Quatre fois par semaine, apprenants et bénévoles se retrouvent dans les locaux de l’association Solidarité Informatique. Michel, l’un des plus anciens de l’association, raconte les solutions apportées par lui et ses collègues afin d’aider les personnes touchées par l’illectronisme à s’adapter à cet outil devenu indispensable. Ainsi, comment réconcilier les oubliés de l’informatique avec les nouvelles technologies ?
Des impôts aux courses hebdomadaires, l’informatique bouleverse notre société. Incontestablement, les magnats des nouvelles technologies ont maintenant la mainmise sur nos modes de vie. Sur l’écran des apprenants inscrits au sein de l’association Solidarité Informatique, les « .fr », « .com » et autres « .gouv » ne cessent de défiler. Durant ces deux heures trente d’atelier, Abdallah et d’autres personnes non habituées à l’outil tentent de se connecter au monde informatique. Les apprenants se forment à l’aide de fiches en papier et de modules d’apprentissage… sur Internet, une fois n’est pas coutume.
L’association elle-même se retrouve entraînée dans la valse des nouvelles technologies. « Pour communiquer entre nous [les bénévoles], on a mis en place un système de communication en ligne », confie Michel.
À l’instar des apprenants de l’association Solidarité Informatique, des milliers de personnes achètent leurs billets de train sur le site de la SNCF, plutôt que de se rendre à la gare. Besoin d’une pièce d’identité, d’un permis de conduire ou du procès-verbal d’une contravention, l’État propose de simplifier les démarches de tous en passant par Internet. Mais est-ce réellement le cas ?
Le numérique, maître du monde
L’omnipotence des grands de la technologie est désormais indéniable. La place du numérique dans la vie quotidienne de l’ensemble de nos sociétés occidentales est incontestable. Cependant, avec les nombreux nouveaux dangers qui sont apparus avec le développement des ordinateurs, la numérisation de notre mode de vie est-elle si bénéfique et inévitable ?
En dépit de ce que peuvent déclarer les organismes passés au tout numérique, la vie n’est pas vraiment facilitée. Le matériel informatique, de plus en plus onéreux, n’est pas démocratisé dans tous les foyers. Ainsi, l’accès primaire au numérique n’est pas assuré. S’ajoutent à cela les zones dans lesquelles l’accès au réseau Internet n’est pas garanti, et des milliers de personnes se retrouvent en marge de la révolution technologique.
De plus, le contact humain, recherché par certaines personnes qui se retrouvent isolées, disparaît peu à peu et avec lui les services de proximité de l’État. Le lien personnel s’en trouve rompu, ce qui aggrave ce phénomène d’isolement des personnes déconnectées. C’est d’ailleurs pourquoi certains bénévoles ou apprenants participent à ces ateliers.

Alors, pourquoi ne pas repenser la place et l’utilité de l’outil informatique ? A l’heure de l’émergence de l’intelligence artificielle, qui pourrait, à terme, prendre la place de milliers de travailleurs, ne serait-il pas pertinent de revoir nos utilisations du numérique ?
Il y a trente ans, les personnes achetaient leurs vêtements dans des boutiques près de chez eux, et en passant, elles se procuraient le journal du jour, non sans échanger quelques mots avec le marchand. Tout cela, le numérique ne peut le remplacer. Pour quelle raison les personnes isolées à cause du numérique devraient-elles continuer de subir cette situation ? Pour Michel, « pour chaque situation, il faut trouver la meilleure solution entre le papier et l’ordinateur. […] Parfois, on utilise tout de même un agenda pour communiquer entre nous. »
Que l’on soit réticent ou satisfait de la place que prend l’informatique de nos jours, il ne faut pas oublier celles et ceux qui peinent à faire la transition vers le tout numérique, qui est à l’heure actuelle, indispensable. Grâce à l’engagement des bénévoles de Solidarité Informatique, des personnes se reconnectent à Internet, mais aussi à la société. Michel conclut : « C’est important de les former car ils ne peuvent plus s’en passer. »
Kylian Pinault
Crédits photo : Noah Rémy
ZOOM - Les apprenants accompagnés jusqu’à la maison, « L’un ne va pas sans l’autre ».
Solidarité Informatique ne s’arrête pas à ses sessions d’apprentissage pour accompagner les apprenants et adhérents. Effectivement, chaque adhérent dispose du droit de recevoir un ordinateur portable lors de son adhésion à l’association qui est de 10 €. Ce don est fait “dès qu’ils savent s’en servir”, nous livre Michel, responsable de formation technique de la maintenance. Ces appareils sont garantis à vie. “Tant qu’ils sont adhérents, ils ont la garantie d’avoir un appareil qui marche”. Les imprimantes reçues sont aussi données aux adhérents qui en ont le besoin.
La volonté de l’association est de permettre à ses adhérents de pouvoir s’adapter un maximum à ce monde qui ne cesse d’être happé par une dimension indispensable du savoir informatique. Malgré certains aspects, il est obligatoire de posséder des connaissances informatiques pour s’intégrer dans ce nouveau monde. C’est là que Solidarité Informatique veut mettre sa pierre à l’édifice.
Solidarité Informatique ne se limite pas à des cours, l’association propose une aide quotidienne à travers ces prêts de matériel, car pour l’association, aider c’est aussi accompagner au maximum.
Noah Rémy
VIDÉO : Sortir de l'illectronisme : l'expérience d'Abdallah
Vidéo : Pauline Fernandez