Au Bus Magique, des activités pour sensibiliser à la transition écologique
De juin à octobre s’est tenu au Bus Magique, une péniche associative à Lille, le festival de la transition écologique. Bruno, l’un des organisateurs, ainsi que les bénévoles souhaitent prolonger les actions menées lors de l’événement, afin de poursuivre la sensibilisation des citoyens au changement climatique.
« On finit ce soir par Extinction Rébellion et une formation sur la désobéissance civile. » Le 27 octobre, Extinction Rébellion est venu présenter ses actions sur la désobéissance civile non violente pour marquer la fin du festival de la transition écologique au Bus Magique. Une formation à la désobéissance civile non violente était organisée et a attiré plusieurs intéressés par le sujet. « La violence peut être verbal, non verbal, physique, structurée, culturelle », explique les deux intervenants du mouvement pour présenter leurs actions. Du médiactiviste au bloqueur, plusieurs rôles sont proposés pour se mobiliser. La désobéissance civile apparaît alors comme un moyen de montrer son mécontentement face aux inactions contre le changement climatique. Elle permet d’alerter les citoyens sur l’enjeu actuel mais aussi de pousser les gouvernements à agir et présenter des solutions pour favoriser la transition écologique. L’idée est ici de montrer les alternatives possibles et souvent méconnues des citoyens en faisant venir des professionnels. « Nous ne sommes pas des experts. On reste des bénévoles », explique Bruno pour qui le but des actions est alors de concrétiser des projets et des solutions.
Basée à la citadelle, la péniche se mobilise à son échelle pour présenter des ateliers, évènements et solutions pour appréhender au mieux les problèmes actuels de la société. L’objectif des événements organisés est de proposer des alternatives, des activités avec un angle différent afin de questionner les enjeux de notre époque. On y trouve des préparations de repas vegans et sans gluten à base de produits locaux et bio, des expositions photographiques, des cours de danse, ou encore des ateliers de discussion. Le festival de la transition écologique en fait partie.
Se mobiliser à son échelle
« Nous n’avions pas encore énormément d’événements sur l’écologie, on en faisait un peu mais c’est quelque chose qu’on voulait renforcer », indique Bruno. Chaque semaine symbolisait un thème spécifique, « il y a eu une semaine sur l’alimentation qui s’est concrétisée soit par une conférence, un film ou une association qui venait ». Des associations ont répondu présent pour sensibiliser les citoyens aux enjeux environnementaux. C’est le cas de l’association Transition 360, qui a proposé un débat sur l’écologie et les émotions personnelles suscitées par la crise climatique. Les interventions permettent aussi de sensibiliser à l’action collective et locale, de réfléchir à des solutions en groupe.
Des ateliers de récupération textile pour réaliser des protections menstruelles, la réalisation d’une fresque du sol, de la sensibilisation aux zéro déchet, de la réparation de vélo… sont autant d’activités que de façons de valoriser toutes les possibilités qui existent déjà. « Nous n’avons pas une solution mais des morceaux de solution. On a des gens qui veulent faire des choses ensemble. »
Ces activités, qui à première vue paraissent simples, ont ici une valeur particulière. Elles permettent de discuter des enjeux, de trouver des solutions ensemble aux problèmes et de les appliquer dans la vie de tous les jours pour les citoyens. Le collectif donne du sens aux activités proposées au bus magique et les différencient de ce qui peut être proposé dans d’autres lieux. Elles donnent à penser différemment ce qui se passe actuellement dans le monde. Les citoyens en participant aux activités et en trouvant des solutions se réapproprient leur capacité à agir dans le monde et à leur échelle. « Il y a des bénévoles avec qui ont fait un potager. L’idée est de verdir le lieu et de faire un refuge. C’est déjà en tant que petit lieu où les gens se réunissent et où on peut faire des choses ensembles », indique Bruno.
Concrétiser et pérenniser les solutions
Pour les organisateurs, le festival permet de toucher un public très large, de leur apporter la possibilité de s’informer face aux enjeux et de trouver des solutions collectives. « Les associations qui viennent présenter leurs produits réalisent des ateliers pour viser des familles, des enfants, des personnes avec des catégories sociales différentes. » Le festival aide à parler du changement climatique, de la transition écologique, et se veut comme un événement de concrétisation et de pérennisation des solutions.
Bruno et les autres organisateurs souhaitent que le festival soit une « rampe de lancement » et qu’il permette de pousser les citoyens à faire plus, à comprendre les enjeux, et à trouver des solutions ensemble. L’idée est de continuer la sensibilisation à la transition écologique et ne pas en faire qu’un événement ponctuel.
Roxane Guesdon
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Extinction Rébellion
Extinction Rébellion, fréquemment abrégé en XR, se définit comme « un mouvement international de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le dérèglement climatique ». Fondée en 2018 par des militants écologiques britanniques, le dessein de l’association est de contraindre sans violence par la mobilisation collectif les gouvernements à agir face au changement climatique. Les branches se multiplient ensuite rapidement à l’international.
L’organisation défend d’être aujourd’hui présente sur les 5 continents avec des antennes dans plus de 80 pays différents. En octobre 2019 Radio France International annonce que l’organisation regroupe plus de 100 000 militants.
Le 26 octobre 2018 une tribune signée par une centaine d’universitaires qui affirme leur soutien au mouvement est publiée dans le journal anglais The Guardian. XR est officiellement lancé à Parliament Square le 31 octobre 2018 par un millier de militants et une déclaration de rébellion. L’appui du monde universitaire ne cesse de croître. En 2019, plus de 500 chercheurs de Suisse, Belgique, France et Australie médiatisent leur agrément.
À la suite des multiples confinements et à une meilleure préparation des forces de police le mouvement « peine à trouver un nouveau souffle », selon le quotidien Libération. Les acteurs cherchent donc à multiplier et diversifier leurs mobilisations, toujours guidées par la désobéissance civile non violente. Ils investissent des lieux symboliques comme des aéroports, des golfs, des dépôts d’entreprises productrices d’énergies fossiles, le salon de l’automobile à Paris ou encore le musée Porsche en Allemagne. Le 5 novembre dernier deux militantes se sont collées les mains à des œuvres du peintre Francisco de Goya au Prado pour dénoncer de nouveau l’inaction des pouvoirs publics. Gagner en effectif est vital pour le mouvement dont la marque de fabrique est la désobéissance civile massive.
Elliot Morlong
La désobéissance civile : qu'est-ce que c'est ?
Du refus de Rosa Parks à céder sa place dans le bus aux tableaux de Monet et Van Gogh aspergés de sauce tomate, les actions de désobéissance civile peuvent prendre toutes les formes. Mais cette idée de la désobéissance civile comme moyen d’action pour une cause, ça vient d’où ?
Sarah Letessier