Nos amis les bêtes, victimes collatérales du confinement
En mars 2020, la SPA et les autres associations de protection des animaux ferment leurs portes au public suite aux annonces gouvernementales. Mais ça ne va pas décourager l’adoption d’animaux de compagnie.
Les Français veulent tromper la solitude du confinement en s’accompagnant d’un chien, d’un chat ou d’un Nouvel animal de compagnie (NAC) comme les lézards, les serpents ou les perroquets. Ils privilégient, pour plus de facilité, l’achat en ligne ou en animalerie. Une alternative que la SPA critique car, la problématique de l’abandon, déjà présente avant, a été accentuée par la crise sanitaire.
L’achat en ligne d’animaux de compagnie est, au niveau législatif, très encadré. On ne peut pas vendre la portée de son animal de compagnie si l’on n’est pas professionnel. Pourtant, en réalité, les petites annonces de ventes d’animaux pullulent sur les sites comme LeBonCoin ou ParuVendu. Ces sites n’étant pas contrôlés, le commerce d’animaux en ligne peut cacher du trafic animal. Un trafic qui entraîne des dérives sanitaires, des maltraitances et qui peut, après la vente, entraîner un abandon, l’acheteur n’ayant jamais vu l’animal ou ne connaissant pas ces besoins spécifiques.
L’abandon encadré, c’est quoi ?
L’acte de se séparer d’un animal, tout en suivant la procédure légale de l’abandon : en se rendant en refuges et associations. L’abandon peut être un acte indispensable car des conditions de vie très importantes ont changé et vont affecter le bien-être de la famille et/ou de l’animal.
#StopAnimalObjet
La vente en animalerie, elle, est légale. Mais la SPA dénonce aussi cette pratique d’achat. L’animal est considéré ici comme un objet de consommation comme un autre que l’on peut décider d’acheter sur un coup de tête. Il n’y a pas, du côté de l’acheteur, de recherches sur les besoins de l’animal et, du côté du vendeur, d’assurance que le client est fiable, que l’animal aura un bon lieu de vie. De nombreuses personnes vont aussi en animalerie pour faire un cadeau. Cadeau qui mène souvent, explique la SPA, à l’abandon par des personnes prises aux dépourvues.
#StopAnimalObjet est une pétition en ligne lancée par la SPA pour donner du poids à leur lettre adressée au Président de la République. Elle demande l’interdiction de la vente d’animaux en ligne et l’encadrement strict des annonces en ligne : « Les animaux ne sont pas un objet de consommation. » Une lutte déjà présente dans d’autres pays comme la Belgique, la Grande Bretagne ou l’État de Californie qui ont restreint, voire interdit, la vente d’animaux de compagnie dans les animaleries.
Adoption solidaire et responsable
Pour contrer cette vague d’achats en ligne ou en animaleries, la SPA va, pendant le confinement, continuer les adoptions de certains animaux. L’initiative d’adoption solidaire, mise en place en avril 2020, permet aux personnes voulant adopter de le faire 100% en ligne et de façon responsable. Différente de l’achat en ligne par petites annonces puisque la SPA établit le profil du futur maître. Il doit remplir un formulaire puis passer un entretien téléphonique pour être sûr qu’il sera apte à garder l’animal : être conscient des frais engendrés par une adoption, avoir un domicile fixe et adapté à l’animal…
Au total, la SPA a reçu plus de 26 000 candidatures et 977 animaux ont été adoptés le premier mois. Cette initiative permet en outre à ce que les refuges locaux se vident pour laisser place à de nouveau animaux. En plus de cette initiative, la SPA a tenté de dynamiser les adoptions avec une aide de 175 000 euros au Fonds de Solidarité. De l’argent qui permettra aux plus petites associations de protection animale comme L’Ecole du chat de Roubaix ou L’Association Vénus de Bordeaux de ne pas fermer pendant la crise. Ces petites structures associatives qui se « chargent de stériliser, protéger, soigner et trouver une famille à de nombreux animaux » au niveau local.
