Le Cinéma comme remède aux fractures générationnelles
Dans un monde où la technologie redéfinit nos vies et où les valeurs sociales évoluent rapidement, les écarts entre les générations semblent se creuser. Face à ce paysage fracturé, les œuvres d’Eric Toledano, réalisateur français à succès, émergent comme un catalyseur de connexion intergénérationnelle, offrant un langage universel.
« Le cinéma est un langage universel qui nous unit à travers les âges », écrivait Steven Spielberg. Le septième art a toujours été un miroir reflétant les tendances et les préoccupations de la société à une époque donnée. Cependant, ces valeurs peuvent souvent diverger entre les différentes époques. Ce que les générations précédentes considèrent comme acceptable peut être remis en question ou rejeté par les générations plus jeunes, et vice versa. Les films d’Eric Toledano jouent alors un rôle crucial dans la transmission et la remise en question de ces valeurs intergénérationnelles.
Un pont entre les générations
À travers les films, ses images animées et ses histoires captivantes, le cinéma offre un espace commun où les différences s’estompent et où les liens se renforcent. Qu’il s’agisse d’un classique intemporel ou d’un film récent à succès, les histoires racontées sur grand écran ont le pouvoir de transcender les barrières générationnelles.
Eric Toledano, est conscient de ce pouvoir unificateur du cinéma. Pour lui, certains films agissent comme des vecteurs de médiation entre les générations. « C’est le cas de Kramer contre Kramer, qui est un film sur le divorce ou bien de Rain Man avec Dustin Hoffman, film qui pour la première fois aborde le sujet complexe de l’autisme. Ce sont des films qui créent des discussions entre les générations.»
Bien que la volonté première d’Eric Toledano ne soit pas d’adapter des films à un public particulier, ses œuvres réussissent à rassembler plusieurs générations dans les salles obscures, éclairées seulement par la lumière du grand écran. Les films Intouchables et Le Sens de la fête ont sûrement été la preuve de cette capacité à unir différentes tranches d’âge. « Avec les parents, les enfants, les grands-parents, il y avait quelque chose de transgénérationnel. » Ainsi, celui-ci permet aux différentes générations de partager des expériences communes, de discuter des thèmes abordés et de développer un langage commun. C’est une langue universelle que tout le monde comprend.
Un langage universel
Par ailleurs, le cinéma évolue avec les générations, reflétant leurs préoccupations changeantes. Des thèmes tels que la rébellion sociale dans les années 1960 et 1970 sont aujourd’hui remplacés par des questions cruciales telles que la crise climatique. C’est ce que reflète le dernier film d’Eric Toledano, Une Année difficile. « Les jeunes générations sont parfois plus actives, ou en tout cas impactantes. Les générations précédentes avaient une autre approche : rappelons-nous du Larzac, et des gens qui décidaient de quitter la ville pour aller vivre dans la nature.»
Ainsi, le Cinéma véhicule des messages forts qui permettent aux différentes générations de discuter et de s’informer. Ses œuvres témoignent de la capacité du cinéma à guérir les fractures qui divisent nos sociétés et à ouvrir la voie à un avenir plus inclusif et harmonieux. «Un des défis de l’homme est finalement d’attraper ce petit moment irréversible qu’est le temps qui file entre ses doigts et, de temps en temps, comme la photographie le fait, de le figer, et c’est aussi essayer de le décrire au mieux comme le font la peinture et l’art en général.» Le septième art offre alors des opportunités de compréhension et de réconciliation entre les différentes cohortes d’âge.
Le cinéma émerge alors comme une solution aux fractures entre les générations, les convertissant en des fissures remédiables. En s’inspirant de cinéastes tels que Claude Sautet, Claude Lelouche et Woody Allen, Eric Toledano poursuit sa démarche cinématographique avec une conviction profonde. Pour lui, le cinéma est avant tout « une démarche artistique guidée par le désir de raconter des histoires qui résonnent avec le public, quel que soit son âge ou son parcours. »
Lou Bréabout
En savoir plus : les « remakes »
L’industrie du cinéma est en perpétuel changement. Tous les mois, les sorties sont nombreuses, et au milieu, ces films que nous appelons les « remakes » sont de plus en plus présents. Après la sortie de Milady, de la saga Les Trois Mousquetaires en décembre 2023, c’est au tour du Comte de Monte-Cristo de se voir renaître au cinéma. Mais alors quelle est l’importance de faire revivre ces classiques ? Les remakes sont souvent adaptés des livres des plus grands auteurs de ce monde.
Toutefois, si nos grands-parents ont vu les premières versions d’un film, lu le livre, les plus jeunes ne connaissent que vaguement l’histoire. C’est ici que nous trouvons l’objectif des remakes. Mettre de nouveaux acteurs, plus susceptibles d’attirer la jeunesse dans de vieilles histoires que nos aînés veulent encore et encore découvrir.
« Je ne te raconte pas la fin parce que j’ai lu le livre mais tu verras ça surprend », disait Béatrice à sa fille à la fin de la projection de Milady ? Une conversation qui n’aurait pas pu avoir lieu sans le cinéma.
Cette séance, Béatrice et ses enfants ont pu aller la voir avec le grand-père de ces derniers. « On n’aurait pas pu aller voir Star-Wars avec Papy, là c’est lui qui nous a demandé et puis, nous on aime bien découvrir » racontent-ils.
Alors, si tous les styles de films peuvent réunir, il paraît évident que le public aime discuter de la
différence entre livre et film, entre acteurs d’avant et les plus récents. Finalement, c’est ça le but du cinéma, découvrir, réunir et provoquer des émotions.
Ysaline Defour
Crédit photo : Jules Euzen