La luminothérapie combat la dépression saisonnière
Posted On 3 mars 2021
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Octobre : l’automne s’installe au rythme de la pluie qui dégringole et entraîne avec elle les températures. Le ciel se teinte de gris, troquant alors ses rayons de soleil pour des nuages pluvieux. Les feuilles tombent et dépérissent comme, peut-être, le moral de milliers de Français. En effet, le niveau réduit de lumière du soleil à l’approche de l’hiver peut provoquer un TAS hivernal chez de nombreuses personnes en perturbant leur horloge interne entraînant alors des sentiments de dépression. Le blues hivernal ou Trouble Affectif Saisonnier (TAS) n’est donc pas une légende, mais une véritable dépression saisonnière, qui nécessite une prise en charge. Marie-Pier Lavoie, psychologue et docteure en Médecine Expérimentale au Québec, explique la thérapie par la lumière.
Lexique
« Il existe peu de contre-indications à la luminothérapie » – Marie-Pier Lavoie
De la baisse de moral, en passant par la fatigue ou le désintérêt de toute activité, le TAS présente « des symptômes plutôt standards » de la dépression mais allie aussi des « symptômes plus atypiques ». Les patients peuvent ainsi « avoir davantage d’appétit pour les sucres et les féculents, et dorment plus qu’à l’habitude », détaille Marie-Pier Lavoie. Ces symptômes commencent à la mi-octobre et se terminent à l’arrivée des beaux jours. De plus, les personnes qui vivent dans certaines régions du monde et qui ont de longues semaines sans voir le jour, en raison des latitudes plus élevées, sont plus susceptibles d’en souffrir. La luminothérapie est ainsi « le traitement scientifiquement reconnu et le premier choix pour les gens souffrant de dépression saisonnière », poursuit la psychologue.
Cette thérapie consiste à s’exposer régulièrement, de préférence le matin, à une source artificielle de lumière blanche, qui va stimuler les cellules de la rétine de l’œil, avant d’atteindre le cerveau. Il y aura ainsi une production de sérotonine et l’inhibition de la mélatonine, permettant de lutter contre le blues hivernal. Marie-Pier Lavoie précise qu’il « existe peu de contre-indications à la luminothérapie, sauf pour les personnes atteintes de dégénérescence maculaire ou de maladie grave de l’œil ». Si ce traitement peut s’effectuer à la maison, ou au travail, il faut toutefois s’assurer des bonnes propriétés de la lampe (taille, intensité lumineuse, couleur) pour un effet visible après deux semaines d’utilisation en continue.
Bien que la luminothérapie soit recommandée comme option de première ligne pour le trouble affectif saisonnier, certains patients ne ressentent pas un soulagement suffisant ou rencontrent des effets secondaires. Pour pallier les légers maux de tête, la sécheresse oculaire ou l’agitation, il suffit « de diminuer la durée d’exposition ou de reculer la lampe de luminothérapie pour un certain temps », complète la psychologue québécoise. Cette thérapie peut aussi être complétée par des médicaments antidépresseurs**, ou de la phytothérapie.
Toutefois, s’il est reconnu que la diminution de l’intensité lumineuse et de la durée de l’exposition à la lumière en hiver influence grandement la dépression saisonnière, les causes de cette dépression ne sont pas encore toutes connues. En plus du manque de lumière, d’hormones et de sommeil, d’autres facteurs conduisent à ce blues hivernal. De fait, il arrive aussi que certaines personnes soient atteintes de Trouble Affectif Saisonnier en été. L’homme n’est en effet pas qu’un ensemble d’atomes et sa psychologie et son vécu ont aussi un impact sur sa santé mentale.
*d’après le docteur Eric Charles sur Le Figaro Santé
**prescrits sur ordonnance par un médecin
Solène Robin
Quand la Covid s’en va au printemps…
Vous vous en souvenez, vous y étiez, le gouvernement français avait décidé de re-confiner la population en novembre 2020. Or, cette période correspond au milieu de l’automne, saison qui s’accompagne fréquemment de dépressions dites “saisonnières”, censées disparaître d’elles-mêmes au retour des beaux jours. Voilà qui n’a rien d’une nouveauté donc. Cependant, ces deux événements viennent désormais se cumuler. Vous en avez fait l’expérience, un confinement suppose une baisse de l’activité et de la socialisation, fameuse “distanciation sociale”, dans une période déjà fragilisante en somme.
Michel Debout, professeur de médecine légale et membre de l’Observatoire National du Suicide, a réalisé une étude pour la fondation Jean Jaurès. Il y rappelle que “le lien entre le risque suicidaire et les crises économiques et sociales est connu depuis la crise de 1929”. Dans ce même sens, force est de constater que le virus n’impacte plus uniquement la santé physique mais aussi mentale. Est-il utile de le rappeler ? Les étudiants sont anxieux, la population est déprimée et s’impatiente, si elle ne décourage pas. Ainsi les conséquences sont plus graves que prévues. Selon un rapport publié dans Perspectives on Psychological Science, “certains facteurs comme la santé physique et mentale d’une personne pourraient affaiblir le système immunitaire et ainsi ralentir la réponse au vaccin”. C’est le cas de le dire, c’est le serpent qui se mord la queue.
Par conséquent, il est urgent, primordial, si ce n’était pas déjà le cas, de s’inquiéter de ce mal qui se propage, presque plus vite que le virus. La dépression ne pourrait-elle pas rester saisonnière et s’en aller avec les hirondelles au printemps (emportant le SARS-CoV-2 avec elle, pourquoi pas) ?
Héloïse Drouet
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