Maison POC : le design au cœur du développement durable et responsable

by Swanne Mondesir
Au cours de l’événement Lille métropole, capitale du design, les commissaires d’exposition présentent le nouveau concept des maisons POC du 9 septembre au 15 novembre 2020. Celles-ci proposent des solutions pour améliorer l’avenir en réinventant les liens de solidarité entre les générations. 

Il était temps…Après s’être rongé les sangs sous le choc de la crise sanitaire inattendue, la métropole lilloise peut enfin succéder à Turin comme capitale du design.

WORLD DESIGN CAPITAL ? 

Le titre de World design capital est décerné par la World Design Organization (WOD) depuis 2008. Il apporte une reconnaissance de l’utilisation innovante du design par une métropole dans le but de renforcer son développement social, environnemental et économique. L’un des instigateurs de ce projet, Jacques Viénot, designer français, déclarait : « Le design est une chance et un levier formidable. »

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Petite maquette d'une maison totalement en bois à l'exposition "Habiter" Bazaar Saint So Lille ©Mahault Meunissier

Les maisons POC (Proof of concept), situées sur Lille à cette occasion, se veulent des laboratoires où sont retranscrits tous les projets entrepris par les acteurs du territoire avec l’aide de designers. Ce sont eux qui réinventent notre mode de vie. Il ne faut donc pas s’attendre à découvrir de nouvelles maisons durables et responsables. 

Proof of concept est une démarche très simple. Il s’agit de vérifier qu’une idée ou une théorie nouvelle peut fonctionner. 

Le design revient à sa racine : son attention pour l'humain

Nouveautés pour la capitale des Flandres, les maisons POC cherchent des solutions pour répondre aux différents enjeux auxquels est confrontée  la société actuelle : le gaspillage alimentaire, la pollution, le mal-être et le mal-logement. Elles ont été regroupées par thématique comme le soin ou l’habitat. Les projets abordés au sein de ces deux expositions font resurgir les aspirations des habitants à la recherche d’un après COVID. 

« En prenant soin des vulnérabilités actuelles, nous considérons qu’il est possible de faire évoluer les normes sociales […] tant au niveau local qu’au niveau international », confiaient la philosophe Cynthia Fleury et Antoine Fenoglio, designer et cofondateur du studio les Sismo, et commissaires de l’exposition. Selon eux, il est nécessaire de développer le lien social, l’entraide entre les citoyens et appréhender les besoins pour dessiner « le monde d’après ».

La Maison Folie Wazemmes accueille une soixantaine de POC sur le thème « Prendre soin ». Une idée relayée par les commissaires d’exposition selon laquelle il est indispensable de prendre en considération les angoisses et les difficultés rencontrées par les citoyens. C’est tout l’objet du projet People&Places qui favorise le dialogue avec les personnes seniors. Sous la forme d’un plateau de jeu, chaque senior doit réaliser une photographie de sa vie quotidienne. A partir de cette photo, les acteurs sociaux comme des professionnels de santé ou des associations identifient par exemple les temps d’ennui de sa journée et envisagent des solutions pour les combler tel que des jeux en communauté ou bien des moments de sortie. 

Le bonheur d'être chez soi

La Maison POC Habiter au Baazar Saint So propose différentes conceptions pour réinventer notre chez-nous. « Ce qui compte finalement, c’est que votre maison fonctionne comme vous le souhaitez et que ce soit un endroit agréable », affirmait en 1959 le designer et architecte Ray Eames. Les designers conçoivent des espaces et du mobilier propices à notre confort. Mais pas seulement. Ils visent également d’autres lieux comme le travail et l’espace public pour répandre ce sentiment de bien être en investissant durablement et favorisant les capacités à établir des relations. Ainsi, un projet d’habitat participatif a été lancé dans le quartier Bois-Blancs en 2014 avec des espaces communs, des chambres d’amis, des jardins collectifs, le but étant de permettre aux individus d’échanger ensemble que ce soit en jardinant ou en faisant une partie de cartes. 

Le bien être n’est pas le seul enjeu défendu par les maisons POC. Elles explorent aussi d’autres champs pour faire face notamment aux défis climatiques tels que de nouvelles formes de mobilités (lire aussi comment-ca-vrac). 

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Exposition "Prendre Soin" Maison Folie - Wazemmes & Moulins © Mahault Meunissier

Léa Moreau 

Les maisons durables sont-elles un coup de com’ ?  

En 2018, la ville de Roubaix lance un projet de réhabilitation. Suivant le chemin de Liverpool et Détroit, la mairie a mis en vente 17 maisons abandonnées au prix symbolique d’un euro.

Les enjeux sont multiples, réhabiliter, optimiser l’espace, dynamiser des quartiers et permettre à des foyers modestes d’investir dans l’immobilier. C’est donc un projet social et durable dans le sens où on ne construit pas mais on revalorise.

Bonne affaire ou pas ?

Plusieurs prérequis sont néanmoins à prendre en compte. Les 17 des 70 dossiers sélectionnés ont promis en signant l’acte de vente, de lancer des travaux dès la première année. Ces derniers doivent répondre à un cahier des charges précis et sont réalisés par un architecte imposé. Si la partie esthétique revient au propriétaire, certaines remises à neuf sont obligatoires.

Pour les maisons de 145m2 les montants des travaux a pu s’élever jusqu’à 170 000€. Le prix du mètre carré se situait alors entre 1330 et 1800 euros selon un article de Capital. Tandis que dans le voisinage, le prix du mètre carré d’une même maison est en moyenne 800€.

Même si certains foyers éligibles ont pu obtenir une aide de l’Agence Nationale de l’Habitat, cela reste une somme importante pour beaucoup. Il revient donc aux habitants de savoir s’ils préfèrent ou non une maison neuve.

Après deux ans, tous les propriétaires n’ont pas encore aménagé mais le maire envisage dans les années à venir une nouvelle vague de « maisons à 1€ ». 

 
 
Mahault Meunissier

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