Depuis mars dernier, la Covid-19 a bouleversé la saison des clubs et des athlètes amateurs et professionnels. Retour sur cette année mouvementée qui aura permis l’essor d’un nouveau format, celui des courses virtuelles.
On dit souvent que le sport est une histoire de mental… et bien il en faut pour être coureur à pied en 2020. Entre l’annulation des courses, les entraînements en demi-groupe ou encore le footing à moins d’un kilomètre du domicile, la vie n’est pas rose pour les passionnés de course à pied. Nous avons rencontré Jonathan Denis alias Djodei, Youtubeur adepte des courses et de leurs belles médailles et Isabelle Gillodts, présidente du club d’athlétisme du CACB et l’une des meilleures athlètes du littoral dunkerquois.
Pour beaucoup, le sport est un moment de décompression, pour d’autre un moment pour se surpasser et se donner des objectifs. Mais avec le manque de compétitions, difficile d’en trouver : « Je m’entraîne surtout quand j’ai des objectifs et avec cette année vide en course j’ai perdu ma motivation ! » raconte Djodei. Même constat pour Isabelle qui ajoute : « Je m’entraîne car c’est ma passion, j’en ai envie, pour garder la forme. Il y a une rivalité entre athlètes et toute seule il n’y a plus ça. En groupe, il y a un effet de boost.“
Mais alors comment garder cette détermination et cette motivation ? Tout simplement en gardant contact et en continuant à avoir cet esprit d’équipe. C’est le cas des jeunes coureurs du CACB, qui sont le plus touchés, affirme Isabelle : « On a vu une différence après le confinement de mars aux retrouvailles, on les a sentis encore plus unis, soudés qu’avant ». Mais alors quelle est la formule magique ? Tous les jours, de nombreux clubs mettent en place des lives d’au moins une heure que tout le monde peut visionner. Au programme : renforcement musculaire, séances ou encore discussions.
L’essor des courses virtuelles
Chaque sportif est avide de compétition. L’objectif ? Se surpasser, améliorer son chrono, battre ses copains mais surtout prendre du plaisir. On était bien à l’arrivée, notre verre à la main, débriefant la course non ? Ça nous paraît désormais tellement loin…
Mais la compétition n’a pas disparu. Les courses virtuelles ont pris de l’ampleur suite au confinement et à l’annulation des courses. Le but ? S’inscrire sur Internet, courir la distance indiquée près de chez soi et recevoir la médaille ou le tee-shirt. Djodei est l’un des premiers en France à avoir créé une course virtuelle : « J’ai envie de rendre la course à pied accessible et fun. Les courses virtuelles sont parfaites pour retranscrire cette volonté ! J’ai donc lancé la Djogdei. Beaucoup de gens ont franchi le pas de se lancer dans une course ou de se fixer un objectif qu’ils n’osaient pas faire sur une course officielle ! Ça a permis de démocratiser la course à pied pour certaines personnes ! ». Comme la Djogdei, les revenus de nombreuses courses virtuelles sont reversés à des associations comme l’Institut Pasteur pour les 20 km de Paris ou encore les courses organisées par Odyssea ou Courir pour elles lors de l’Octobre rose.
De son côté Isabelle réalise des défis et des challenges virtuels avec les jeunes du club : « C’est pour qu’ils gardent la rivalité, la compétitivité. Faire en sorte qu’il s’agisse d’un dimanche de course ». Mais les deux athlètes restent unanimes : « Je pense que les courses virtuelles sont un plus mais elles ne remplaceront jamais les courses physiques ! Vivre une course sur un super parcours avec une bonne ambiance, des bénévoles au top… c’est vraiment ça le mieux ! », « Ce qu’on veut c’est organiser des courses où on est tous ensemble sur la ligne de départ ».
Lien de la chaîne YouTube de Djodei : https://www.youtube.com/user/djode
Lien de la chaîne YouTube de Djodei :
– Hugo Wallyn
À la rencontre de...
Yann, rugbyman de haut niveau en 2020
C’est par téléphone, et non sur le terrain, en raison du confinement, que Yann a raconté son parcours.
A 19 ans, il est en deuxième année en centre de formation Espoir au club Provence Rugby. Ce sport, c’est sa passion. « Baigné dedans depuis qu’il est petit », comme il s’en amuse. « A cinq ans, ma mère m’a emmené au foot, je suis parti cueillir des fleurs. Elle m’a mis au rugby, et j’ai accroché. » Si bien, qu’il veut aujourd’hui en faire son métier.
Mais avec le premier confinement, le club a fermé jusqu’en juin. « Je suis passé de travailler tous les jours pour atteindre un certain niveau à rester confiné dans mon petit appart, sans salle de muscu ni le droit de sortir ». La solution : visioconférence. Et le système D était de mise. « C’était de l’improvisation. Pour les triceps je prenais l’aspirateur, pour les tractions je me mettais en-dessous de la table. C’était ludique, on était tous en vidéo. » Et même enfermés, toujours ce contact. Autre méthode : « Beaucoup de théorie et zéro pratique ». Analyse, séance vidéo, simulation du rôle d’entraîneur.
Ce reconfinement n’a cependant pas changé son quotidien, rythmé de tests PCR, prises de sang et tests d’urine. « Au moindre symptôme on est placé en isolement. C’est très cadré pour pouvoir continuer à jouer. ». En effet, les hauts sportifs et joueurs professionnels avaient obtenu du ministrère une dérogation spécifique.
Dans les régions à risque, les dispositifs sont accrus. « C’est embêtant quand on ne peut pas se doucher et qu’on joue à l’extérieur, parce que des fois on a trois heures de bus. »
Avec une pointe de nostalgie Yann conclut : « Ça manque le rugby d’avant. Où on pouvait jouer sans restrictions. La cohésion n’a pas changé, on perd plutôt la vision extérieure des rugbymen, un peu fêtards. Ça se limite au rugby, sans la vie autour. »
Une journée dans la peau d’un jeune rugbyman de haut niveau :
- Matinée : Cours de STAPS
- 14h-15h : Musculation
- 15h-15h45 : Entraînement spécifique pour les sportifs de haut niveau (effectif de 15 joueurs)
- 15h45-17h : Pause (sieste, collation, révision de cours, repos)
- 17h-18h : Musculation
- 18h-19h30 : Entraînement de rugby en équipe Espoir (effectif de 35-40 joueurs)
– Elsa Yegavian
L'affrontement : Sport vs Covid
– Julien Hick