L’annonce récente d’une réforme du Pass’Culture par la ministre Rachida Dati a suscité beaucoup d’interrogations. Si ce dispositif fait globalement l’unanimité auprès des jeunes, il ne la fait pas chez les décideurs. Pass’Culture ne satisfait apparemment pas vraiment les attentes du gouvernement, à savoir rendre la culture accessible à tous.
300 euros libres de dépenses dans la culture ; lecture, cinéma, spectacle, concert : le panel d’offres est large, trop large pour certains… Pour Rachida Dati, ministre de la culture, il est aberrant de laisser une entière liberté à utiliser cette subvention comme le souhaitent ses utilisateurs.
Celia Bernard, secrétaire générale du Gymnase CDCN est une actionnaire de Pass’Culture, son label du ministère de la culture permet l’accompagnement du jeune public par des projets de médiation et de sensibilisation à la danse). A son échelle, elle bénéficie d’une visibilité supplémentaire grâce à l’offre collective fournie par Pass’Culture à l’encontre d’établissements scolaires.
Dans son projet de réforme, Rachida Dati propose d’augmenter cette part collective du pass dépensé par les enseignants, auxquels revient le choix des activités : 25 € par élève pour les classes de troisième et de quatrième, 30 € pour les élèves de seconde et CAP, et 20 € en première et terminale.
Une définition controversée de la culture
Une logique en temps de restrictions budgétaires
Mesure phare de la politique culturelle des gouvernements Macron, disposant d’un budget annuel de 260 millions d’euros de subvention, Pass Culture a subi un bilan très sévère dressé par la Cour des Comptes.
On peut affirmer que ce dispositif coûte trop cher, le gouvernement cherche donc des moyens pour baisser son coût. La fin du libre-service compliquera la totale utilisation du pass pour les jeunes mais surtout les tournera vers des secteurs plus rentables pour la SAS, quitte à en perdre l’essence même du Pass’Culture…
Théophile Descamps
Photo de Une Maxime Peythieux
Médaillon Gymnase CDCN
Le saviez-vous ?
“Pass’Culture” est une société par actions simplifiée détenue à 70% par l’Etat et à 30% détenue par la Caisse des dépôts et consignations, c’est donc une start-up ayant des besoins de rentabilité
Le Pass'Culture vu par les jeunes
Zoom sur les inégalités territoriales
Un buffet culturel... réservé aux citadins
Le pass culture, bien qu’intéressant pour les 15-18 ans, présente un intérêt limité pour les jeunes des zones rurales. Cette disparité s’explique par la répartition inégale des offres sur le territoire français.
Dans les grandes métropoles comme Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux ou Lille, on trouve une forte concentration d’offres. Les principaux partenaires du pass, tels que la Fnac, les cinémas Pathé ou le Furet du Nord, y sont largement présents, rendant le pass plus avantageux pour les jeunes urbains.
Les villes moyennes comme Caen, Quimper ou Annecy, et leurs périphéries, bénéficient d’une densité d’offres moyenne.
En revanche, les zones rurales sont nettement défavorisées. On observe une faible densité, voire une absence d’offres, particulièrement dans le centre de la France, certaines parties des Alpes, des Pyrénées, et des zones rurales de l’ouest et du nord-est.
Cette répartition inégale souligne le déséquilibre des opportunités culturelles entre les jeunes urbains et ruraux. Pour les jeunes des villes, le pass représente une véritable aubaine, offrant un large éventail de choix parmi de nombreux partenaires. À l’inverse, pour les jeunes ruraux, l’offre est considérablement
réduite, limitant l’intérêt et l’utilité du pass culture.
Cette situation met en lumière la nécessité de repenser la distribution des offres du pass culture pour assurer une égalité d’accès à la culture sur l’ensemble du territoire, indépendamment du lieu de résidence des jeunes bénéficiaires.
Lou Bazart-Gelly