Anaïk, société à mission depuis deux ans, associe rentabilité et bien commun
![Anaïk, société à mission](https://le-chatillon-lille.fr/wp-content/uploads/2024/03/e1b15acd-2864-4a98-9253-bd04f87b9bb1-960x640.jpg)
Créée en 1973 à Roubaix, Anaïk n’existe pas seulement dans un but économique. L’entreprise aujourd’hui internationale souhaite impacter positivement la planète et la société : des objectifs statués qui lui ont permis d’obtenir la qualité de « société à mission ».
Contrairement à ce que laisse croire notre imaginaire commun, la rentabilité n’exclut pas d’être au service du bien collectif. Il nous faut dépasser cette idée limitante pour adopter celle-ci : c’est en créant de la valeur pour tous que l’entreprise crée de la valeur économique. Ainsi, Anaïk s’inscrit depuis 2007 dans une politique RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) en s’engageant socialement et écologiquement.
C’est au village créatif de Villeneuve d’Ascq, au cœur d’une zone industrielle, que se situe son siège social. Ses locaux cohabitent avec ceux d’autres entreprises dans un vaste entrepôt. En entrant dans ceux d’Anaïk, de vives couleurs s’offrant sur un bois clair nous accueillent. Des bacs transparents laissent entrevoir les produits colorés confectionnés par l’entreprise. Anaïk fabrique des packagings et des accessoires pour diverses marques : Yves Rocher, L’Occitane, Super U, Hermès, Damart… « C’est fort possible que vous ayez chez vous un produit qui vient de chez nous » indique une employée. Quelques créations de la firme sont exposées dans le showroom. Cette grande pièce ensoleillée abrite des sacs, des vêtements, des accessoires, des produits cosmétiques, des livres…
Variété et responsabilité
L’objectif d’Anaïk est de créer des produits engagés et porteurs de sens. « Les produits qu’ils vendent ne doivent pas juste être jolis, ils doivent être au bénéfice de l’homme et de la planète », explique Assya Guettaf. Cette dernière accompagne les entreprises dans leur transformation vers un impact positif pour la planète et les hommes par l’intermédiaire de son cabinet ANOUKO. Elle assiste les boîtes qui souhaitent devenir sociétés à mission en les aidant à définir leur raison d’être en tenant compte de toutes les parties prenantes (employés, clients, partenaires…).
La qualité de société à mission a été établie par la loi PACTE de 2019 suite au constat des pouvoirs publics que l’entreprise manquait de définition dans le droit français. Cette qualité travaille donc à la modernisation et à la transformation des entreprises. L’Observatoire des Entreprises à Mission en recense actuellement 1527.
Les entreprises déterminent leur mission et l’inscrivent juridiquement dans leur statut. Pour Anaïk, il s’agit de « générer un impact positif et durable sur les personnes et la planète dans le secteur de la promotion des ventes ». En découle des objectifs statutaires et stratégiques que l’organisation se doit de respecter pour conserver sa qualité. Anaïk s’engage par exemple dans l’éco-conception et le proche import avec ses ONG partenaires. L’entreprise a développé une méthode intitulée « Anaïk Now » établissant des standards guidant l’éco-conception de ses produits.
Selon ces critères, elle vendait déjà 35 % de produits éco-conçus en 2022 et espère atteindre les 50 % pour 2025.
Servir le social et l’environnement
C’est par ses engagements tant envers la planète que les humains qu’Anaïk a obtenu sa qualité de société à mission ainsi que ses autres labels, tel que le très sélectif B-Corp. « La plupart des gens ici ont à cœur les valeurs que représente l’entreprise » confie une employée. Ces appellations confèrent une fierté interne à l’entreprise et ses salariés en donnant un sens dépassant le seul but commercial.
L’entreprise ne se voue pas seulement à sa lucrativité, mais également à contribuer au bien commun. « Elle existe pour répondre à une mission, à des problèmes sociaux, sociétaux et environnementaux », explique Assya Guettaf. Être entreprise à mission, c’est prouver qu’ « on peut être rentable et utile à la société », poursuit-elle. Bien que la société à mission ne s’affranchisse pas nettement du schéma classique et capitaliste de l’entreprise, elle permet d’aborder l’entreprise d’une nouvelle manière. Son modèle ne crée pas une rupture, mais s’inscrit dans une continuité en envisageant une industrie servant différents buts, en plus de sa finalité économique, dans l’optique de contribuer au bien de la société.
Clarisse Clerc
Photo Le Châtillon
À ne pas confondre avec… le label B-Corp
Pour affirmer ses objectifs sociétaux, environnementaux et sociaux, une entreprise peut aussi concourir à d’autres reconnaissances juridiques. Bien que complémentaires, le statut de société à mission et le label international B-Corp s’obtiennent par des démarches bien distinctes.
La principale spécificité de B-Corp réside dans le BIA, « B Impact Assessment », soit un questionnaire conçu pour évaluer, comparer et améliorer l’impact d’une entreprise. Accessible gratuitement en ligne, il repose sur plus de 200 questions, réparties dans 5 catégories (Gouvernance ; Collaborateurs.trices ; Collectivité ; Environnement ; Clients). Si une entreprise souhaite obtenir le label, il est indispensable qu’elle obtienne un score minimum de 80 points et qu’elle le rende public sur le site global B-Corp et sur B-Lab France.
Créé il y a 18 ans aux États-Unis et géré par l’ONG internationale B Lab, le système s’est étendu mondialement. Ce sont actuellement plus de 8 000 entreprises dispersées dans 90 pays qui ont rejoint le mouvement, dont presque 400 en France, sans condition de taille ou de secteur. Pour autant, le label n’est simple ni à obtenir, ni à conserver : il faut généralement attendre un an pour le décrocher et il doit être renouvelé tous les 3 ans.
Pour officialiser les engagements sociétaux et environnementaux d’une entreprise, B-Corp complète ainsi le statut de société à mission par sa portée internationale, qui contrebalance sa démarche moins personnalisée et plus rigide.
Lucie GRIVEAU