L’association Lisières : composer avec la nature pour mieux vivre ensemble
Situé sur les fortifications de Vauban, le Jardin Écologique de Lille présente une richesse environnementale, très importante qui depuis 5 ans est entretenue minutieusement par l’association Lisières.
Nous avons rencontré Julien Truglas et Giulia Pignocchi, deux des architectes paysagistes qui s’occupent de ce projet. Entre enjeux environnementaux, patrimoine culturel, partage et cohésion d’équipe, l’association née en 2015 cherche à réaménager ce jardin de 2,5 hectares en un lieu de culture dans la nature.
L’association Lisières, gestionnaire du Jardin Écologique depuis l’appel à projet de la ville de Lille en 2015, fait de la démarche collective citoyenne sa ligne de force. Leur projet ? Réaménager le Jardin Écologique lillois en un lieu de culture dans la nature afin de mettre en place une structure citoyenne qui s’ouvrirait a tous. Cette démarche participative s’inscrit dans une crise environnementale sans précèdent : Julien, architecte paysagiste et cofondateur de l’association explique : « Nous constatons une demande sociale de retour à la nature très importante. »
À cet égard, l’association opte pour un apprentissage collectif citoyen qui servirait d’abord la cause environnementale, mais aussi chacun des participants. Cette dualité entre apprentissage et préservation est au cœur du projet de Lisières. Pour se faire, Julien et Giulia revendiquent un brassage culturel non- négligeable et une mixité citoyenne très importante. « Le plus important, précisent-ils, ce n’est pas de se précipiter, mais de prendre le temps de discuter, de travailler avec des personnes de différentes citoyennetés pour cultiver un mélange social et une mixité profitables pour chacun. »
En apprenant les uns des autres, l’association cherche à faire du Jardin Écologique un lieu ouvert à tous, qui ne cherche pas à se réserver à une élite d’experts scientifiques ou paysagistes mais bien au plus grand nombre de citoyens possible. Cette grande diversité, l’association la revendique même en son nom puisque c’est à la lisière des écosystèmes que la biodiversité est la plus riche. Dans la nature comme dans nos villes, le principal pour eux est donc la pluralité des ressources dans le but de fonder une réflexion et une inspiration commune. Afin d’éviter l’entre-soi, l’association met en place tout au long de l’année au sein du Jardin Écologique une série d’ateliers artistiques et culturels, mais aussi plusieurs plantations citoyennes.
Une programmation culturelle entre nature et culture
Parce que le paysage est porteur d’histoires, d’identités culturelles et de relations humaines, tout au long du mois de novembre le Jardin Écologique a accueilli plusieurs ateliers qui nous permettent de réfléchir, apprendre et composer avec la nature. Parmi eux, les plantations citoyennes nous invitent à explorer nos liens avec la nature non pas comme domination ou dépendance, mais plutôt comme interaction et collaboration. Le but ? Planter ensemble pour préserver la nature. Ainsi, Lisières a organisé pendant plus d’une semaine plusieurs plantations destinées à créer une horloge florale et mellifère, développer une forêt nourricière, mais aussi planter les berges de la rivière. Le Châtillon s’est rendu au sein de ces berges pour mieux comprendre ces projets.
Nous avons fais la rencontre de Giulia, également coordinatrice au sein de l’association, qui ce jour-ci organisait un chantier de plantation assez conséquent. L’enjeu est de planter de façon assez dense une lisière végétale pour faire barrière aux pollutions lumineuses et atmosphériques du périphérique. Le lierre, nous explique Julia, a une capacité d’absorption de certains polluants, notamment le benzène, qui permettra, dans un futur proche de mieux protéger la biodiversité du Jardin.
Cependant, si mettre la main à la pâte ne vous réjouit pas forcément, pas de panique ! Le jardin Écologique propose une multitude d’ateliers pour que tout le monde puisse participer. De l’exposition, aux débats ou encore aux projections, l’association met tout en œuvre pour que chacun profite des conseils et des préoccupations de philosophes de renom, d’agronomes, de journalistes, et même de politiques. Vous l’avez compris, derrière toutes les initiatives de l’association se cachent des objectifs esthétiques, pédagogiques et environnementaux qui nous ramènent toujours a la même conclusion : composer avec la nature pour mieux vivre ensemble.
