Autisme : lutter contre le manque de place dans les structures d’accueil
On estime que les Troubles du Spectre Autistique (TSA) touchent 650 000 Français, soit 1% de la population. Un nombre important de personnes, pour lesquelles il peut être compliqué de s’insérer dans la société.
Lorsqu’on parle d’autisme, on pense au film “Rain Man” de Barry Levinson, dans lequel le personnage incarné par Tom Cruise doit s’occuper de son frère autiste, joué par Dustin Hoffman. Ce film est l’un des premiers à placer ce trouble mental sous le feu des projecteurs. Cependant, l’autisme ne se résume pas à un être dans son monde avec quelques manies particulières. C’est beaucoup plus complexe que cela.
La sévérité des troubles varie selon la catégorie et l’âge. Ainsi, le cas de Rain Man n’est pas le plus répandu. Les symptômes de TSA sont souvent moins visibles et permettent aux patients de suivre un parcours scolaire « classique ». Parcours qui n’en reste pas moins compliqué dans les interactions sociales.
Une intégration compliquée
Milan, 16 ans, passionné de sport, est atteint d’une dyspraxie, trouble psychomoteur caractérisé par l’absence de gestes automatiques et des problèmes de coordination, et d’un léger autisme Asperger.
Milan a été diagnostiqué sur le tard, comme le raconte son frère Ludovic : « Cela s’est manifesté en fin de collège lors d’un exercice de rédaction. Il avait utilisé une expression antisémite, sans se rendre compte de la gravité de ses propos. Cela nous a conduit à aller voir des spécialistes plus poussés, qui ont détecté la dyspraxie et un léger autisme. »
Le rapport avec les autres est aussi compliqué. « Milan n’avait pas beaucoup d’amis. Il restait souvent seul et se pliait à toutes les imbécillités que lui demandaient ses camarades. ». Dans une société qui se formate de plus en plus, il est difficile pour un enfant d’assumer ses différences envers d’autres enfants obnubilés par les effets de mode et qui ne tolèrent plus les écarts. « Dans la vie quotidienne, il effectue certains agissements étranges que l’on ne comprend pas forcément. Par exemple, il refermera à tout prix la porte du micro-ondes si quelqu’un ne l’a pas fermée après utilisation. Un petit incendie dans un appartement, il y a quelques années, lui a donné une peur bleue du feu. Enfin, il est capable de retenir énormément de choses qui parfois n’ont pas d’intérêt apparent, comme des statistiques footballistiques. »
Différentes formes d’autisme
Les TSA se divisent en trois catégories principales :
Le syndrome d’Asperger se caractérise par une intelligence normale ou supérieure, mais avec des troubles d’interactions sociales et des comportements stéréotypés.
Le syndrome de Rett est surtout présent chez les filles. Il se détecte à l’âge de six mois lorsque l’enfant arrête de se développer et commence à présenter des symptômes de TSA.
Les “troubles désintégratifs de l’enfance” sont similaires au syndrome de Rett, sauf que les troubles apparaissent vers l’âge de deux ans.
Un "plan autisme" et des solutions
La situation est donc compliquée pour l’enfant qui a suivi un parcours scolaire banal sans l’aide d’une auxiliaire de vie scolaire (AVS), par exemple. Aujourd’hui encore, la famille de Milan précise qu’elle ne compte pas faire appel à une association ou autre. Elle prévoit seulement quelques rendez-vous chez des spécialistes, pour un suivi. L’élément principal est ainsi « beaucoup plus de présence et d’attention » de la part des proches.
Dans l’enseignement en lui-même, les personnes autistes ont besoin de plus de temps pour comprendre les choses, mais aussi d’avoir une vision concrète de l’exercice. Interrogé en off, un enseignant a par exemple confié avoir dans sa classe un enfant autiste passionné par les Renault Scénic. Il a donc fait des recherches sur la voiture et tout expliqué à l’élève selon les caractéristiques du véhicule. Cela a conduit à des résultats très satisfaisants. Accompagner les enfants autistes nécessite donc plus de temps à l’enseignant et des objets spécifiques pour illustrer ses propos. Du temps en plus, qu’il n’a néanmoins pas toujours.
Un quatrième plan autisme a été mis en place en France. Celui-ci prévoit un meilleur financement de la recherche et une prise en charge des soins par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). En ce qui concerne les soins, on estime qu’environ 45% des enfants autistes sont diagnostiqués entre 6 et 16 ans. Cela ne permet pas une prise en charge optimale, puisque c’est souvent trop tard. Le plan prévoit ainsi un dépistage plus précoce pour réduire les écarts de développement, avec 100% de scolarisation en maternelle et des classes spécialisées à effectifs réduits. Les praticiens devraient être mieux formés et avoir moins recours à l’internement en hôpital psychiatrique.
Il est donc difficile pour un enfant autiste de s’intégrer convenablement. Les clefs du succès sont claires : le laisser vivre sa passion, un accompagnement de l’entourage, des enseignants et des spécialistes, ainsi qu’une considération similaire à une personne dite “normale”.
Des sites comme Deux minutes pour mieux vivre l’autisme proposent de courtes vidéos pour aider les familles dans la réalisation des situations de la vie quotidienne par leurs enfants, telles que faire les courses, mettre la table ou aller chez le coiffeur.
VIDÉO - L'insertion des personnes handicapées dans la société : la solution du sport
Zoom sur... l'insertion des enfants
autistes en milieu scolaire
Depuis plusieurs années maintenant, l’État français a accordé un intérêt croissant aux jeunes atteints d’autisme. Plusieurs textes de loi ont vu le jour afin de favoriser leur scolarisation dans le cadre ordinaire : la loi de 1975, par exemple, stipule que l’accès au milieu scolaire doit être une priorité « à chaque fois que les aptitudes des personnes handicapées permettent de travailler dans un cadre ordinaire. » En 2005, une deuxième loi vient renforcer cette première idée en garantissant le droit à « tout enfant ou adolescent d’être inscrit dans l’école la plus proche de son domicile, même s’il est en situation de handicap. »
L’auxiliaire de vie scolaire, une des solutions face aux difficultés
Même si ces lois sont un vrai pas en avant, de réelles difficultés existent toujours quant à l’intégration des élèves handicapés dans le milieu scolaire ordinaire. Le corps enseignant, par exemple, n’est pas réellement formé à l’accueil d’enfants handicapés. Pour pallier ce problème, des professions aident l’enfant à s’insérer plus facilement dans le milieu scolaire : l’auxiliaire de vie scolaire (AVS), par exemple, a une importance capitale dans l’accompagnement au sein même des établissements.
Plus largement, d’autres personnes essaient de faciliter l’insertion de ces jeunes dans le milieu ordinaire et en conséquence à l’école : Margot Carnez, 26 ans, est éducatrice spécialisée. Elle intervient à domicile avec des jeunes autistes ou porteurs de troubles du comportement. « Nous travaillons avant tout sur l’autonomie au quotidien, mais aussi sur les apprentissages scolaires et habilités sociales. L’objectif étant que l’enfant acquière les codes de la société afin de s’intégrer au milieu ordinaire, c’est-à-dire avoir un comportement d’élève en classe par exemple : savoir rester assis et calme, travailler en autonomie, mais aussi jouer avec les enfants pendant la récréation. »
Ces métiers sont de véritables solutions à cette problématique d’intégration. Cela montre l’importance de la formation des enseignants à ce sujet afin de construire un milieu scolaire plus inclusif et approprié à tous les enfants.
Simon Jarnier