Avec l’objectif de retisser du lien entre les habitants d’un quartier, le café-cantine associatif Le Tok’ici a ouvert en septembre aux Bois-Blancs. Ce projet s’inscrit dans une lutte contre l’individualisme, et sa réussite donne de l’espoir.
A l’angle de la rue des Bois Blancs et de la rue Van Oost, de grandes vitres décorées ont remplacé l’ancienne façade crépie du bar PMU le Chiquito, fermé depuis trois ans. Ce renouveau est le fruit de l’association “Au plus vite” et de son intention d’ouvrir un café participatif dans le quartier des Bois-Blancs à Lille.
Né d’une volonté de partage, le Tok’ici voulait se construire via des chantiers participatifs. 70 associés, habitants du quartier et organismes, détiennent le café dans un modèle de SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif). Tous partagent les valeurs du lieu, et prennent les décisions ensemble. Ce café est un lieu créé par les habitants, pour les habitants.
Il a pour projet d’amener de la convivialité, des échanges, de la chaleur entre les habitants… Et ça marche! Presque quotidiennement, la porte s’ouvre, suivie d’un bonjour joyeux et sonore. C’est Malik, client de l’ancien établissement, qui vient au Tok’ici prendre son habituel diabolo menthe.
Un lieu pour tous
“Le public est varié, et tout le monde est accueilli de la même manière.” Clémentine, salariée au Tok’ici.
Un souhait de diversité sociale anime le lieu. Le Tok’ici pense des initiatives qui encourageraient la venue de tous. Leur réflexion tourne en ce moment autour de l’ajout de plats halals à la carte. Clémentine revient sur cette volonté d’adaptation qui traduit leur ouverture: “On essaie de penser à tout le monde. C’est pas encore optimum car l’équipe est encore en construction , en démarrage, ça prend du temps et de l’argent […] . Mais c’est le but, d’arriver à un lieu qui s’inscrive dans la mixité sociale.”
Ce café-cantine propose des produits locaux à ses clients, préparés dans la cuisine derrière le bar. Les modes de consommation sont aussi diversifiés : bar, café, cantine : ils proposent de la restauration le midi, et de la « petite restauration » le soir et les week-ends.
Varier les activités
Le Tok’ici, comme d’autres cafés associatifs lillois, est pensé comme un tiers lieu,
espace collectif visant à mélanger différentes activités pour faire communauté. Le rez-de-chaussée accueille sur ses chaises dépareillées les clients venus profiter d’un repas entre amis ou prendre un café. Le premier étage, encore en rénovation, proposera des salles de réunions et de coworking. Le deuxième est lui loué par une association.
Des évènements seront proposés et mis en place : de la musique, des lectures… Et encore d’autres nombreuses idées proposées par les utilisateurs du café via la fructueuse Boîte à Idées.
Depuis l’ouverture, les habitants du quartier s’approprient doucement mais sûrement les lieux. Les différents groupes de collègues et d’amis qui viennent déjeuner régulièrement en sont la preuve. “On a déjà beaucoup d’habitués qui viennent prendre leur café le matin, ou déjeuner le midi avec leurs clients/clientes. Et même le soir aussi, les samedis soirs on voit beaucoup les mêmes têtes”, explique Clémentine. La braderie de Bois Blanc, le dimanche 9 octobre fut l’opportunité pour les curieux d’enfin pousser la porte. Ceux-ci ont été « enchantés » de la métamorphose du lieu.
Le partage est une valeur encore recherchée par les citoyens. La réalisation de projets comme celui-ci fait éclore des ilôts d’échange, qui offrent une respiration nouvelle aux citoyens, une opportunité de se rassembler à nouveau.
Le partage comme moteur
La récente ouverture du Tok’ici montre que le réseau associatif des cafés lillois fonctionne et se développe. Le Tok’ici a bénéficié des conseils du café des Sarrazins concernant les modes de gestion et d’organisation. Cette entraide entre les différents cafés associatifs de la ville initie un mouvement solidaire, qui se retrouve entre leurs murs.
Les différentes initiatives attirent, et permettent de rendre réels les dispositifs d’entraide. Les cafés suspendus, que l’on peut retrouver dans plusieurs de ces lieux, en sont un bel exemple.
Emma Daran
1 211 - 0 pour le vivre ensemble!
Zoom sur les SCIC.
Comment une société abîmée comme la nôtre peut-elle répondre à l’exigence d’une vie de partage et d’épanouissement ? Les projets passent à la trappe, et nos gagne-pains représentent la dernière chose que nous rêvions de faire. Il y a plus de bâtons que de roues et pourtant, quelques solutions finissent par émerger.
Il est temps de s’adapter et voici une manière accessible de le faire.
Les SCIC, Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif, ouvrent l’opportunité de mettre en œuvre des projets, dans une démarche qui répond constructivement et avec respect aux enjeux actuels.
Salariés, clients, bénévoles, fournisseurs, collectivités, associations ou encore financeurs se retrouvent partenaires de grandes aventures humaines, à condition de les entreprendre de manière efficace et sociale – en termes d’économie – ainsi que locale, solidaire.
Créer ou participer à une des 1 211 SCIC, c’est choisir la mise en commun de nombreux corps de métiers qui, ensemble, veillent au bon fonctionnement de l’activité. L’administration repose sur des bases conventionnelles, soit une forme commerciale, et les impôts qui en découlent. Cependant, l’état d’esprit est singulier car à ces bases viennent prépondérer une mouvance coopérative, implicative. Tous les actionnaires participent à voix égale dans les décisions. Trouver une harmonie entre les différents parti-pris devient maître mot.
Au service de l’humain et de l’intérêt collectif, s’y engager aide à s’approprier intelligemment le goût du vivre ensemble, dans un respect de ses pairs et de l’environnement.
Camille Lebon