Rendre chacun acteur de son présent, pour mieux construire son futur
Il est évident que toute personne qui entre dans ce jardin acquiert une certaine expérience, mais surtout une pédagogie indéniable. La pédagogie justement est au fondement même du Jardin Écologique puisque ce dernier suit la typologie du jardin botanique. Sa particularité ? Il s’appuie sur le contexte écologique du lieu et inclut des aspects sociaux et de convivialité afin de rendre tout un chacun acteur à son échelle de la transition écologique et citoyenne. Julien nous donne d’ailleurs les trois grandes missions du jardin botanique : « La conservation écologique, la recherche scientifique et la transmission de connaissance. » Mais comment rendre le citoyen acteur d’un territoire durable et intelligent ? Par la transmission justement. « Si tu fais, tu comprends, et donc tu respectes », insiste l’organisateur.
En effet, dans le champ de l’action urbaine, il est de plus en plus question de « participation des habitants », dans un contexte où les collectivités locales et les acteurs professionnels développent des démarches participatives. Il s’agit de permettre aux membres de la société civile de participer aux décisions et aux actions qui les concernent par le biais d’« ateliers de concertations » qui se multiplient par exemple à Paris, Strasbourg ou encore Lille.
Si vous n’êtes toujours pas convaincu par la participation collaborative, alors enfilez vos bottines, promenez-vous dans le Jardin Écologique lillois et venez rencontrer l’association Lisières. Entre bienveillance et générosité, ils sauront vous convaincre et vous prouver que la fracture entre nos sociétés et la Nature peut se cicatriser à travers notre attention au paysage. Pour cela, un seul mot d’ordre : la solidarité !
Jules UNIT
© Crédits photo : Julie Marty
Lisières, composer avec la nature
Zoom : des plantes pour lutter contre la pollution intérieure
Selon l’Observatoire de la qualité de l’air, en France, près d’un logement sur dix présente des niveaux de pollution élevés. Le temps passé en intérieur ne fait qu’augmenter et les bâtiments étant de mieux en mieux isolés le renouvellement de l’air est souvent insuffisant pour évacuer les polluants extérieurs. En intérieur, les particules de pollution vont se fixer très facilement sur l’ameublement, les tissus ou encore le papier peint par exemple. Il faut ajouter à cela les nombreux produits d’entretien chimiques que l’on utilise pour nettoyer la maison, chasser les mauvaises odeurs ou encore tuer ce fameux moustique qui vient danser la zumba à notre oreille à 2 h du matin. Heureusement la nature fait bien et la chose et il existe quantité de plantes vertes d’intérieur qui ont la particularité d’assainir l’air naturellement.
Zoom sur 3 d’entre elles : 1. Les chrysanthèmes
Autant plante d’intérieure que d’extérieure on commence avec une plante facile à vivre et de bon marché. C’est la NASA qui a découvert sa capacité de purification de l’air : ammoniac, benzène (on le trouve dans les encres d’imprimantes, les peintures et le plastique), formaldéhyde (présent dans les peintures et la fumée de cigarette), xylène, rien ne lui résiste !
2. Le chlorophytum ou la plante araignée. Elle absorbe le formaldéhyde, le monoxyde de carbone qui peut venir des chauffages d’appoint et de la fumée de tabac, le benzène et le xylène qui peuvent venir des peintures ainsi que le toluène que l’on retrouve dans les produits d’entretien. Les plantes araignées sont idéales pour les débutants, car elles ne nécessitent pas beaucoup d’entretien. Par contre attention aux grandes chaleurs si elle aime la lumière, lorsque la température monte il faut régulièrement brumiser ses feuilles.
3. La fleur de lune Plante qui fait de très jolies fleurs blanches en été, cette demoiselle est réputée increvable. L’idéal pour ceux qui n’ont pas la main verte ! Placez-la à l’ombre, elle éliminera l’ammoniac, le benzène, le formol et le trichloréthylène. Faites votre choix !
Margaux Dambrine
© Crédit photo : Burst