Emanuelle Weill, institutrice de CE1, à Hagondange en Moselle, a dû elle aussi faire face à la fermeture des écoles, dès le 16 mars. Elle fait part de ses doutes mais aussi de ce qu’elle peut apporter à ses élèves. Voici les conseils aux professeurs à partager sans modération !
Comme beaucoup d’autres professeurs, cette institutrice ne se contente pas du dispositif « Ma classe à la maison », mis en place par le CNED, le Centre national d’enseignement à distance. Jugé trop impersonnel, certains ont cherché à garder à leur manière le contact avec leurs élèves. Discord, Skype, ENT… les outils sont nombreux. Nous suivons Emanuelle Weill dans son quotidien d’institutrice à la maison, qui doit faire face à la crainte des parents et l’incompréhension des enfants. Youtube est devenu le nouveau terrain de jeu de l’enseignante qui tente d’attirer l’attention de ses élèves de toutes les manières possibles – certaines plus excentriques que d’autres. Comme si donner un cours banal n’était plus à la mode, elle a choisi la mise en scène pour présenter les mathématiques ou la grammaire à des enfants de 7 ans. Faire rire et instruire : c’est le défi qu’elle s’est donnée. Et c’est avec l’aide de ses animaux de compagnie qu’elle y parvient, au plus grand bonheur de ses élèves « qui attendent avec impatience le prochain épisode », se félicite l’enseignante.
Concilier rire et travail, est-ce efficace ?
« Pour les petits, c’est difficile parce que je ne crois pas qu’ils comprennent bien ce qu’il se passe. Ma fille pleure beaucoup mais je sais que le fait de voir les vidéos de la maîtresse, ça lui fait un bien fou. C’est comme en classe. »
« Je vois que tout va bien parce qu’il y a l’aspect pédagogique parce qu’elle apprend et l’aspect je garde un lien avec la maîtresse, la maîtresse continue à me faire rire. »
Témoignage d’un parent d’élève
La consigne était de continuer à suivre les élèves afin de poursuivre les cours du mieux possible. Pourquoi est-ce nécessaire de divertir autant les enfants ? L’enseignante nous révèle, le cœur serré, que les enfants étaient tristes de ne plus avoir école, de ne plus voir leurs copains et la maîtresse. C’est pour cela qu’elle essaye de les faire rire, pour leur montrer qu’ils gardent toujours le même contact. La priorité est tout de suite claire : leur parler et les rassurer. L’enseignante confie : « Je n’avais pas l’habitude de ça, mais confinement oblige : je me suis dit qu’il fallait rendre les leçons le plus ludique possible parce que ce n’est pas facile d’apprendre chez soi. » Des cours qui amusent, mais qui doivent surtout être organisés pour ne pas perdre les élèves. C’est pour cette raison que cette professeure des écoles a choisi les réseaux sociaux comme moyen de communication et d’enseignement, permettant aux élèves de s’adapter au confinement, à leur manière. Tout est chamboulé, c’est un changement d’organisation pour tout le monde.
La solidarité pour faire face aux craintes partagées
Dès l’annonce de la fermeture des écoles et de la mise en place de l’enseignement à distance, les professeurs ont fait part de leurs craintes à propos du bon déroulé de la fin de l’année scolaire. Est-ce que tous les élèves vont bien suivre les cours ? Vont-ils tous être aidés de la même manière ? N’allons-nous pas prendre du retard ? Et si oui, comment le rattraper ? La professeure des écoles a déjà remarqué une différence de compréhension chez les élèves qui rencontrent le plus de difficultés : « On savait qu’on allait devoir faire autrement. » Pour y remédier, elle réfléchit déjà à la façon avec laquelle elle pourrait les aider, maintenant et une fois le confinement fini. Au choix : soutien scolaire, jeux extra-scolaires ou encore soutien pendant les vacances dans des centres aérés. Dans tous les cas, le COVID-19 fait face à un élan de solidarité, même chez les professeurs qui regorgent d’ingéniosité pour contrer l’inégalité face à l’éducation. Pour terminer, Emanuelle Weill conseille aux professeurs de mêler cours et culture générale. Ici, les cours d’histoire sont mélangés à la découverte de « vieux objets du temps de nos grands-parents ».
Tova Bach