Capotes de verre : alliées des étudiants en soirée
Depuis la sortie du Covid, les jeunes Lillois font fréquemment face à de nombreuses agressions dans les bars lillois. Ainsi, DrinkWatch et « Eh ! Mademoiselle » s’activent avec la mise en place de capotes de verre afin de réinstaurer un sentiment de sérénité à Lille.
« C’est dommage que l’on en arrive là », clame une barmaid au Delirium rue Masséna. La drogue dissoute dans les verres (GHB) et les fréquentes dénonciations sur les réseaux sociaux (@Balancetonbar) ont conduit le Conseil lillois de la Nuit, cet organe chargé de la vie nocturne à la Mairie, à agir en donnant deux mille capuchons aux bars.
Une solution inventée par DrinkWatch
Suite aux problèmes de drogues qui se posent depuis plusieurs années, il a fallu trouver une solution. C’est pourquoi Antoine Dehay et son père ont lancé en 2019 un nouveau concept : le préservatif de verre. « Mon père se demandait comment protéger sa fille qui partait vivre en Espagne après avoir entendu des histoires de clients drogués à leur insu dans des bars là-bas. » Après deux ans de recherches, cette nouveauté est apparue comme l’une des solutions au problème. «Il a fallu trouver la bonne usine, la bonne matière. On est donc arrivé à ce capuchon qu’on a développé en novembre 2019. » Fait de silicone dit de « contact alimentaire », matière très élastique, il est possible de le mettre directement à la bouche et de l’installer sur n’importe quel verre. C’est un produit fabriqué en France et réutilisable plus d’une centaine de fois. Ainsi, le concept se développe depuis plusieurs mois autour du globe et les principaux clients restent des jeunes, des associations et des administrations étudiantes. Le marché se développe « partout en France, pour des bars, des festivals et aussi des clubs. Après, il y a aussi des BDE pour des écoles, des universités et aussi des administrations ».
BDE et entreprises au plus près de la jeunesse
Pour solutionner ce problème récalcitrant dans la capitale des Flandres, des collectifs de jeunes s’activent et notamment « Eh ! Mademoiselle » à l’ISCOM. Laura Goisbault, présidente, nous confie que c’est à la suite des dénonciations de « Balance ton bar » à Lille, qu’elles ont voulu agir. Pour se munir de ce dispositif, elles ont collaboré avec DrinkWatch. « C’était encore mieux si l’entreprise était lilloise ! », explique Laura. Dans les faits, sachant « que le dispositif nous plaisait », le mariage avec DrinkWatch a vu le jour. Cent protections de gobelets ont été commandées, l’objectif étant « d’offrir à nos étudiant(e)s une solution adaptée aux problèmes de drogues dans les verres ». Plus encore, elle indique vouloir « rassurer » les étudiant(e)s face à un danger invisible mais aux conséquences non-négligeables à Lille.
La volonté de « Eh ! Mademoiselle » était d’aller encore plus loin en organisant en décembre 2021 une vente de ces dispositifs au sein de l’école. Un franc succès avec en prime une démonstration auprès des plus sceptiques, pour assurer que c’est l’objet à avoir pour allier fête et tranquillité.
Les bars et jeunes s'unissent
Si les agressions se passent dans des bars, souvent dénoncés par « Balance ton bar », certains agissent pour rétablir un état de sérénité. Pour le bar Le Délirium, une serveuse trouve « dommage qu’on en arrive là » au sujet des capotes de verre. Toutefois, cela « représente un surcoût » à ne pas négliger.
Dans un autre bar, la réponse est univoque « c’est une bonne chose ! » Il regrette cependant le fait « qu’il faudrait que ça se démocratise plus auprès des jeunes » afin de prémunir au maximum les agressions. Bien que ça ne soit pas un argument de rentabilité car « vendu au prix d’achat ou même données », le gérant du bar précise faire cela « pour le bien des gens ».
Lino Viale
ZOOM
ZOOM sur le GHB, la drogue du viol
Qu’est-ce que c’est ?
Le GHB, ou plus précisément « Gamma-Hydroxy-Butyrate » est une drogue de synthèse aux propriétés sédatives. D’abord, utilisé à des fins médicales, cette molécule a été détournée à des fins récréatives. Conditionné sous forme de poudre blanche soluble ou liquide, le GHB est le plus souvent administré par voie orale. Cette drogue pénètre rapidement dans le cerveau et induit une forme de sommeil.
Quels sont les effets ?
Cette drogue, incolore, est imperceptible au goût. Dans une publication d’il y’a presque 20 ans, L’INSERM indiquait que « ses propriétés sédatives, anxiolytiques et euphorisantes ont détourné ce composé de ses indications en thérapeutique, pour une utilisation à des fins récréatives et une consommation illicite ». Plus précisément, le GHB produit une sensation d’ivresse incontrôlable. Cela peut aussi déclencher des nausées et vomissements, jusqu’à un sentiment de sommeil profond.
Les effets se font ressenti très vite, dès 15 à 30 min après l’absorption de cette drogue et durent environ une heure, voire plus. Pour beaucoup de personnes, le GHB déclenche un effet « trou noir ».
Que faire si une personne est intoxiquée ?
Lorsque le GHB est incorporé dans le corps, l’individu en question doit se rendre au plus vite à l’hôpital et se faire dépister. Les difficultés de détection du GHB tiennent de la rapidité de sa disparition notamment.