Haubourdin : l’attachant Papi Débarras et sa caverne d’Ali-Baba
Margaux Dambrine
Posted On 19 novembre 2019
Francis Caron alias “Papi Débarras” est un auto-entrepreneur brocanteur installé à Haubourdin. Nous sommes rentrés dans son intimité, sa boutique, lors d’une visite. Portrait.
C‘est à l’âge de 13 ans, quartier Vauban à Lille, que le tout jeune Papi connaît une révélation et la naissance d’une passion, en découvrant une cage aux encombrants. Pourtant, ce n’est qu’à l’âge de 60 ans, après une carrière de jardinier, qu’il parvient à ouvrir sa boutique. Depuis, il ne cesse de l’alimenter en objets anciens divers et variés.
Un véritable voyage dans le temps
Papi a l’oeil, il sait dénicher les perles rares. Et n’hésite pas à nous montrer ses objets les plus prisés qui baignent dans une charmante odeur poussiéreuse.
De vieilles radios aux appareils photos à soufflet des années 30 en passant par des vélos vintage des années 80 de la marque Bertin, ce dénicheur haut en couleur à l’accent du nord ne cesse de nous parler de sa boutique avec passion en nous emmenant dans les moindres recoins.
Papi nous raconte qu’il apprécie particulièrement les objets insolites, dit de curiosité. Sa dernière trouvaille ? Une vieille lampe de bateau achetée sur une braderie une semaine auparavant.
Papi s’attache à ces objets rongés par le temps mais inaltérables à ses yeux. Dans ses mots, nous ressentons un peu de tristesse lorsqu’il s’en sépare. Papi nous expose la tendance actuelle : miroirs, objets en bois comme des caisses et des malles ainsi que des vieux bidons d’essence très convoités par les collectionneurs de voitures anciennes. A l’aide de ses objets, Papi veille à créer un endroit sympathique et convivial, il entrepose devant sa boutique la tendance et renouvelle régulièrement le paysage. Il est également soucieux de créer à l’intérieur, une atmosphère particulière grâce à de vieilles tapisseries, objets de pharmacie ou encore des sacs de toile de jute ancien.
Une redistribution éco-responsable entre collectionneurs et recycleurs
A mesure que nous explorons la boutique, nous découvrons le rythme de vie très prenant de Papi. Il raconte avec énergie qu’il sillonne les routes chaque semaine pour dénicher ses objets. Trouvailles qu’il achète sur des braderies en Belgique et qu’il récupère en cas de décès, divorces et déménagements en se rendant chez les gens où il s’introduit dans leur intimité. Les donations font aussi partie intégrante de la boutique. La dynamique repose sur le fait que tout le monde est en capacité de venir apporter ses vieux objets à Papi. Une manière à lutter contre le gaspillage.
Papi nous parle ensuite de sa clientèle. Des habitués et collectionneurs de tous les âges, aux demandes bien particulières. Au sein de sa boutique, Papi constate avec amusement la résurgence du goût pour le vintage notamment chez les jeunes lassés de se meubler chez IKEA. Il parle alors de l’intérêt de sa boutique pour le recyclage et la décoration homemade, qui consiste à personnaliser et customiser son intérieur en créant soi-même des objets de décoration. Des alternatives plus respectueuses de l’environnement. Alors quoi de mieux que d’opter pour le style brocante qui allie décoration atypique et conscience écologique !
Clara Denis
Mode vintage : le démodé c’est branché.
La nostalgie a de l’avenir. Symbole d’une époque révolue et phénomène de mode à part entière, le vintage s’installe comme une tendance très en vogue ces derniers temps. A l’image de la brocante de Papi Débarras, le vintage qualifie les vêtements et accessoires désuets des décennies précédentes, remis au goût du jour. L’ambiance rétro se retrouve donc dans la décoration intérieure, où certains objets alors anciens se retrouvent exposés comme de véritables objets d’arts, mais également à travers de nombreux vêtements et accessoires. Le « seconde main » a ainsi quitté les friperies sombres et peu fréquentées pour trouver un véritable succès dans le monde de la mode à l’instar de la dernière Fashion Week parisienne où stars et mannequins se sont vêtus de pièces puissantes et anciennes. Imprimés fous, coupes improbables et velours côtelées, le vintage n’est plus un tabou et la circularité de la mode est un thème récent qui prend de l’ampleur.
Au-delà de notre garde-robe, tous les secteurs surfent sur cette vague rétro : de l’automobile avec le succès de la Fiat 500 ou de la Vespa, jusqu’aux vinyles, Polaroïds et même les produits d’électroménagers comme les réfrigérateurs SMEG, le vintage s’avère être un véritable effet de société.
Mais pourquoi la nostalgie des objets est-elle tendance ?
D’abord le phénomène s’explique au gré de notre conscience écologique. Seul 1% des vêtements sont recyclés de nos jours. Le vintage permet donc d’éviter l’immense consommation des vêtements et les déchets qui en résultent. Pour certains, acheter vintage est donc le meilleur moyen de continuer à consommer tout en se faisant plaisir sans pour autant être responsable de la déroute écologique actuelle. Outre le sujet de l’éco-responsabilité, notre société est de plus en plus basée sur la frénésie, les réseaux sociaux et la performance. Certains consommateurs voient donc dans le retour du rétro un moyen de se mettre à distance et de se réfugier dans un passé qui fait du bien ou plutôt dans une « nostalgie heureuse ». Enfin, le vintage vient contrecarrer l’idée d’uniformisation de notre société. Il permet pour de nombreux consommateurs de se distinguer et d’affirmer réellement qui l’on est. Le vintage s’avère donc résolument moderne.
Jules Unit et Julie Marty
