Bio et local : vers un nouveau modèle de consommation
En 2019, 9 Français sur 10 ont consommé du bio selon les données publiées par l’Agence Bio, qui œuvre pour le développement et la promotion de l’Agriculture Biologique (AB) en France. Qui sont les consommateurs de bio ? Comment concilier Agriculture Biologique avec les circuits courts et à quel prix ? Autant de questions en suspens auxquelles nous avons tenté de répondre en interrogeant des habitants de la métropole lilloise.
Un jeune consommateur Lillois explique ce choix : « Je veux avoir des aliments frais, pas transformés ». Une consommatrice habituée à utiliser des aliments issus de l’AB nous confie également manger bio pour le « respect de la santé des producteurs ».
Le bio est donc devenu un véritable marché à part entière. Des enseignes, proposant des produits issus de l’AB et labellisés, telles que Biocoop ou Bio C’ Bon se sont développées partout en France.
Cependant, certains consommateurs avouent ne pas accorder une réelle confiance à ce type d’enseignes. Celles-ci ne se soucieraient pas réellement du bien-être du consommateur ni de celui du producteur. Une retraitée Lilloise déclare : « Je n’ai pas confiance dans ce type de magasins car ils appartiennent souvent à des chaînes et elles cherchent le profit. »
De plus, certains se questionnent quant à la réelle signification des labels présents sur les produits en magasin bio. Les Lillois déclarent également qu’ils aimeraient, dans la mesure du possible, manger à la fois bio et local. Certains aliments sont certes issus de l’Agriculture Biologique mais proviennent d’autres pays et les importer en France pollue énormément.
Les associations comme alternatives
Pour remédier à ces problèmes, il existe des AMAP (Association pour le Maintient d’une Agriculture Paysanne) aux quatre coins de la France, qui proposent aux consommateurs de venir chercher les récoltes d’une exploitation locale afin d’avoir des aliments réellement issus de l’Agriculture Biologique et locaux et ainsi de favoriser le circuit court.
À Lille, il est également possible d’adhérer à l’association Robin des bio. Cette association est une supérette qui propose essentiellement des produits alimentaires à la fois issus de l’AB et locaux. Le but de cette association est de n’avoir « qu’un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur », nous explique le gérant de Robin des bio. Pour venir faire ses courses dans cette supérette, il suffit de devenir adhérent. Pour se faire, le montant est libre avec un minimum d’un euro.
Robin des bio organise des conférences afin de permettre aux membres de l’association de s’impliquer dans un mode d’alimentation biologique et local et d’échanger ensemble.
Les adhérents de l’association se disent satisfaits de la qualité des produits et de la traçabilité de ceux-ci ainsi que du réel contact humain présent dans l’association. Une habituée de Robin des bio nous a confié : « J’aime les gens ici, c’est pour ça que j’aime bien l’association. »
Cependant, certains consommateurs sont découragés à l’idée de rejoindre ce type d’association car les aliments ont un coût légèrement supérieur à ceux proposés dans les grandes surfaces classiques. Pour les adhérents, il s’agit de « gérer son budget global différemment ». Certains nous confient aussi ne jamais fréquenter de restaurant au détriment d’un panier de course plus cher mais d’une alimentation meilleure pour la santé et plus respectueuse de l’environnement.
Zoe Bellamy
→ Zoom : Le bio boosté par la crise sanitaire
Comment a évolué la consommation de bio pendant le confinement ? On pourrait imaginer qu’en temps de crise sanitaire, les ménages français se concentrent sur les produits de base et donc hors des circuits de l’agriculture biologique.
La réalité est tout autre : selon une étude réalisée par Nielsen (société internationale de mesure et analyse des données) en avril dernier, la consommation de produits bio a connu une forte augmentation entre début février et fin mars 2020. « Depuis le début de la séquence Covid-19, les produits bios sont non seulement en très forte croissance mais en plus l’écart de croissance avec les produits conventionnels se creuse : d’environ 14 points début février, cet écart a parfois dépassé les 20 points depuis », note Nielsen. Côté consommateurs, une étude menée par l’Agence bio révèle que 7 Français sur 10 ont acheté des produits bio pendant le confinement, dont 8% de nouveaux acheteurs et 61% de consommateurs habituels.
Plusieurs données peuvent expliquer ce phénomène. D’abord d’un point de vue pratique, les rayons bio sont moins susceptibles d’être en rupture de stock que les rayons traditionnels. Les produits biologiques sont également perçus comme plus naturels que les autres, surtout dans une période de remise en cause du marché globalisé. Enfin, le bio répond à une volonté de recentrage vers le commerce de proximité plus compatible avec le « Monde d’après », dont les épiceries locales ou associatives sont l’illustration la plus évidente.
Vincent Marcelin