Les violences policières décryptées dans le cadre de CitéPhilo
Depuis quelques semaines se tiennent des conférences, organisées dans le cadre de l’événement CitéPhilo, dont le but est de diffuser des réflexions philosophiques. C’est à la médiathèque Jean Lévy que Le Châtillon a rencontré Olivier Fillieule et Fabien Jobard, deux sociologues directeurs de recherches au CNRS qui se sont penchés sur la question des violences policières. Dans un ouvrage coécrit, ils reviennent sur les constats qu’ils ont fait au cours de leurs recherches, appelant à des réponses évidentes, pour autant pas forcément appliquées.
Des conditions de travail policier dégradées
Olivier Fillieule l’affirme, « les rapports de force se brutalisent ». Propos racistes, passage à tabac, décès, les interpellations à caractère violent se multiplient, sans réelle réaction de la part des pouvoirs publics. Pour expliquer l’existence de ce
phénomène, les auteurs évoquent la dérive du concept de « désordre acceptable » au sein de notre société. Cette notion
fait partie du droit français, et renvoie à la place qu’un rapport de force permet de libérer au sein de nos sociétés, entre ce que les gens, la police, les médias, les pouvoirs publics sont prêts à accepter, ou pas. C’est en somme un « instrument
de régulation de la société », explique Fabien Jobard.
Si cette violence dite légitime est tolérée dans un but de pacification sociale, les abus faits de son usage par les forces de police relèvent, selon les auteurs, des politiques néo-libérales mises en place. Celles-ci ont causé une diminution des moyens alloués au maintien de l’ordre, occasionnant une baisse des effectifs policiers, et de la qualité de leurs conditions de travail ainsi que de leur rémunération. « L’absence de moyen humains favorise l’usage nouveau de moyens techniques à l’image des flashball, des drones, etc. », explique Olivier Fillieule, auxquels s’ajoutent un fractionnement et une nouvelle composition des unités, aboutissant sur davantage de violence.
Des solutions évidentes péniblement appliquées
Maelys Michel-Bannier
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L'interpellation policière
Quand on entend parler de violences policières, on voit régulièrement des scènes d’interpellation d’une violence extrême provoquée par l’utilisation de méthodes aujourd’hui souvent interdites. Il existe pourtant d’autres manières d’interpeller quelqu’un. Sébastien* (prénom modifié), policier en région parisienne, nous explique comment procéder à une bonne interpellation.
La première étape, d’après Sébastien,est de faire signe à la personne pour lui montrer son intention de l’interpeller. Le policier doit ensuite lui expliquer la raison de l’intervention et procède, dans le cas d’un délit, à une arrestation. Dans le cas où la personne n’obéit pas aux forces de l’ordre, Sébastien nous dit que le policier ne doit utiliser la force qu’en cas de réelle nécessité et de manière systématiquement proportionnelle à la force exercée en face.
Dans une situation où la personne interpellée se débat violemment, Sébastien explique que le policier doit d’abord la rassurer et lui expliquer chaque étape de ce qu’il fait. Les méthodes les plus courantes dans ces cas-là sont le plaquage au sol ou les clés de bras. Elles permettent d’immobiliser la personne et de pouvoir lui mettre rapidement les menottes. Sébastien explique également que les forces de l’ordre interviennent souvent en groupe pour garder le contrôle de la situation et assurer la sécurité des personnes interpellées et des forces de l’ordre.
Si on prend l’exemple d’une fuite au volant, le policier doit avant tout s’assurer que la poursuite du véhicule n’implique pas de mettre en danger qui que ce soit. Si ce n’est pas le cas, le policier se contente des informations qu’il a pu obtenir, telle que la plaque d’immatriculation du véhicule et arrête la poursuite.
Julie Prevost
Témoignage sur les violences policières
Vidéo d’Eliot Simon