Un air de solidarité souffle sur les Vents Contraires

Depuis quatre ans, le Collectif Contrevent organise le festival des Vents Contraires à Faches-Thumesnil. Alexis Murer, le président, a des objectifs clairs : recréer le lien distendu depuis le Covid entre le public et la culture locale. Pour cela, il peut compter sur les quatre groupes présents lors du dernier jour dont, Grinfaith, MOO! et Psalmanzar, tous venus chercher la communion avec un nouveau public.

 

En ce premier dimanche d’automne, le fameux vent du Nord était de sortie sur le parc des Aubépines. Dans le rôle de Borée Alexis Murer, le directeur du festival. Occupé à droite et à gauche, il ne perd pas de vue l’objectif solidaire des Vents contraires : « Rassembler les gens pour retrouver des moments de convivialité après le Covid. » Confinés, enfermés, la période a fait perdre les notions de partage d’un même air, autour d’une même culture. Il adresse en coup de vent: « Chacun regarde et avance dans son couloir. » Cette petite pique à notre société car pour Alexis et ceux qui l’accompagnent, « la vie est une aventure collective » dont la musique est l’oxygène. C’est avec elle que le Collectif Contrevent espère « rassembler les gens autour de l’art et de valeurs communes ».

 

L’idée est là. Pour la mettre en place, rien de tel qu’une entrée à prix libre et une scène tremplin pour des artistes locaux. C’est basique mais les grands festivals oublient souvent que c’est nécessaire. Pas Alexis, il sait que « la life est rude » et donc qu’il n’y a qu’un seul moyen de rassembler le public et les artistes, « l’accessibilité. Le prix libre était donc une évidence et on espère pouvoir le généraliser ». Quant au tremplin, c’était « aussi logique pour nous puisque notre autre objectif est de faire émerger des artistes locaux », car c’est finalement ici, à côté de chez nous, que tout commence. Alors, pas besoin de trop changer d’air pour renouer avec la culture, il suffit de se laisser porter par le vent.

Les groupes passants sur le tremplin ont l’occasion de jouer sur une véritable scène et d’être entourés d’une équipe technique

 

« Optimiser la rencontre entre le public et les artistes »

Cette cohésion entre le public et les artistes, c’est la vision qu’Alexis répète à tue-tête. Portée par le nordé, elle a fait écho auprès du jeune quatuor de MOO! :  « Il y a une réelle volonté de création de lien depuis l’après Covid, on l’a ressenti. » Alors ils ont pris leur instrument et sont montés sur scène. Résultat : « On retrouve ce lien surtout dans les après-concerts, il se crée facilement maintenant », explique Léa, la chanteuse du groupe. Un lien qui se crée car, artiste comme public, tout le monde en avait silencieusement besoin mais chacun attendait le cri du ralliement, Alexis l’a poussé.

Les membres de Psalmanazar l’ont aussi entendu. Ils ont pu à nouveau ressentir « cette bonne ambiance et cette écoute dans le public. C’est très appréciable ». Comme MOO !, ils déplorent « un domaine culturel anéanti » mais dans le fond de l’air, on entend chez eux un élan d’optimisme qui leur vient des initiatives comme celles des Vents Contraires car « l’entrée à prix libre est top pour le public, ça attire du monde et du nouveau monde » en plus, « le côté local se développe » apportant avec lui ce nouveau souffle sur le monde de la culture post-Covid.

 

Pour les punks de Grinfaith, c’était l’occasion parfaite de faire passer leur « petit coup de gueule face à la politique qui menace la culture ». « Ils essayent de nous réduire au silence mais c’est mort, on a choisi notre camp et c’est celui de la liberté pour toutes et tous » scandent fièrement les trois membres du groupe qui eux-aussi participent à leur premier festival. Pour eux, ces démarches locales et solidaires sont plus qu’indispensables car « les journées à prix libre nous permettent d’agrandir notre famille et surtout, c’est elles aussi qui permettent de faire vivre la culture ».

Le vent culturicide peut donc souffler aussi fort qu’il veut, avec Alexis en Borée et les artistes locaux en Zéphyr ou Notos, c’est eux qui auront le dernier souffle.

 

Matias PERRIN-DEMURTAS

 

 

Zoom

Un festival réellement éco-responsable ?

Plus qu’une étiquette qu’on aime se voir apposer en tant qu’organisateur, c’est un point central revendiqué par l’association du « collectif contrevent » présidé par Alexis Murer. Selon Alexis, « Il n’a jamais été question de faire autrement ». Il va même plus loin en expliquant que tout est pensé au sein du festival pour être éco-responsable où tout du moins, l’être le plus possible : « Dès qu’on pense les choses, c’est de façon éco-responsable ou cela n’est pas ».

 

Sur place, on constate par exemple la seule présence de toilettes sèches. Vaiselle coopérative est également de mise, remplaçant les habituels emballages carton jetables avec. La nourriture est par ailleurs gérée en intégralité (pour les bénévoles, les festivaliers et les artistes) par l’association. Le village de son côté propose tout un ensemble de stands et d’activités organisées par des associations et structures locales engagées dans l’écologie. On retrouve des vélos, de quoi réparer son vélo ou encore de la seconde main, des vêtements et autres.

Nonobstant, Alexis reste lucide et concède qu’ils leur restent « encore des progrès à faire » pour que le festival soit encore plus responsable de l’environnement dans ses activités. En effet, impossible pour eux d’avoir une adduction d’eau : « On n’a pas d’eau, donc on est obligé d’acheter des bonbonnes de flotte, ça fait chier ». À noter tout de même, toujours selon  cela reste « relativement négligeable » dans le calcul du bilan carbone total.

Mattheo Charras

 

 

 

 

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