La réalité virtuelle pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles
Posted On 18 novembre 2022
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Inciter les jeunes à “se mettre à la place des autres” pour améliorer l’empathie se trouve au centre des programmes de réalité virtuelle développés par Reverto. Cette entreprise a imaginé à travers un casque de RV la simulation d’une agression sexuelle mettant l’utilisateur en situation réelle. Afin de sensibiliser les jeunes, l’organisme coopère avec différents établissements scolaires tels que L’École de Mines de Saint-Étienne, qui témoigne de cette innovation.
Dans le programme de Reverto pour la lutte contre les VSS, l’utilisateur incarne Léa virtuellement, une étudiante qui fait face à des attitudes abusives de la part de ses camarades. “Il s’agit d’une expérience particulièrement difficile sur le plan psychologique, mais utile car nous apprenons à agir et à réagir dans des situations difficiles“, témoignent les participants de ces journées de sensibilisation. Le scénario proposé a été créé à partir de témoignages d’étudiants de l’Institut Mines Telecom et s’inspire de la vie quotidienne au sein de la communauté étudiante. À une époque où les jeunes sont confrontés de plus en plus tôt à la pornographie, il semble indispensable de redessiner les contours d’un comportement sain.
Le projet de Reverto repose sur l’effet “Proteus” qui met en évidence que les utilisateurs modifient leur comportement dans le monde virtuel en fonction de l’avatar qu’ils incarnent. “Quand on incarne un personnage, on a tendance à s’approprier ses caractéristiques, et on utilise ce levier pour renforcer l’empathie des personnes“, explique Manon Bruncher, directrice générale de l’entreprise. Reverto élargit son public en proposant également ce matériel éducatif aux entreprises qui organisent des séminaires dans le cadre de la lutte contre la discrimination et les VSS.
Le milieu scolaire joue un rôle central dans la construction des jeunes et les méthodes d’apprentissage sont en pleine évolution d’où l’intérêt grandissant pour les nouvelles technologies. La réalité virtuelle suscite un vif intérêt. “L’impact est bien plus grand lorsque l’on vit une expérience de ce genre, elle laisse imaginer le ressenti d’une victime en situation réelle“, ajoute Christine Jamen, directrice des ressources humaines de l’École des Mines.
Le programme développé par Reverto est alors vu comme une innovation dans la lutte contre les VSS rappelant l’importance du consentement, du respect de soi et d’autrui, il laisse entrevoir des résultats positifs sur le jeune public. Mais si elle permet de mieux identifier les situations de violences et donc de mieux réagir, il semble nécessaire de développer des dispositifs qui s’attaquent à l’origine du problème.
Les étudiants ont le droit de vivre et d’étudier dans un environnement exempt de toute forme de violence, et il est particulièrement important que l’institution elle-même inspire un sentiment de confiance dans la protection de leurs droits. Depuis le début de sa présidence, le gouvernement d’Emmanuel Macron a mis en place des dispositifs pour rétablir l’égalité hommes/femmes. Alors que les notions de respect et de consentement ne semblent pas encore acquises, le travail d’éducation contre les VSS s’impose d’autant plus chez les jeunes.
Marianna Spiliotaki
Une étudiante sur vingt victime de viol : le rôle primordial de
la prévention
Le 12 octobre 2020, l’observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes (VSS) dans l’enseignement supérieur publiait son rapport intitulé “Paroles étudiantes sur les violences sexuelles et sexistes”. Le questionnaire ayant reçu plus de 10 000 réponses montre qu’une étudiante sur 10 a déjà été victime d’agression sexuelle et une étudiante sur 20 de viol.
Cette enquête d’initiative étudiante pour les étudiants intervient dans une période de libéralisation, notamment sur les réseaux sociaux, de la parole des victimes. Entre #MeToo, #SciencesPorcs et, plus tôt, la Ligue du LOL, le manque de données concernant les VSS dans l’enseignement supérieur se faisait cruellement ressentir.
Majoritairement sous l’emprise de l’alcool et sous l’effet de groupe, ces VSS prennent différentes formes. On parle dans ce rapport de viols, de violences sexuelles mais aussi de violence verbale, trop souvent banalisée.
Alors que seules 11% des personnes interrogées indiquent avoir informé leur établissement de ces faits, le manque de prévention et de sensibilisation peut parfois mener au pire.
“Il y a une très forte demande d’une communication massive sur le sujet des violences sexuelles et sexistes dans un but d’éducation et de sensibilisation“, remarque l’Observatoire dans son rapport. “Les étudiantes et étudiants attendent des établissements un engagement clair et concret sur ces sujets” et veulent “un lien direct et concret” entre eux et leurs établissements. Éduquer pour apprendre à définir et à reconnaître une agression peut sembler inutile mais est pourtant indispensable quand on sait qu’un.e étudiant.e sur cinq ne connaît pas la distinction entre agression sexuelle et harcèlement sexuel.
Au travers de la sensibilisation, l’Observatoire espère une prise de conscience et une meilleure prise en charge des VSS, à commencer par les établissements supérieurs eux-mêmes.
Audrey Royer
Le théâtre forum est un outil puissant pour aborder des sujets de société tels que les violences sexistes et sexuelles (VSS). Matthieu Anquez et Loïc Warlop du collectif Médiation Actives et Théâtre interviennent auprès d’étudiants et étudiantes lors de journées de sensibilisation et prévention organisées par l’Université de Lille.
Une vidéo réalisée par Lauren Settepani
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