Les initiatives insolites pour rendre la Braderie de Lille plus écologique
La Braderie de Lille 2024 a eu lieu les 14 et 15 septembre. Fort d’une consommation liée à une affluence record, le bilan écologique de l’événement est préoccupant et s’inscrit comme un défi pour la MEL. Cette dernière est aujourd’hui accompagnée par plusieurs entreprises innovantes et vertes.
Un mois après l’édition 2024 de la braderie de Lille, le calme est revenu pour laisser place au train-train de la vie lilloise. Exceptionnellement organisé plus tard en raison des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, l’événement a tout de même rassemblé plus de deux millions de visiteurs. Si le “bazardage” occupe la journée des passants, l’ambiance est tout autre la nuit. La ville se métamorphose en véritable sanctuaire des réjouissances. L’occasion de tester les spécialités locales : moules frites et bières entre autres.
Cependant, ces festivités ne sont pas sans conséquences. En effet, des amas de résidus non-biodégradables jonchent le sol, sans parler des déchets alimentaires. La question de la gestion de tous ces détritus se pose forcément. L’ambition d’une braderie écologiquement responsable et engagée dans une démarche plus propre se dessine. À l’occasion, la MEL (Métropole Européenne de Lille) avait déjà assuré un encadrement spécialement prévu pour la braderie avec des bennes de ramassage supplémentaires et des points de collecte des déchets. En plus de ces dispositifs conséquents, nous pouvons revenir sur les mesures concrètes élaborées dans une logique écologique.
Le recyclage des moules : une initiative insolite
Qui aurait pensé voir un jour un tabouret fabriqué à partir de coquilles de moules ? Cela est une des mesures mises en place pour l’édition 2024 afin de répondre au problème du tri des déchets alimentaires. Espérance Fenzy, fondateur de EtNISI, nous fait découvrir les coulisses de son entreprise spécialisée dans le recyclage de matières usagées : « Nous travaillons depuis 2017 avec la ville de Lille. On s’organise de mieux en mieux. Il y a une très belle collaboration, donc c’est chouette. » Si le partenariat n’est pas nouveau, il ne s’est jamais si bien porté. Des expérimentations sont même en cours pour concevoir des lames de banc à partir des coquilles de moules.
Une production qui rentre dans le moule
Dans l’ordre des choses, l’entrepreneur explique que « les restaurateurs se signalent auprès de la mairie pour que les services de propreté viennent capter le gisement le dimanche soir ». Après la braderie, les coquilles de moules sont « hygiénisées afin de retirer toutes les matières organiques. Elles sont récupérées, broyées et ensuite criblées, c’est-à-dire débarrassées des impuretés. L’opération comporte des étapes très précises pour veiller à la qualité du produit final. « À partir de ce moment-là, on a une poudre qui est exploitable et plutôt jolie », admet Espérance Fenzy. Une fois la transformation opérée, vous n’y verrez que du feu. Si elles ne correspondent pas aux matières traditionnelles, les coquilles moules n’en sont pas pour autant si différentes, en plus de s’inscrire comme une alternative éco-responsable.
La Braderie de Lille : La mise à l’épreuve de l’objectif zéro déchet
Le recyclage de moules est loin d’être le seul dispositif mis en place sur cette Braderie 2024. On peut citer par exemple la collecte de mégots de cigarettes, eux aussi recyclés, ou encore la récupération des cartons utilisés sur le weekend. Concernant les moules, les quelque 4 tonnes consommées lors de la Braderie seront réinvesties dans des tabourets, bougies ou encore transformées en carrelage.
Nils Aker-Menu
Solution ou pollution ? Focus sur l’Ecocup.
Et si c’était l’Ecocup, la véritable star de la braderie de Lille ? Après leur premier moules-frites-bière, le verre en plastique rigide est censé accompagner les 2,5 millions de visiteurs annuels pour le week-end, et ce, depuis 2020 et l’interdiction de la vente de récipients à usage unique.
Une interdiction qui a galvanisé l’utilisation du gobelet réutilisable, mais semble poser quelques interrogations. Un Ecocup est écologique seulement s’il est réutilisé, car sa fabrication consomme plus d’eau et d’électricité qu’un verre à usage unique. Les images du sol jonché de ce verre les samedi et dimanche soir venaient donc à l’encontre de la volonté verte. La consommation d’alcool en dehors du cadre du bar est officiellement interdite, l’idée est donc que les visiteurs ramènent leur verre chez eux ou le retourne au bar.
Malheureusement, la réalité est tout autre et cela est sûrement dû au manque de consignes proposées dans les rues lilloises. La braderie et la planète en ont besoin, alors que l’Ecocup est partout. Une nouvelle invention pourrait alors être synonyme de véritable avancée écologique : la borne collectionneuse d’Ecocup. Il suffit de déposer son verre dans la borne, qui rend un euro en échange. Les bornes les plus sophistiquées lavent même les verres réutilisables, et pourraient permettre aux bars de les récupérer propres. Cette initiative a déjà été mise en place durant les Jeux Olympiques et quelques festivals. Elle donnerait un coup de pouce aux bars, aux visiteurs lillois et surtout à notre planète.
Léo Billard