Déconfinement = abandon ?
Malgré ces précautions pour des adoptions « responsables », la SPA remarque une augmentation des abandons après le déconfinement et pendant l’été. Surtout l’abandon de NAC qui font le plus souvent l’objet d’achat impulsif sur internet. Le deuxième confinement amène aussi son lot d’abandons. Les Français travaillent et n’ont plus le temps de s’occuper de leurs compagnons.
Malheureusement, l’abandon non-encadré est une infraction qui n’est que très peu condamnée. Classé comme un acte de cruauté, il est puni de 30 000 € d’amende et 2 ans de prison. « Pour qu’un abandon soit condamnable et condamné, il faut (…) que deux éléments soit indispensablement présents : un élément dit intentionnel et un élément dit matériel », explique le site de la SPA. C’est cet élément intentionnel qui rend difficile la condamnation.
Le maître peut par exemple dire que son chien
a fugué et peut aussi refuser de venir le rechercher à la fourrière car il ne supporte plus ses fugues.
« Et maintenant ? »
L’Assemblée Nationale a voté le 27 janvier, les deux amendements portés par Loïc Dombreval visant l’un à l’interdiction, à terme, de la vente d’animaux dans les animaleries et l’autre la restriction de leur cession sur les sites marchands non professionnels. Des dispositions jugées trop faibles par la SPA mais qui montre une véritable avancée dans l’idée selon laquelle l’animal n’est pas une marchandise.
C’est dans l’optique de résoudre le problème à sa racine que la SPA a proposé une modification de loi au gouvernement en octobre 2020. Ils aimeraient interdire la vente des animaux en animalerie et mieux encadrer la vente en ligne.
Petit guide de la famille d'accueil
Vous souhaitez accueillir un animal domestique dans votre foyer mais ne pouvez, ou ne voulez pas le garder tout le temps ? Et si la bonne solution était de devenir famille d’accueil ? Petit guide pratique de celle-ci.
Si vous choisissez cette solution, votre humble demeure se transformera en foyer temporaire pour animaux placés, en attente d’une famille définitive. En fonction de vous, des besoins de l’association ou du refuge auprès duquel vous avez fait les démarches, vous aurez la garde d’un animal. Chien, chat, cheval ou même oiseau. Certains animaux ont en effet des besoins spécifiques. Soins vétérinaires nécessaires, jeunes que l’on doit nourrir au biberon, animaux non sociables, éventuellement dû à un lourd passé… ou tout simplement une surcharge du refuge.
Il n’est pas nécessaire d’avoir une grande maison ou une famille nombreuse. Tout dépend du besoin de l’animal. De plus, vos disponibilités dans l’année sont à fixer avec l’organisme d’adoption.
Une certaine disponibilité est tout de même nécessaire, pour les promenades de l’animal ou pour l’emmener chez le vétérinaire si besoin. À savoir que les soins alimentaires sont, le plus souvent, à charge de la famille d’accueil et les frais vétérinaires pris en charge par l’organisme. Votre foyer doit être stable. Attention à l’entente, pour ceux qui possèdent déjà une boule de poil, ainsi qu’à ne pas trop vous attacher, malgré le fait que l’adoption définitive peut possiblement être envisageable. Là n’est pas le but de la famille d’accueil. Si vous souhaitez être rémunéré, il vous faudra devenir garde d’animaux, ou « pet-sitter », auprès de particuliers.
Malgré le fait que cela reste une « simple » adoption, la décision doit être réfléchie. Renseignez-vous auprès de refuges ou d’associations spécialisées telles que la SPA, pour les démarches à suivre. Nul doute : le foyer offre plus de confort à l’animal qui saura certainement vous redonner le sourire.
Manon Wendling
Rencontre avec Marine Follet et Justin Fontaine, co-gérants du WAF
Vidéo réalisée par Alice Martin