Le défi de la réinsertion professionnelle face à l’augmentation du chômage
Retrouver un emploi stable quand on est au chômage peut s’avérer décourageant. Ainsi, des associations cherchent à accompagner les demandeurs d’emploi dans le processus de plus en plus complexe de la réinsertion professionnelle.
2,5 millions. C’est le nombre de chômeurs longue durée en France au deuxième trimestre 2020. Les demandeurs d’emploi de longue durée sont des personnes isolées du marché de l’emploi depuis un an ou plus et sont inscrites en catégorie A, B ou C.
Cette situation peut amener les individus à se retrouver en marge de la société : la rudesse du marché du travail augmente les difficultés à retrouver un emploi. De plus, retrouver du travail dans sa branche d’activité peut s’avérer compliqué : la crise économique réduit la création d’emplois et le recrutement. Les personnes au chômage doivent donc essayer de se réorienter pour espérer retrouver un emploi, au risque de devoir sacrifier leurs envies et ambitions personnelles.
Des initiatives pour accompagner la réinsertion professionnelle
De nombreuses associations proposent d’aider les chômeurs de longue durée à se réinsérer dans le monde du travail et la société en général. C’est le cas des chantiers d’insertion des Restos du cœur. Cette initiative se déroule en deux phases : les demandeurs d’emploi bénéficient de l’aide d’une assistante sociale pour résoudre les problèmes sociaux auxquels ils peuvent faire face, puis ils reçoivent ensuite une aide pour former leur projet professionnel (stages, travail dans les chantiers…). D’après Eric Fargetton, encadrant technique auprès de personnes en insertion dans un des chantiers du Maine et Loire, « il y a eu 80 % de sorties positives des chantiers l’année dernière. Parmi ces sorties, certains sont embauchés en CDD, d’autres se lancent dans une formation professionnelle ».
L’État subventionne d’autres projets, comme « Territoire zéro chômeur de longue durée ». Cette initiative lancée par ATD Quart Monde permet aux chômeurs de longue durée de retrouver un travail dans une Entreprise à but d’emploi (EBE). Les EBE sont des entreprises qui embauchent volontairement des chômeurs sur un temps défini et au SMIC pour réaliser des travaux qui seraient non réalisés en temps normal – car jugés non rentables. Cela leur permet de se réinsérer progressivement dans le monde du travail. Le projet a des ambitions nationales avec la proposition de loi adoptée en première lecture et qui étend le dispositif à 50 territoires (contre 10 actuellement).
Une marge de manœuvre qui reste limitée
Ces exemples d’initiatives montrent que pour les chômeurs longue durée, il est possible de trouver une nouvelle voie et de se réinsérer dans le monde de l’emploi. Mais cela ne suffit pas. En effet, peu de personnes peuvent bénéficier de ces aides. Dans le chantier d’Eric, seulement une vingtaine de personnes sont sélectionnées pour participer au programme alors que le taux de chômage est de 6,9 % dans le département.
De plus, il est compliqué pour les associations de réinsertion professionnelle de se développer, n’ayant pas beaucoup de moyens : l’État, leur principale source de financement, n’est pas souvent enclin à augmenter les subventions. C’est le cas par exemple des chantiers d’insertion : si l’État trouve qu’il n’y pas assez de bons résultats, il peut décider de réduire le budget alloué à l’association.
Ces initiatives permettent aux chômeurs de longue durée de pouvoir se réinsérer dans le monde professionnel. Mais cela reste aujourd’hui encore superficiel, peu connu par les chômeurs et les associations peuvent vite se trouver démunies face au manque de moyens que l’État leur accorde.
Pauline Guillaume
ZOOM SUR...
Le chômage en France
L’Insee définit le chômage tel que suit : « Le chômage représente l’ensemble des personnes de 15 ans et plus, privées d’emploi et en recherchant un. » Au deuxième trimestre 2020, plus de 4 millions de personnes de catégorie A étaient inscrites à Pôle Emploi. Cet établissement public à caractère administratif, mis en place en 2008 et issu d’une collaboration entre l’État et les entreprises, est chargé de l’emploi en France.
Les personnes pouvant justifier d’une période minimale de travail et ayant été « involontairement privées d’emploi » (selon des conditions précises ; sont par exemple exclus les motifs de licenciement pour faute grave) peuvent bénéficier de l’Allocation chômage d’aide au retour à l’emploi (ARE). Cette aide mensuelle peut durer jusqu’à 2 ans. Elle représente en moyenne 72% de l’ancien salaire net et est calculée à partir de tous les salaires bruts perçus au cours des douze derniers mois. Le montant net par jour minimum est de 29,38€. Au second semestre 2020, plus de 3,6 millions de personnes percevaient cette indemnité.
En un trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi a augmenté de 24,5%. La plupart des économistes s’accordent assez facilement pour désigner la crise sanitaire de la Covid comme responsable principale, mais la prudence reste de mise – le manque de recul à l’heure actuelle ne peut permettre de tirer de conclusions définitives.
Solène Guili