Le boycott comme arme de dissuasion passive
Posted On 22 mars 2024
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« Israël Assassin, Carrefour complice ! Boycott Israël, Boycott Carrefour ! », scandent en cœur les activistes présents ce 18 février 2024 devant Euralille. Carrefour est une des principales enseignes visées par les campagnes de boycott. L’entreprise a affirmé son soutien à l’État sioniste en livrant des colis alimentaires au Tsahal. De plus, Carrefour possède des magasins implantés sur des colonies israéliennes illégales en territoires palestiniens qui vont à l’encontre du droit international.
Banderole à la main et keffieh autour du cou (foulard qui symbolise la résistance palestinienne), Melya et Amina, porte-paroles du CPUL, nous expliquent comment elles s’approprient leur pouvoir « d’agir concrètement » en tant qu’étudiantes et citoyennes. Avec le CPUL localisé au Campus Pont de Bois de l’Université de Lille, elles mènent des actions d’affichages, organisent des projections de films et distribuent des tracts, dans l’optique de sensibiliser le maximum de personnes : « Les médias n’en parlent pas, c’est à nous d’informer les gens ».
Elles participent aussi aux campagnes de boycott qu’elles envisagent comme une solution face à la désinformation, « les retours qu’on a des actions qu’on mène c’est “on n’était pas au courant” », déclare Melya. Pour elles, le boycott est spontané car elles sont éveillées à la cause palestinienne. Mais il n’est pas seulement question de la Palestine, ce sont les principes fondamentaux des droits de l’homme qui se jouent : « Notre but c’est de faire en sorte que des gens lambda ne donnent pas leur argent pour financer un génocide. »
L’appel au boycott a été lancé par le mouvement BDS : Boycott Désinvestissement Sanctions. Ce mouvement créé par des civils palestiniens en 2005, met à disposition une liste de marques impliquées dans la colonisation israélienne en Palestine qui dure depuis plus de 75 ans. Cette liste est longue, alors Melya et Amina incitent les consommateurs à utiliser l’application Boycott X pendant leurs courses. En scannant le code barre du produit, vous pouvez en apprendre plus sur son origine et savoir s’il fait l’objet d’un boycott. Le consommateur a le choix : s’abstenir ou acheter en pleine conscience.
Les attentes des activistes à l’égard du boycott sont d’aboutir à des sanctions économiques contre l’État d’Israël. Les entreprises veulent réaliser du profit. Si ce n’est pas le cas, l’entreprise finira soit par : agir en rompant ses liens avec les pays visés, soit par fermer.
Conférence à l’Université de Droit de Lille avec Rima Hassan le 6 mars 2024
Le boycott est un moyen de lutte collective qui a déjà fait ses preuves comme remède à l’inaction politique dans des cas d’apartheid, comme le rappelle la juriste franco-palestinienne Rima Hassan lors d’une conférence : “Les représentants de la cause, c’est vous. On ne se rend pas compte à quel point les mobilisations internationales ont poussé les politiques à se positionner (…) Ce sont les campagnes de boycott à l’international qui ont changé la donne en Afrique du Sud.”. Elle rappelle l’importance des mobilisations citoyennes qui permettent d’envisager des sanctions à l’échelle mondiale. Le terme d’apartheid a été utilisé pour la politique de l’Afrique du Sud de 1948 à 1991. Une politique qui maintenait la domination d’un peuple sur un autre, marquée par l’exil forcé de la population, la torture et les meurtres. Une situation mise en parallèle avec la situation en Palestine.
Soumia Fadil et Maryam Jalloul
Le boycott, c’est avant tout un moyen de lutte non-violente qui repose sur le pouvoir du consommateur d’acheter ou de ne pas acheter. C’est se baser sur la responsabilité individuelle dans une société où chacun serait un acteur avec un rôle à jouer. Le but est de rendre visible les acteurs qui participent à une injustice et de faire pression sur les responsables pour changer leurs pratiques.
Comme c’est une action peu coûteuse, elle est attractive et rassemble beaucoup de personnes.
Si le concept n’est pas nouveau dans les pratiques, le terme boycott, lui, apparaît en 1880 avec Charles Parnell, un dirigeant nationaliste irlandais qui organise la mise en quarantaine morale d’un riche propriétaire terrien pour lutter contre la maltraitance envers ses fermiers.
Quelques exemples de résultats du boycott :
Zazie Leborgne
vidéo réalisée par Maléna Haynau et Maryam Jalloul
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