La jeunesse milite et s’exprime avec l’art grâce à Youth is Great
A l’occasion de la 8e édition du festival « Youth is great », le théâtre le Grand Bleu, situé à Bois Blanc, propose une programmation multidisciplinaire de représentations autour de la jeunesse, avec pour volonté d’offrir un espace d’expression et de rencontres. Le festival a eu lieu du 1er au 21 avril, une période durant laquelle la nouvelle génération s’est emparé de l’art du spectacle vivant pour faire entendre ses joies, ses angoisses, ses revendications et ses luttes.
Ces dernières semaines, la jeunesse tente de se faire entendre. Les manifestations qui s’étendent partout en France sont portées en grande partie par une jeunesse révoltée. Elle fait face à de grands enjeux, des combats et problématiques sociétales, elle angoisse quant à un avenir incertain. Elle se révolte, se mobilise, se questionne, et s’affranchit des normes. Mais qu’il est fatiguant de se faire entendre par des adultes aujourd’hui un peu trop sourd, lointain des tourments de leurs enfants. C’est bien connu, une discussion entre un sourd et un muet n’est jamais bien concluante. Il faudrait alors penser à un autre langage, un chemin de communication alternatif. Le spectacle vivant est un moyen de transmettre ce que le langage perd dans sa communication : la singularité d’une émotion et d’un état d’âme.
Ouvrir la voix
« Youth is great ! » : on ne vous le fait pas dire, la jeunesse est formidable, et il est grand temps de le crier à tout le monde. C’est dans une ambiance de fête, de bienveillance d’ouverture à l’autre que le Grand Bleu accueil ce festival. Le Grand Bleu et son directeur, Grégory Vandaële, ont créé ce festival aux représentations artistiques multiples dans le but d’offrir un espace d’expression, de lutte, et libération pour la jeune génération. Le théâtre, la danse, le cirque : toutes ces formes artistiques sont mobilisées.
Le Grand Bleu est un espace avec une scène tournée vers la nouvelle génération, avec une proposition d’activités éducatives et abordant des questions sociétales. Par exemple, la représentation « Crari or Not », le jeudi 13 et vendredi 14, proposait une rencontre entre l’ancien et le moderne, le théâtre et la réalité virtuelle s’assemblaientt afin de s’exprimer sur l’adolescence et le poids du regard des autres à cet âge.
Hugo, étudiant en deuxième année à la Fac, entame aussi sa seconde année consécutive comme acteur au Grand Bleu. Il explique que le théâtre est un bon exercice afin de prendre des habitudes d’éloquence. « Le théâtre m’a toujours aidé pour la prise de parole en public et pour porter ma voix », et selon lui, tout peut être abordé avec le théâtre, les pièces même les plus anciennes peuvent être revisitées, les acteur.ices et metteur.euses en scène se réapproprient les écrits et planches de la scène.
Le grand Bleu et son festival “Youth is great!” permettent d’enclencher une démarche de réflexion, de l’enfant à l’adolescent, et l’accompagne dans sa recherche d’expression. Le spectacle « Ovair the Top » combinait conférence, comédie et cours de fitness le 6 avril, afin de se battre contre les inégalités de genre. Pascal et Véronique étaient des coachs sportifs dopé.e.s à la littératures féministes et ont fait suer toutes la salle. Le message était clair: le féminisme était un véritable combat.
C’est un véritable langage de corps en ébullition sur scène, le visage en pleine lumière, les regards braqués sur tous ces talents en effervescences.
Le retour du dialogue
Un espace pour les jeunes, oui, mais c’est bien sur un spectacle pour tous.tes ! Du plus jeunes au plus agé.e, tout le monde se parle, tout le monde échange entre les représentations du festival « Youth is Great ! ».
La représentation théâtrale semble avoir touché tous les spectateur.ice.s. L’énergie a débordé de la scène de théâtre pour se loger dans les esprits et les cœurs, et se ressent lors de l’entracte. Des parents viennent avec leurs enfants, les enfants ont amené leur parents et grands-parents, le titre du festival résonne dans toutes les oreilles : le dialogue serait-il réinstauré ?
C’est ce qu’espère le directeur du théâtre : « C’est important que la parole de l’enfant ou adolescent soit prise en compte, dans un monde où on ne les entend que très peu, confie-t-il. Quand on est petit, on est accompagné de ses parents ou enseignant.e.s ». Le festival convie tout le monde à se rendre aux représentations, à discuter du message engagé qui y est transmis via l’espace théâtral. Le spectacle vivant dans toute sa diversité propose à son audience ce dialogue perdue entre génération.
