La Maison Emilie est un foyer d’accueil pour personnes en situation de handicap, géré par l’association Au fil de la Vie. Il se situe à Malmerspach dans le Haut-Rhin (68) et offre une capacité d’accueil d’une quarantaine de résidents. Josiane Jehlen, retraitée et ancienne aide médico-psychologique (AMP), voit ce foyer comme une grande famille.
Josiane a exercé ce métier pendant 8 ans de 2013 à 2021 et en parle aujourd’hui avec toujours autant d’amour et d’émerveillement. Les résidents que Josiane accompagne ont entre 18 et 65 ans, des adultes avec différents handicaps : des déficients intellectuels sévères, de l’autisme, de la trisomie… Elle décrit La Maison Emilie comme « une structure assez petite où on se sent en famille, c’est votre lieu de vie ». Petite structure mais ils sont également accompagnés par d’autres professionnels, des psychologues, des psychiatres, des infirmières, des chefs de service… Il y a des réunions toutes les semaines pour faire le point sur les résidents et une réunion pluridisciplinaire une fois par mois. « Les résidents étaient bien accompagnés mais nous aussi, l’essentiel était d’être à l’écoute des besoins de chacun. »
L’ÉDUCATION PAR L’HUMOUR
Sa technique à Josiane, c’est l’humour : « Je me suis beaucoup servie de mon expérience théâtrale. J’ai commencé au collège, j’ai fais beaucoup de stages théâtraux. J’ai fais du clown dans les hôpitaux et je me suis beaucoup servi de l’humour pour désamorcer plein de situations. C’était vraiment un atout, j’ai toujours gardé mon âme d’enfant. » Elle précise : « Attention, c’était des adultes dont je m’occupais, il ne s’agissait donc pas de les traiter comme des enfants, mais l’humour ça aide, à n’importe quel âge. »
COMMENT ABORDER LES PROBLÉMATIQUES DE LA VIE ?
La sexualité, par exemple, a longuement été abordée durant notre entretien, comment gérer cela ? À cette époque, dit-elle, c’était encore assez « tabou », les avis entre ses collègues étaient partagés. Elle, se dit « choquée », que c’est « une réalité et que ce sont des êtres humains comme vous et moi, qu’ils ont le droit d’avoir des besoins, des envies de vivre… ». Suite à cela, explique-t-elle, ils ont mis en place, avec des psychologues, des après-midi dédiés à cela. Ils ont également pu investir dans du matériel comme des poupées asexuées. Tout ceci sur la base du volontariat. « Ceux qui voulaient venir à ces réunions venaient, c’était une fois par semaine, ils pouvaient poser toutes sortes de questions. Suite à quoi, certains résidents se sont trouvé.e.s des petit.e.s ami.e.s et vivent aujourd’hui ensemble dans l’établissement. »
D’UN HUMAIN À UN AUTRE
« Je me suis intéressée à la méthode humanitude, à la manière dont on s’adresse aux résidents, je travaillais avec mon cœur et sa sincérité. Certains professionnels ont tendance à coller des étiquettes, par exemple si un résident fait une crise une fois il sera considéré comme un résident problématique alors que non, tout le monde a le droit de péter son câble. J’ai toujours essayé de les voir non pas comme des résidents mais comme des inconnu.e.s que j’allais apprendre à connaitre, sous tous leurs aspects et sans préjugés. » Ce qui l’a toujours attirée dans ce métier, c’était ce rapport à l’humain et à cette sincérité : « J’ai beaucoup de mal avec l’hypocrisie et je ne le vis pas toujours bien dans ce monde et ces personnes ont beaucoup de leçons à nous donner, elles n’ont pas de filtres, elles sont sincères, si elles veulent se plaindre, elles se plaignent. C’est cette sincérité de cœur que j’admire. »
QUELQUES CHIFFRES CLES:
Selon le rapport de 2021 de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA), oncompte 2 750 000 personnes en situation de handicap qui souffrent d’une limitation fonctionnelle, 2 050 000 d’un ressenti du handicap et 2 450 000 bénéficient d’une reconnaissance administrative du handicap.
Le rapport annonce également un budget de 32,2 milliards d’euros consacré pour soutien à l’autonomie des personnes âgées et en situation de handicap en 2021, dont la CNSA constitue la principale contribution financière. Ce chiffre est en hausse, avec une augmentation de 81% entre 2006 et 2020.
L’intégration des personnes en situation de handicap dans la vie active évolue également de façon favorable avec 43% des détenteurs de la reconnaissance administrative du handicap ayant un emploi. Nous constatons également une nette augmentation du nombre d’enfants en situation de handicap dans le premier et le second degré depuis les années 2000, cependant, 17,6% d’entre eux étudient dans des établissements spécialisés.
505 273, c’est le nombre de places en établissement et services pour accompagner les personnes en situation de handicap, ce chiffre demeure néanmoins trop faible face à la demande et difficile d’accès avec une attente de traitement de dossier de 4 mois.
Vidéo
Maëva, étudiante, est née avec une diplégie spastique marchante avec atteinte du membre supérieur gauche. Un handicap atteignant la motricité de ses jambes et de son bras gauche. Un handicap invisible mais bien réel.
Nous sommes allés à sa rencontre, voici son portrait: