Information en vidéo et conquête d’un public connecté
Posted On 10 avril 2021
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Et si on réinventait le journalisme ? Les médias traditionnels voient en effet leurs ventes papier ralentir. Pour conquérir un public toujours plus connecté, ils s’installent sur ces nouveaux supports que sont les réseaux sociaux. Comme il faut capter le peu d’attention qu’a le spectateur à accorder, et que les articles sont moyennement lisibles sur smartphone, il a fallu renouveler le format. C’est l’avènement de l’information en vidéo.
Arthur Carpentier, journaliste vidéaste au Monde, explique que les vidéos produites par les médias ont toujours une visée informative. Celles-ci vont du décryptage de l’actualité à l’interview de personnages publics, en passant par la réfutation d’infox.
Les réseaux sociaux offrent la possibilité de commenter les contenus publiés, et parfois même de répondre à des sondages, comme c’est le cas sur YouTube ou Twitter. « Une partie de l’audience […] nous fait part de ce qui lui plaît et de ce qu’elle veut », témoigne Arthur Carpentier. Une aubaine pour les médias, qui grâce à cette interaction peuvent produire des vidéos à destination d’un public impliqué et concerné.
La forme des vidéos diffère de celle du papier, en particulier au niveau de la manière de rédiger. Dans une production vidéo, le contenu est oralisé, ce qui change du traditionnel article écrit. Souvent, le journaliste s’adresse directement au spectateur, créant une relation de proximité. L’internaute se sent alors interpellé, ce qui est bénéfique pour l’attention.
Les vidéos possèdent aussi l’avantage d’être visuelles. « Il y a des idées qui passent plus facilement avec l’appui des images et différents outils d’illustration », rappelle Arthur Carpentier. Dans les contenus à destination des réseaux, on retrouve souvent des animations graphiques qui en sont d’ailleurs assez caractéristiques. Elles ont pour vocation d’attirer l’œil, tout en explicitant des phénomènes de manière plus simple qu’à l’écrit.
Les vidéos informatives diffusées sur les réseaux sociaux connaissent le succès. Le journaliste explique que « ce qui est très cool avec YouTube, c’est qu’on touche énormément de gens qu’on ne toucherait pas autrement ». Et pour cause, la chaîne du Monde avoisine actuellement le million d’abonnés. Il précise que « les 18-30 ans sont une population qui ne va pas forcément sur le site du Monde et qui s’informe autrement ». Cela se confirme dans l’enquête menée par l’Institut Reuters où il est indiqué que 47 % des 18-34 ans prennent connaissance de l’actualité via des contenus partagés sur les réseaux sociaux.
Cette appétence pour les nouveaux formats par les générations Y et Z est telle que de nouveaux médias comme Loopsider ou Brut sont apparus (respectivement en 2018 et 2016). Ils ne créent que des vidéos, postées sur les réseaux sociaux à une fréquence de plusieurs par jour. Et ça marche ! Très vite, leur nombre d’abonnés a grimpé, venant par exemple dépasser le million en ce début d’année 2021 pour Brut.
Une question vient alors. Face à l’engouement soudain pour l’information en vidéo sur les réseaux, se dirige-t-on vers une multiplication massive de ces nouveaux formats au détriment des articles des presses papier et numérique ? Déjà, les médias traditionnels comme Le Monde n’ont ni la même ligne éditoriale, ni la même façon de fonctionner que les nouveaux médias tels que Brut. Arthur Carpentier tient à rappeler qu’« au Monde, le journal papier, le site internet et les vidéos sont complémentaires ». Il souligne aussi qu’« un bon sujet papier n’est pas forcément un bon sujet vidéo, et inversement ». En effet pour les médias traditionnels, les vidéos viennent souvent appuyer des contenus déjà existants sur le papier, ou au moins sur le site internet. On peut donc estimer qu’un format remplacera difficilement un autre, même si le chapitre de l’information en vidéo est loin d’être terminé.
Léo Guérin
“Le podcast et la radio se nourrissent“, confie Simon Riaux, chroniqueur pour le podcast Pardon Le Cinéma, brisant alors tout a priori selon lesquels le podcast serait l’avenir incurable de la radio.
Pratique car il s’écoute partout et quand on veut, aujourd’hui le podcast a le vent en poupe et attise l’intérêt des grands médias traditionnels. Les Echos, Le Monde ou encore Ouest France, tous succombent au phénomène du podcast.
Mais s’il semble être un nouvel Eldorado que les médias traditionnels comptent conquérir, c’est dans ses origines de média indépendant que le podcast trouve son authenticité. “S’il y a bien un code propre au podcast, c’est la proximité entre le chroniqueur et l’auditeur”, souligne Simon Riaux.
S’identifier à un podcasteur est en effet vraisemblablement plus facile que de s’identifier à un journaliste, un éditorialiste ou un chroniqueur de la radio, parce que “tout le monde peut créer son propre podcast“. Dans sa réalisation, le podcast nécessite peu de matériel puisque pour l’enregistrer un simple téléphone portable peut suffire et pour le monter des logiciels gratuits existent. Puis dans sa production, le podcast s’appuie sur internet dont les multiples plateformes qu’il abrite (Anchor, YouTube…) permettent de le diffuser gratuitement.
Alors, loin des pressions financières et temporelles que peut connaître le monde de la radio avec le strict respect des conducteurs, le podcast en a charmé plus d’un. Cependant, l’Eldorado ne reste pour certains qu’une contrée mythique. “Ce n’est pas parce que tout le monde peut se lancer que tout le monde peut y arriver, il faut une certaine rigueur et un réel engagement“, précise Simon Riaux avant d’ajouter que si le podcast peut se présenter comme une alternative à la radio, les deux médias se complètent. “La radio va digérer les codes du podcast comme le podcast va digérer les codes la radio.”
Marie Gréco
Crédit photo: Morgane Burlotto
Crédit vidéo: Clara Lelièvre
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