La médecine préventive pour appréhender l’avancée en âge

by Gaëtan Guérin
Le centre de prévention Agirc-Arrco situé à Lomme, propose d’effectuer dès l’âge de 50 ans, un bilan global et personnalisé quant aux risques de santé physique et psychologique liés à l’avancée en âge. A l’issue d’un entretien d’une heure avec un médecin et un psychologue, le bénéficiaire reçoit des informations détaillées sur ses atouts et ses facteurs de risque, ainsi que des conseils personnalisés afin de l’aider à adapter son comportement.

Pour faire face à l’augmentation du nombre de personnes âgées concernées par des fragilités ou une perte d’autonomie, le centre Agirc-Arrco a anticipé cet enjeu sociétal pour lequel il convient d’agir le plut tôt possible. Le centre est une complémentaire de retraite, il suffit d’avoir cotisé une demi-journée minimum à Agirc-Arrco pour pouvoir bénéficier d’un bilan. Par ailleurs, tout bénéficiaire d’un bilan peut en faire bénéficier le conjoint, les parents et les enfants.

En 2021, 720 000 personnes sont devenues retraités, 618 000 ont pu toucher le bilan de prévention soit 85% des personnes concernées. (Source : Site Web : Agirc-Arrco). C’est ainsi qu’au cours d’un bilan, proposé tous les trois ans et gratuit, est réalisée une consultation médico psychologique de deux heures.

Pour Didier Delobelle, médecin directeur au sein du centre de prévention Agirc-Arrco des Hauts-de-France, cette consultation va permettre de « faire ce qu’un médecin généraliste ne peut pas faire pendant un quart d’heure ». En effet, au cours de ces deux entretiens, le but est de permettre au patient de libérer la parole quant aux problèmes qu’il rencontre. Il peut s’agir de problèmes médicaux tels que des vaccinations, des facteurs de fragilité, mais aussi psychologiques et sociaux comme des antécédents familiaux, des habitudes de vie, des interactions sociales… Ici, « on soulève le tapis et on décèle les problèmes. Une fois le problème trouvé, on va orienter le patient vers un bilan complémentaire ou bien proposer des méthodes et des conseils pour améliorer les difficultés qu’il rencontre ».

Un échange basé sur l’information

Depuis la récente crise sanitaire, les mesures imposées par les autorités comme le port du masque obligatoire, l’accès restreint aux personnes non-vaccinées, ont remis en cause le consentement des bénéficiaires quant à leur choix d’adhérer ou non aux décisions médicales. La médecine préventive du centre met en place des propositions de prise en charge et de conseils personnalisés. 

Le bénéficiaire de la consultation dispose de son libre-arbitre, rien ne lui est imposé. Ce bilan est l’opportunité de se poser les bonnes questions et de comprendre les causes de ses problèmes médico-psychologiques. Le patient sera informé quant aux risques qu’il encoure, s’il ne souhaite pas se prévaloir des informations qu’on lui soumet. Le docteur Delobelle explique : «  Le patient est complètement libre de faire ce qu’il veut une fois qu’on l’a prévenu. On ne le souligne pas forcément mais le développement des maladies est dû à 90% au mode de vie et seulement 10% par la génétique. Par exemple, boire un litre de Soda par jour pendant dix ans augmente fortement le risque de développer un diabète sans intervention génétique. »

"On soulève le tapis et on décèle les problèmes."
Didier Delobelle
Médecin-directeur du centre de prévention Agirc Arcco des Hauts de France

Des retours satisfaisants

Bien qu’il n’existe pas de données chiffrées concernant l’efficacité des centres, dans sa globalité, les résultats  lommois sont plus que favorables pour les bénéficiaires. Les suivis sont propres à chaque individu ce qui permet de prévenir et de mettre en place des activités ciblées. Des personnes, même les plus réfractaires, ont tout de même estimé que ces bilans avaient eu un intérêt pour eux, ne serait-ce que de recevoir des infos sur leur état de santé. « Que de satisfaction que d’avoir un retour de bénéficiaire. J’ai l’exemple d’un monsieur, en rupture familiale. On a un échangé pendant une heure, repérés avec l’équipe ses fragilités. On l’oriente, il accepte ce qu’on lui propose de faire et un an après, nous a remercié. Il a renoué le lien avec ses enfants, s’est pris en charge, a arrêté de fumer. »

Victorien Ledoux

Photos Le Châtillon

Zoom : Mieux vaut prévenir que guérir 

Après 50 ans, les problèmes de santé se multiplient et ont des conséquences plus importantes. Certains maux, sans symptômes peuvent parfois se révéler importants, et les centres de prévention tels que Agirc-Arrco, permettent de déceler ces derniers. 

Jean-François, récent sexagénaire, révèle regretter de n’avoir pas fait appel à ce type de service quelques années plus tôt afin de prendre connaissance de problèmes cardiaques, qui aujourd’hui lui posent souci. « La santé devient un problème quand on n’y fait pas attention. » Aujourd’hui, il conseille à toute personne d’effectuer ce type d’examens, selon lui : « Le risque zéro n’existe pas. » Ses problèmes cardiaques l’empêchant d’exercer sa profession dans le BTP, il pense se réorienter à contrecœur pour ses dernières années de travail. 

Cependant, le problème majeur que semble présenter ce système est le manque de médiatisation, le très grand public n’est pas assez informé à propos de ces aides. C’est ce que déplore Maryline, cinquantenaire qui jusqu’alors n’avait aucune connaissance de l’existence de centres de prévention destinés à sa tranche d’âge. Elle avoue ensuite être intéressée par un entretien afin de ne pas le regretter une fois un pépin découvert.

Pour éviter toute mauvaise surprise, il est désormais important de se livrer à des examens de ce type, les problèmes psychologiques n’étant pas négligeables non plus. Passé un certain âge, des fragilités sont vite arrivées, et les repérer est le meilleur moyen de les empêcher.

 

Alexis Mauhourat

 
Discussion avec Coleen Lane et Solenne Durand, psychologue et médecin au centre Agirc Arrco de Lomme

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