Depuis 1996 au sein de la métropole de Lille, l’association AFEV (Association de la Fondation Étudiante pour la Ville) œuvre pour lutter contre les inégalités sociales et éducatives en adoptant l’accompagnement individuel.
Le mouvement naît, en 1992, avec la volonté des étudiants de Nanterre d’aider les jeunes habitants de leur quartier universitaire. L’aide se structure sur le principe du mentorat. Trente ans plus tard, l’association comptabilise plus de cinq cents salariés et plus de dix-huit mille étudiants, pour autant d’enfants aidés. De plus l’AFEV possède des pôles dans certaines villes européennes comme Barcelone, Milan, Valence, etc.
Une éducation différente
Tout au long de sa vie, l’humain est inclus dans un groupe. En famille, en classe, au travail, etc. Dès le plus jeune âge, l’éducation est collective. Ainsi, il peut paraître compliqué de répondre aux problématiques et aux difficultés d’un élève. L’AFEV collabore avec les collèges et lycées puisque ce sont ces derniers qui ciblent et orientent les enfants vers l’association. Betty Fradin, référente de l’antenne AFEV Roubaix, d’un air sérieux, explique : « La volonté n’est pas de remplacer le maître ou le professeur […] on se considère plus comme un complément, nous sommes la cerise sur le gâteau. » En effet, cette idée de complémentarité est reconnue par l’Etat avec le label Complément de l’Education Nationale. Malgré l’aide de trente millions par an de l’Etat, Betty estime, d’un ton inquiet, que : « les aides accordées par la municipalité de Roubaix ne permettent même pas de couvrir un quart des salaires du pôle de la ville roubaisienne ». Cependant l’AFEV reçoit des aides, notamment grâce au Plan mentorat lancé par l’Etat en 2021. « Au-delà de nous donner de l’argent ça nous donne du crédit », affirme Betty qui voit ses efforts valorisés.
Répondre aux problèmes des enfants
Selon Joseph, salarié à l’AFEV Roubaix, « un enfant égal une aide ». Le mentor passe deux heures par semaine avec son mentoré. Il ou elle décide, en fonction de l’envie de l’enfant, de l’activité à faire. Le domaine d’action ne se résume pas uniquement à l’aide aux devoirs. Le jeune peut aussi bien aller au musée, à la bibliothèque, ou au cinéma. « La priorité de l’association est d’éveiller au maximum leur connaissances et leur curiosité », sourit Betty. L’AFEV essaye aussi de permettre aux enfants d’accéder à des expériences auxquelles ils ne peuvent pas. Par exemple l’an dernier, Betty et tout le pôle de Roubaix ont permis à une trentaine de jeunes d’aller le temps d’une journée à la mer. “Pour certains, c’était la première fois qui voyaient la mer“, explique Betty avec une certaine émotion. Surtout que toutes les activités, sorties et autres sont gratuites. Les parents ne payent absolument rien.
Soulager les parents
L’important à l’AFEV est vraiment de prendre en charge l’enfant, et Betty admet que « pour certains parents cela peut être compliqué d’accepter de laisser son fils ou sa fille deux heures avec un étudiant ». C’est pour cela que dès la première rencontre entre le mentor et le mentoré, les parents sont présents. Betty avoue que « la plupart des familles qui viennent nous voir sont souvent en difficultés financières ou éducatives ». Elle ajoute qu’ « il arrive que dans la famille du jeune, on ne parle pas français ». L’AFEV propose aussi d’aider des personnes dans leur insertion professionnelle par des stages, des propositions de contrats et autres aux mentorés plus âgés. Betty explique que sa plus grande fierté « c’est quand des anciens mentorés deviennent mentors. Depuis le Covid, de nombreuses associations d’accompagnement personnel sur Lille Métropole ont décidé de créer le collectif mentorat qui englobe plusieurs structures comme Proxité ou L’AFEV. Ce collectif permet de mieux accompagner les élèves en accompagnement personnel.
Léo Sallé
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Du bénévolat certes, mais pas que…
Alix, service civique à l’AFEV
Si l’AFEV repose essentiellement sur le bénévolat de certains étudiants, elle peut s’appuyer également sur des jeunes en service civique. Alix, lui-même dans cette situation, est présent 26 heures par semaine au sein des locaux de l’association et participe à tout ce qu’on lui propose. En année de césure après sa licence de culture et média, le service civique lui permet de découvrir de nouvelles compétences et expériences qu’il n’aurait pas trouvé ailleurs : “Ici on est acteur de notre réussite, ça motive à faire des projets et proposer des choses puisque chaque initiative va être beaucoup plus valorisée”.
En tombant par hasard sur cette annonce de service civique sur le site du gouvernement, il a très vite été attiré par le fait de travailler pour une association, la quantité et la diversité des tâches proposées par cette dernière ont suffi à le convaincre de la rejoindre. Travailler avec des enfants c’est adopter un autre mode de fonctionnement : “il faut être dynamique, créer toujours de nouvelles activités mais aussi apprendre à travailler avec un enfant, ce qui n’est pas si simple que ça”. À 22 ans, il voit ce service civique comme une véritable occasion de créer du lien social et d’améliorer ses chances pour intégrer à terme le master de son choix.
Tristan Poncet