Un espace de rencontre
Grégory Vandaële explique que l’objectif de ce festival se base sur la création d’une programmation spécifique à la jeunesse, et il est donc nécessaire d’aller à sa rencontre. Pour cela, l’artiste ne vient pas se nourrir de ses propres souvenirs d’enfance dans le processus de création, mais des enfants et adolescents qui font vivre et bouger le Grand Bleu. Des ateliers pratiques artistiques sont organisés par le théâtre afin d’instaurer un échange entre le.a metteur.euse en scène, et qu’ainsi les problématiques que les enfants rencontrent soient traités lors des représentations. Grégory Vandaële partage qu’en créant ce festival, il avait pour souci de faire entendre ce que la jeunesse d’aujourd’hui a à dire. « Ce festival est le point d’orgue de toutes leurs créations participatives : les jeunes gens participent à des projets de création tout au long de l’année, que le Grand Bleu présente lors du festival. » explique-t-il.
Le festival se déplace aussi. En effet, « Youth is Great » ne se produit pas qu’au sein de l’établissement du Grand Bleu, mais se déplace aussi dans des établissements scolaires et des milieux associatifs. Le premier pas est fait des deux côtés, la scène n’attend plus qu’à sentir sur ses planches les pas déterminés d’une nouvelle génération bouillonnante.
Olivia Bagarry
Pour en savoir plus sur la programmation, vous pouvez vous rendre sur le site du festival :
https://www.legrandbleu.com/festival-youth-is-great/
Le Grand Bleu, un théâtre consacré aux nouvelles générations
Le Grand Bleu, établissement culturel implanté à Lille dans le quartier des Bois-Blancs, propose une “programmation artistiques pluridisciplinaire émancipatrice destinée plus particulièrement aux nouvelles générations“. Rencontre avec Gregory Vandaële, directeur du théâtre le Grand Bleu.
Juliette Alfano
Les théâtres lillois face au gouvernement
Mars 2021, en pleine période de « guerre sanitaire », les professionnel.le.s du spectacle et de la culture se mobilisent contre la fermeture des salles et mettent la pression à Roselyne Bachelot, à cette époque, ministre de la Culture.
Le Théâtre du Nord a mené la danse à Lille à partir du 11 mars 2021 : au début, une vingtaine de professionnel.le.s étaient présent.e.s, puis des étudiant.e.s lillois.e.s ont rejoint le mouvement.
Leurs revendications ? Le retrait de la réforme de l’assurance chômage et la réouverture des lieux de culture.
L’occupation déménage par la suite au Théâtre Sébastopol puis revient quelques jours après au Théâtre national du Nord. Pendant plusieurs semaines, les « interluttants » comme les appelle la Voix du Nord, occupent ces lieux de représentations avec le soutien total de David Bobbé, le directeur du théâtre.
Un deuxième mandat de Macron plus tard, une nouvelle réforme et un onzième 49.3 de la part d’ Elisabeth Borne, le peuple français se révolte à nouveau contre son gouvernement. À Lille, après des manifestations, sauvages ou non et quelques bloquages, un nouveau théâtre s’est vu occupé. Pas un théâtre national cette fois-ci mais le Théâtre des Passerelles du campus Pont de Bois à Lille. Depuis le 27 avril, les étudiant.e.s du campus des humanités, mais pas que, se sont mobilisé.e.s au sein même de leur établissement. Devenu un lieu de vie, d’échanges mais surtout de militantisme, la jeunesse fait entendre sa voix et ses revendications, encore une fois dans ce lieu de représentation. C’est après le centième 49.3 de la Ve République que le gouvernement d’Elisabeth Borne a fait passer la réforme qui augmente l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Après de nombreuses manifestations et grèves, les jeunes ne veulent pas se voir pénaliser à cause de leur mobilisation. La mise en place de notes paliers ou d’un semestre blanc est donc demandé. Cela fait suite également à de nombreuses revendications étudiantes comme la suppression des BCC, le dégel des bourses ou même l’augmentation des APL.
Le peuple s’exprime et à Lille, c’est au théâtre qu’il se révolte.
“L’art sauvera le monde”
Fiodor Dostoïevski
Bahia Amallal