“Le Carillon”, un programme de solidarité qui résonne à l’unisson
Posted On 14 décembre 2019
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C’est de cette manière que Thomas Limongi, responsable du programme du Carillon à Lille, décrit l’initiative. Là où de (très) nombreuses associations décident de se rendre utiles auprès des plus démunis en leur apportant un soutien matériel (nourriture, vêtements…), l’objectif du Carillon est plutôt de créer du lien social au cœur de la ville ou même des quartiers. Cela passe ainsi principalement par un engagement citoyen et solidaire de la part des commerçants. « Les commerçants sont placés au centre de la solidarité, nous explique Thomas Limongi. Lille est une ville très solidaire, et les commerçants l’étaient déjà également avant que le programme du Carillon ne soit mis en place, il y a deux ans environ. Le Carillon offre donc un cadre recensant une soixantaine de commerçants de tous types souhaitant faire preuve de solidarité. Ils proposent d’une part à leur client d’être solidaires en leur proposant à moindre coût des produits en attente, et sont eux-mêmes solidaires en proposant gratuitement des services du quotidien qui facilitent la vie des personnes dans le besoin. »
Au-delà du partenariat qui unit les commerçants solidaires, le camion itinérant du Carillon offre un rendez-vous qui entretient le lien social, ici place Sébastopol à Lille. (crédit photo : Martin Hortin)
La liste des services proposés est longue et varie en fonction des commerces. La librairie « La Lison », située place Jeanne d’Arc, fait partie de la soixantaine de commerces lillois participant à ce projet. Fantine Gros et Alix Mutte ont ouvert leur librairie il y a quatre ans. Pour les deux commerçantes, lorsque le projet du Carillon leur a été présenté, il leur paraissait logique de s’y engager. « Nous sommes une librairie de quartier au public fidèle, souligne Fantine Gros. C’était donc évident pour nous de devenir un moteur de la solidarité au sein de notre quartier. » Les services proposés par La Lison sont assez basiques, mais vitaux pour les personnes vivant à la rue. En plus du rechargement de téléphone, de la possibilité de passer un appel téléphonique ou encore d’affranchir son courrier, la librairie donne régulièrement des livres envoyés par les éditeurs avant parution afin d’en faire profiter les bénéficiaires du réseau du Carillon.
Pêle-mêle, les commerces partenaires du Carillon proposent de nombreux autres services tels que l’accès à Internet, la possibilité de lire le journal ou de réchauffer de la nourriture, l’utilisation des toilettes – qui a d’ailleurs permis de multiplier par trois le nombre de toilettes publiques à Lille – ou tout simplement la possibilité de discuter avec les commerçants. Pour que les personnes dans le besoin puissent savoir quels sont les commerçants partenaires, Le Carillon a instauré un système vieux de plusieurs siècles : les pictogrammes. Sur chaque façade de commerce participant à l’opération, des pictogrammes sont collés afin d’informer des services proposés. Finalement, aider c’est simple comme bonjour !
Hugo Palacin
Crédit vidéo : Martin Hortin
Des prénoms ou des nombres : telle est la représentation que nous font les médias des personnes qui vivent dans la rue aujourd’hui. Une simple recherche sur l’acronyme malheureusement réducteur « SDF » et un constat : les individus sans-abri sont perçus comme des nombres, comme des pourcentages ou encore comme des criminels. Cette image que nous renvoient les médias aujourd’hui est sans doute l’une des sources d’une certaine défiance voire d’une peur ressentie par de nombreux citoyens à l’égard de ces sans-abri. Abordés par les médias, souvent comme une masse, comme un groupe à part entière, les sans-abri ne semblent pas bénéficier, dans ces médias, de la dignité qu’ils méritent. Même lorsque ces individus sont davantage individualisés, il arrive régulièrement que leur nom ne soit même pas mentionné et uniquement leur prénom, comme s’ils perdaient leur identité. Il est extrêmement rare de trouver des reportages profonds, des portraits sur l’histoire de personnes qui sont victimes de la situation économique et sociale actuelle.
Des organisations existent aujourd’hui comme Le Carillon et méritent d’être mises en valeur tant elles considèrent ces personnes à leur juste valeur, comme des citoyens, comme nous tous. Il reste certainement un grand pas à faire pour les médias, afin de redonner l’image que ces individus méritent. Il existe par ailleurs, d’autres moyens de traiter ce sujet essentiel et notamment à travers le gonzo journalisme, c’est-à-dire une immersion totale dans la réalité.
Gabriel Baldi
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