Ces lieux qui permettent de limiter notre consommation de viande
Itsy Bitsy et Végétal & Vous, respectivement restaurant et épicerie, proposent uniquement des produits d’origine végétale, essayant d’être le plus respectueux de l’environnement. En effet, la production et la consommation de viande ont des impacts sur les émissions de gaz à effet de serre et notre santé, sans oublier qu’elles impliquent parfois une maltraitance animale. Quelles solutions à la surconsommation de produits animaliers ?
L’élevage animal est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre, selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La production et la consommation de viande ont effectivement un impact primordial sur le réchauffement climatique et sur, entre autres, la surconsommation d’eau. 50 litres d’eau sont nécessaires à la production d’un kg de viande bovine. De quoi relativiser son envie de manger de la viande.
La FAO indique que la viande est bonne pour la santé grâce à ses protéines, nécessaires au bon fonctionnement du corps humain. Cependant, ces dernières peuvent être retrouvées dans des produits végétaux, qui limiteraient alors les probabilités accrues par la viande de cancers, maladies chroniques et diabète.
Une urgence écologique, sanitaire et animale
L’association L214 le prouve par ses enquêtes : chaque jour, plus de 3 millions d’animaux sont élevés, transportés puis tués en France. L’organisation dénonce les conditions de gestion des animaux dans les abattoirs. C’est notamment ce qu’elle a fait le 1er décembre 2021 en dénonçant les traitements administrés aux porcs dans un élevage de l’Aube fournisseur de l’entreprise de charcuterie Herta. Un an après, la maltraitance animale est-elle toujours la motivation des conscients du danger ?
“C’est la cause qu’on défend à 2000% ici !“, souligne Patrick, gérant de Végétal & Vous, l’épicerie végan située rue Gambetta à Lille. “J’ai ouvert il y a 8 ans, étant moi-même végan. Je travaille avec ma fille, qui partage les mêmes convictions que moi. Il n’existait pas d’épicerie proposant uniquement des produits d’origine végétale à Lille avant.“
Cependant, si le concept de cette épicerie est d’être au plus proche de la réalité animale et écologique, les fournisseurs ne sont pas français. “A Lille, le végan n’est pas bio, en plus de n’avoir aucune possibilité de se fournir à l’échelle locale. Nos fournisseurs sont allemands et anglais.” Reste alors une échelle européenne pour se fournir en produits végans.
Comment différencier les différents modes d’alimentation ici évoqués ?
Être flexitarien, c’est adopter un régime alimentaire dans lequel la viande et le poisson sont des denrées consommées de manière plus ponctuelle et responsable (au sens de production locale). Le végétarisme, le plus courant, est le mode de consommation sans viande. Le végétalien, quant à lui, exclut tout produit animalier de son mode de consommation : plus de lait, de miel ou encore d’œufs. Enfin, le véganisme est en réalité un vrai mode de vie, qui consiste à écarter tout produit issu de l’exploitation animale, comme le cuir.
La possibilité d’un nouveau mode d’alimentation à Lille
Amélie et Mélissandre font partie, avec Patrick, de ces personnes qui ont voulu apporter une nouvelle manière de s’alimenter à Lille. Elles sont les gérantes du restaurant Itsy Bitsy, rue Jeanne Maillotte, créé il y a 4 ans et demi. Leur motivation première n’était alors pas politique. “Une de nous était végétalienne, c’était naturel de se lancer dans cette aventure. En plus, on se rendait bien compte qu’à Lille, il n’y avait pas vraiment d’offre végétalienne. C’était un réel désert.” Si elles tiennent à ne pas se politiser, c’est en partie par crainte de la réputation que pourrait avoir le restaurant. “On a ouvert en même temps que les végétariens qui cassaient les vitrines des boucheries. On a eu peur pour notre affaire !” Et pourtant, 4 ans plus tard, le restaurant a ses habitués : entouré de bureaux, il accueille souvent des collègues pendant leur pause du midi, au profil plutôt flexitarien, tandis que les clients du soir sont déjà végétariens ou végétaliens. “Au début, il y avait majoritairement des femmes et des personnes déjà végétariennes. Maintenant, on a de plus en plus d’hommes et la moyenne d’âge augmente ! C’est un signe que les mentalités s’ouvrent peu à peu, même si souvent, leur conviction est écologique, et oublie la maltraitance animale. C’est surtout que maintenant, personne ne peut dire qu’il ne connaît pas la situation actuelle.“
L’accès à ces ressources n’est pourtant toujours pas accessible à tout le monde. Comment inclure les étudiants, sans se soucier de leur précarité ? Les solutions à la surconsommation de viande sont donc envisageables, mais laissent un suspens : est-il possible d’adopter un mode de vie commun à toutes les tranches de la population ?
Angèle Truchot
Zoom sur …
Un concept adapté aux animaux domestiques
Écarter la viande de l’alimentation de nos amis les animaux, c’est l’idée qu’a eu Victoire Baudin, créatrice de la start-up Fungfeed. Pour ce faire, la jeune entreprise s’est penchée sur l’entomophagie, plus connue sous le nom de consommation d’insectes.
« On sait que 2,5 milliards d’humains consomment régulièrement des insectes. Alors on s’est demandé : pourquoi pas les animaux ? », explique Laurent, membre de l’équipe Fungfeed. Force est de constater que les insectes ont de nombreuses qualités nutritionnelles insoupçonnées.
Majoritairement constitués de protéines et de tous les acides aminés essentiels à l’alimentation des chiens et des chats, ces petites bêtes équivalent totalement à un régime carne. L’autre avantage de l’entomophagie, c’est que 100 % de l’insecte est comestible ; contre seulement 40 % pour le bœuf. « Ça produit bien moins de déchets », affirme Laurent.
Car l’alternative est surtout écologique. Si les insectes ont une plus longue durée de conservation qu’un animal traditionnel, Laurent rappelle que les élever consomme aussi moins de ressources. « On utilise peu d’eau, peu d’espace, et on produit moins de gaz à effet de serre. »
Dans cette aventure, la start-up est en collaboration avec la ferme de la Gontière ; une champignonnière située dans le Nord de la France. Tous ses invendus vont à l’élevage et servent à nourrir les insectes.
Trouvables sur le site de l’entreprise et dans certains magasins Biocoop, les produits Fungfeed sont intégralement français. De quoi réduire son empreinte carbone tout en prenant soin de son compagnon de vie.
Ivanie Legrain