un champ idéal à la diffusion de pratiques respectueuses de l’environnement ? Défendre cette idée semble néanmoins exagéré. Alors que l’ensemble de notre société est embourbé dans un mécanisme qui va, de façon multidimensionnelle, à l’encontre des nécessités qu’impose la crise climatique actuelle, le sport n’y échappe pas.
« Le sport tel qu’on le connaît actuellement dépend du modèle global », abonde celui qui a d’abord été un communicant du sport. Comme dans trop de domaines, le sport est perforé par l’injustice sociale, problématique de base lorsque l’on aborde les pistes pour faire changer les choses en matière environnementale. Est-il nécessaire de citer le football comme exemple illustrant l’inégale répartition des richesses ?
Peu d’autres choix que d’agir localement
Plus généralement, le sport de haut niveau apparaît comme le mauvais élève lorsqu’il faut porter un message de sensibilisation aux enjeux climatiques. Les exemples de sportifs professionnels prenant la parole à ce sujet ne sont pas légions. Pour quelle(s) raison(s) ? Le cadre du sport d’élite aurait-il des implications allant à l’encontre de ce genre de prise de position ?
Aline Varinot, « éco-aventurière » à Uni-vert Sport et joueuse de handball « de haut niveau à double projet », selon ses mots, apporte une première réponse : « Les enjeux ne sont tout simplement pas les mêmes. Il y a évidemment plus d’enjeux économiques, des partenaires à satisfaire. À partir du moment où l’on met les doigts dans l’engrenage, cela devient une obligation », de s’abstenir.
En attendant une action des “grands”, et s’il relève qu’il reste « beaucoup de travail » à faire à l’échelle amateure, notamment au sein des clubs, Nicolas Vandenelsken en est persuadé : la clé, c’est l’implantation locale. « Notre priorité, c’est de mettre en avant les acteurs locaux qui, eux, vont agir directement. » Si Uni-vert Sport, comme beaucoup d’autres acteurs, n’a pas le trousseau en main, l’association a le mérite de nous conduire jusqu’aux portes à déverrouiller.
Hugo Marsault
L’édito…
Si le monde du sport communique de plus en plus sur sa conversion à l’écologie, son impact environnemental reste préoccupant. D’après un rapport cité par l’ONU, l’industrie sportive mondiale produit autant d’émissions de CO2 qu’un pays de taille moyenne. Le cas le plus emblématique reste celui de la Coupe du Monde. La dernière en date, au Qatar, a fait scandale pour son impact écologique, entre ses stades climatisés et ses milliers de navettes aériennes. Mais elle n’est qu’un cas particulièrement extrême parmi autant d’aberrations environnementales. L’impact écologique semble malheureusement inhérent au gigantisme de ces fêtes sportives globales.
Bien sûr, des événements aussi médiatisés, touchant toutes les régions et tous les milieux sociaux pourraient être des occasions en or pour sensibiliser à la cause environnementale. Mais que vaut un message de prévention prononcé dans un stade flambant neuf devant des dizaines de milliers de supporters venus en avion de l’autre bout du monde ? Pour l’instant, les promesses de la FIFA sur la réduction de ses émissions sont loin d’avoir été tenues. Ce qui pose une question douloureuse : dans un monde déjà ravagé par le réchauffement climatique, les messes sportives pharaoniques ont-elles encore leur place ?
Évidemment, il existe des solutions pour diminuer leur impact, notamment l’utilisation d’énergies renouvelables et de matériaux écologiques. Khaled Diab, de l’ONG écolo Carbon Market Watch, propose une solution plus originale : organiser la Coupe du Monde dans un lieu fixe, pour éviter de devoir construire de nouveaux stades. Ce qui ne règle pas le problème du transport. Pour y pallier, il faudrait drastiquement réduire le nombre de supporters se rendant à chaque match, comme le propose Madeleine Orr, professeure d’économie du sport. Des solutions difficiles, mais nécessaires à envisager si l’on veut éviter de devoir choisir entre mettre fin aux événements sportifs globaux ou continuer de foncer vers le mur.