Tipimi : mettre en commun ses biens pour une consommation plus raisonnée
Jules Boutoille
Posted On 9 avril 2020
Créée il y a quatre ans par Diane Krafft et Sébastien Liebart, Tipimi est une société coopérative en ligne proposant une initiative nouvelle : prêter et emprunter des objets à d’autres particuliers. Avec un local situé au cœur de Fives et plus de 300 adhérents, Tipimi se présente comme une véritable alternative à la consommation de masse et à la culture de l’usage unique.
Prêter un appareil à raclette à un voisin, un ami ou un collègue, on l’a tous déjà fait. Prêter ce même appareil à raclette à un inconnu, jamais. A une époque où la surconsommation règne en maître, Tipimi propose un concept simple qui remet au gout du jour des valeurs de solidarité et de partage. « Le but est de consommer mieux et d’être solidaires », explique Marie, coordinatrice. Elle ajoute : « La ligne c’est d’avoir une consommation plus responsable et raisonnée. »
Depuis trois ans Tipimi dispose d’un local, l’Objetothèque, situé à Fives, servant de lieu de stockage pour plusieurs objets tels que des tonnelles, assez demandées sur le site. En plus des objets proposés par les particuliers, la société coopérative en achète d’autres qu’ils mettent à la disposition des particuliers. Ceux-ci peuvent aussi faire don d’un objet dont ils ne se servent plus. Accessible à tous et respectant à sa manière le concept d’économie circulaire, chacun trouve en Tipimi des valeurs nobles de coopération et d’entraide.
Une relation basée sur la confiance
Moyennant une adhésion annuelle, chacun peut proposer des objets à prêter ou en emprunter. Après avoir renseigné ses informations personnelles, « on donne ce qu’on veut et ce qu’on peut, on a un tarif solidaire à 10€, mais on peut choisir de donner aussi 20, 30 ou 40€ ». Un moyen pour les utilisateurs de profiter du service à moindre coût et de renouveler son adhésion l’année suivante en donnant plus si on est satisfait. L’avantage réside aussi dans le fait de ne pas avoir à acheter des objets dont on ne se sert qu’une fois dans l’année, et donc de faire des économies. Pour Tipimi, les revenus des adhésions servent notamment à payer le site et à acheter de nouveaux objets à mettre à disposition des utilisateurs.
Pour emprunter un objet, c’est très simple : après avoir adhéré au site, on dispose d’un porte-monnaie virtuel, crédité de points. Chaque mois, les adhérents reçoivent des points dans leur portefeuille et peuvent réserver les objets qu’ils souhaitent. Chaque objet va couter des points aux emprunteurs et en rapporter aux prêteurs. Le nombre de points attribué à chaque objet est fonction de la durée de l’emprunt et de l’âge de l’objet. Par exemple, une perceuse neuve coutera plus de points qu’une perceuse plus ancienne, à même durée d’emprunt.
Une fois l’objet réservé, il n’y a plus qu’à aller le retirer chez son propriétaire ou à l’Objetothèque, s’il appartient directement à Tipimi. En cas de détérioration de l’objet ou de casse, le prêteur se met d’accord avec l’emprunteur pour que celui-ci répare l’objet ou le rembourse. Si aucun accord n’est trouvé, le prêteur encaisse alors le chèque de caution.
L’Objetothèque, lieu de partages
A l’origine seulement utilisé pour stocker du matériel, le local sert maintenant d’espace de coworking, disponible du mardi au vendredi de 9h à 18h. Pour 4€ la demi-journée, chacun peut disposer d’une connexion internet, de tasses, d’assiettes, du frigo et de la gazinière. Le café associatif est également ouvert du mardi au vendredi et un bar associatif a lieu chaque vendredi soir avec bières et vin, pour 1€ par an. Tipimi propose chaque vendredi soir un événement pour animer le bar : concert, conférences. L’Objetothèque est également ouverte certains samedis, avec différents ateliers : atelier bricolage, atelier zéro déchet, toujours dans l’optique de consommer mieux.
Tous les derniers samedis du mois se tient également un Repair Café, des particuliers viennent avec leurs objets défectueux et des réparateurs bénévoles les aident à les remettre en état. Cultiver cet esprit de fraternité est important pour l’association, comme en témoigne Marie « Tout le monde peut venir boire un verre le vendredi soir, même ceux qui ne sont pas adhérents à Tipimi ».
Récemment, Tipimi s’est développé en créant un groupe privé pour permettre aux entreprises de la région de pouvoir collaborer en se prêter du matériel entre elles.
Jules Boutoille
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