Le ronronnement, vecteur du lien puissant entre hommes et chats
Posted On 10 mai 2021
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À l’aube, le chat se dérobe de sa nuit animée et rejoint son maître encore somnolent. De son pas léger, il se glisse dans le lit de ce dernier pour s’y blottir. Alerté par le poids du félin, l’humain s’éveille. Conciliant, il accueille la bête d’une plaisante caresse le long du cou. Devant tel honneur, l’animal ne peut que s’apaiser. Ses muscles se détendent et un vrombissement se dessine : le voilà qui ronronne.
« À pas de velours, Il vole l’amour, C’est un chat ». Téléphone ne s’y trompaient pas, ces petits félins ont de quoi en rendre fou plus d’un. Ou plutôt, ne pas les rendre fous justement. À l’instar d’autres espèces telles que le puma ou le lynx, le chat a la particularité de ronronner.
Ce mécanisme naturel permet à l’animal d’exprimer ses émotions. Lorsqu’il est en confiance, le chat peut ronronner, sous les caresses par exemple. Dans ce cas, il manifeste son bien-être. À l’inverse, cela peut aussi se déclencher lorsqu’il est stressé. C’est une manière pour lui de se rassurer.
Outre ses facultés auto-relaxantes pour l’animal, le ronronnement apaiserait aussi l’humain. La
fréquence de celui-ci, entre 20 et 50 hertz, est très basse. D’où un son plaisant et relaxant. De là est né la ronronthérapie, un concept qui consiste à profiter de ces vertus curatives. Le contact avec le chat permettrait de soulager l’insomnie, diminuer le stress et l’anxiété.
Le ronronnement déclenche les récepteurs sensoriel humains qui libèrent la sérotonine et l’endorphine. Cette dernière a un effet analgésique et donc des capacités antidouleurs. Le chat aiderait donc les personnes sujettes aux problèmes de santé. Gwénaël Enault, 45 ans et vétérinaire à Tahiti, mentionne aussi les enfants autistes. La présence d’un félin serait rassurante et faciliterait les interactions sociales lorsqu’elle devient une figure familière.
Au-delà du ronronnement en lui-même, il y a quelque chose de plus profond dans la relation chat-humain. Pour Gwénaël, c’est quelque chose de difficile à expliquer : « Ça relève presque du domaine de la psychologie. » Particulièrement en cette période, « le lien avec son animal domestique est très important ». Pour certaines personnes, ce dernier est leur seule compagnie lors des confinements.
Ça peut être le cas des étudiants loin de leur famille. Mais à l’autre bout de l’échelle des âges, les plus anciens aussi sont sensibles à cette présence. Vrai remède à la solitude, l’attachement à l’animal est parfois très fort. « En consultation, certaines personnes âgées déclarent qu’elles aiment autant leur chat que leurs enfants. C’est quelque chose qu’on entend pas si rarement. »
Le chat gagne sa place dans le foyer en comblant une absence, un vide émotionnel auquel un humain peut faire face. Plus qu’un animal de compagnie, il peut devenir un ami et une présence essentielle au bien-être de son maître. Mais la réciproque elle aussi s’applique. Certains chats ne ronronnent pas, lorsqu’ils ont été séparés de leur mère trop tôt par exemple. « À la clinique, on recueille parfois des chatons qui sont trop sauvages et pour qui le ronronnement ne vient pas. » Si l’animal ronronne, c’est donc qu’il a lui aussi pris ses marques et accepté sa place dans le foyer.
Le chat est très attaché à son environnement et l’humain en fait partie. S’il montre moins ses émotions qu’un chien, ce n’est pas pour autant qu’il n’en ressent pas. « Certains chats dépriment lorsqu’ils ne voient plus leur maître. Ils mangent moins et perdent beaucoup de poids. »
De cette douce dramaturgie qu’est la vie, le chat en est bien l’un des acteurs singulièrement important. Tantôt malin, tantôt câlin, il revêt parfois des traits au caractère fort humain. Alors dans un petit moment de doute, n’hésitez pas à lui tendre la main. Ou plutôt la patte.
Axel Daillet
Tout son possède sa propre fréquence. Par exemple, un son grave ne sera pas perçu comme un son aigu, car il ne possède pas la même fréquence. Celle-ci dépend du nombre de vibrations produit dans l’air par l’objet à l’origine du son. Si l’homme peut percevoir des fréquences comprises entre 20 et 20 000 Hz, les basses fréquences (sons très graves) ne correspondent qu’aux vibrations situées entre 20 et 125 Hz. C’est ce que produit, par exemple, le ronronnement du chat. Mais pourquoi réagissons-nous spécifiquement aux basses fréquences ?
A la surface de notre peau, nous possédons des corpuscules de Pacini. Ce sont des récepteurs qui captent les vibrations qui nous entourent. Ils sont particulièrement sensibles aux basses fréquences. Ainsi, lorsqu’un ronronnement est émis, les corpuscules de Pacini déclenchent la production de nombreuses hormones du bien-être dans notre cerveau (endorphines, ocytocines, sérotonine…).
Mais les pouvoirs des basses fréquences ne s’arrêtent pas là. En plus de cette sensation de bien être, elles seraient capables de favoriser la cicatrisation osseuse, ligamenteuse, musculaire, et pourraient limiter les risques de pathologies cardiaques et les cancers. Cependant, tous les effets supposés des basses fréquences n’ont pas encore été scientifiquement vérifiés, et cela ne reste encore que des hypothèses.
Mathis Charrieau
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