Recycler la publicité face à la surconsommation: l’exemple de Toupouss
Ce dimanche 1er décembre 2024, Mathieu, cofondateur de Toupouss, était présent sur le marché de Noël durable de Roubaix. Toupouss est une marque d’accessoires pour plantes, conçus à partir de bâches publicitaires recyclées. Lors de cet événement, il a partagé les origines de son engagement et la manière dont son initiative s’oppose à la société de consommation.
En octobre 2021, une idée germe dans les esprits de Domitille et Mathieu. Celle de créer une marque d’accessoires “upcyclés” pour plantes d’intérieur, à la fois local, responsable et durable. Au printemps 2022, ils lancent Toupouss. Elle a pour principe d’upcycler des bâches publicitaires fabriquées à partir de PVC (polychlorure de vinyle) afin de confectionner des accessoires pour les plantes.
Le symbole de la bâche publicitaire fabriquée en PVC est assez fort car comme Mathieu nous l’apprend, “le PVC est un matériau plastique qui ne se recycle vraiment pas bien”. La fabrication de PVC requiert des ressources naturelles non renouvelables (comme le pétrole brut), ainsi que des substances chimiques et toxiques qui nuisent à l’environnement et à la santé. Mais surtout, il n’est ni biodégradable ni compostable, ce qui signifie que lorsque vous vous en débarrasserez, elle mettra 300 ans pour se dégrader ! L’objet utilisé pour faire de la publicité pose problème pour l’environnement. Mais ce n’est pas tout car la publicité pose question notamment dans son but.
Le problème de la publicité
L’autre symbole de l’initiative de Mathieu et Domitille réside dans l’utilité de la bâche publicitaire. La publicité incite les populations à faire quoi ? Consommer ! Dans l’unique but de générer plus de croissances et de profit, au dépend de l’environnement et de ce que la nature peut nous offrir en termes de ressources naturelles. Du fait des problèmes environnementaux qu’elle génère, la publicité est un des rouages qui conduit l’humanité à sa perte et ça, Mathieu et Domitille l’ont bien compris. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Mathieu a quitté son ancien métier. Ancien développeur web, Mathieu avait pour mission de créer des sites internet pour des compagnies de “dropshipping” dans le milieu du luxe. Le problème étant que ce type de compagnies collabore souvent avec des fournisseurs et des matériaux d’emballage qui ne respectent pas l’environnement. Le but est de générer du profit et de maximiser la rentabilité. Être un des rouages d’un système qui pousse à la surconsommation mais surtout, à la perte de l’humanité “n’avait plus vraiment de sens” nous a confié l’artisan nordiste.
Initialement, la publicité ne sert aux entreprises qu’afin de mettre en valeur et de distinguer, leur produit sur un marché concurrentiel. Le but est de convaincre le consommateur que le produit à vendre est le meilleur produit présent sur le marché. Or, depuis des décennies, le rôle de la publicité s’est étendu car la publicité crée de la consommation, elle crée du besoin. Estienne Rodary et Michael Lowy, tous deux chercheurs français soutiennent que “la publicité joue un rôle essentiel dans la production de la demande, en inventant des faux «besoins» et en stimulant des habitudes de consommation compulsives, totalement contradictoires avec le maintien de l’équilibre écologique de la planète.” Ce qui pose question notamment sur le modèle de société dans lequel nous souhaitons vivre. Avons nous vraiment besoin que la publicité crée des besoins ? Des manques ? Génère de la frustration ? En recyclant ces bâches publicitaires, Mathieu et Domitille recyclent ce manque, les frustrations qu’elle crée.Toupouss symbolise non seulement un engagement écologique, mais aussi un rejet de la société de surconsommation générée par la publicité.
“On a parfois l’impression d’être une goutte d’eau au milieu de l’océan”
Cependant, Mathieu n’est pas dupe. L’artisan nordiste nous confie qu’il “a parfois l’impression d’être une goutte d’eau au milieu de l’océan”. Il a bien conscience que sa simple initiative n’est pas suffisante pour régler les problèmes environnementaux que génère la surconsommation. Mais à travers leur démarche, ils démontrent qu’il est possible de créer de la valeur tout en respectant l’environnement, offrant ainsi une alternative responsable et locale face aux enjeux environnementaux actuels.
Malo MORICE
Photos Baptiste Bléard
ZOOM:
De routier à jardinier, le refus de la surconsommation
Si toutes les tâches se répétaient de jour en jour, chaque instant était plus long que le dernier pour Cyril, routier pour une grande société d’abattage. C’est cette vie (et vision du monde) que l’employé a choisi de laisser sur le bord de la route lorsqu’il a intégré le jardin participatif Jardinons notre santé dans une démarche de préservation du vivant et d’alimentation saine fondé par Rémi Cousin il y a quatre ans.
Cyril a pris conscience de cet enfermement quotidien. Au fil du temps, la vie, enfermée dans ce modèle de surproduction, lui semblait de plus en plus dépourvue de sens. Dès la perte de son emploi, l’ancien routier a “tout de suite adhéré aux valeurs de l’association”. Cela était relativement simple, car la majorité des 60 membres partageaient un rejet commun du modèle économique actuel, axé sur une surproduction de faible qualité.
Les Ordonnances Vertes, une initiative de l’association, proposent une solution locale innovante pour améliorer la santé des femmes enceintes et de leurs enfants. En garantissant un accès à une nutrition adaptée tout au long de la grossesse, cette initiative vise à maximiser les chances de survie et de bonne santé des bébés, tout en favorisant le bien-être des mères. Ce projet incarne une réponse concrète et proactive pour répondre aux défis sociaux et sanitaires à l’échelle locale.
Camille RAMBAULT