La dégradation de la relation soignant-soigné : un problème de plus en plus difficile à gérer
Posted On 20 mai 2019
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Le milieu hospitalier, lieu de soin, d’accompagnement, se révèle souvent être un lieu de négligences ou de maltraitances envers les soignés : oublis de patients, de repas ou encore propos désagréables sont autant de négligences ordinaires que l’on pourrait rencontrer en milieu hospitalier. Moins invisibles car plus violentes, existent également les maltraitances envers le personnel soignant : coups, insultes ou encore atteintes aux biens. Celles-ci contribuent largement à la dégradation de cette relation, amenant ainsi le personnel soignant à ne plus pouvoir tout gérer. Les deux se nourrissent, engendrant un cycle nécessitant d’être rompu.
La violence que peut subir le personnel soignant n’est pas seule responsable du souci. Depuis une vingtaine d’années, l’Etat mène une politique de réduction de budget pour la Santé. « Le réel problème est un manque de moyens financiers », appuie une endocrinologue-diabétologue, « Avec moins de moyens, le personnel doit toujours fournir la même qualité de soins », ajoute-t-elle. Les petits hôpitaux de campagnes ferment, et surchargent ainsi les hôpitaux des plus grandes villes. Sans compter le fréquent passage sous silence de ce problème, et le peu de parole donné aux soignants. Entre omerta, réduction de postes, allongement des horaires – certains médecins de garde enchaînent plus de 20 heures de travail à la suite –, et parfois violences des patients, le personnel est épuisé, démotivé, et les burn-out sont de plus en plus fréquents. Ils vont dans certains cas jusqu’à perdre leur humanité, qualité pourtant indispensable au personnel soignant. « C’est possible dans une usine, mais pas dans un hôpital », conclut la jeune femme. L’ouverture de lits, pouvant paraître comme une solution pour désencombrer les hôpitaux, ne fait qu’augmenter la surcharge de travail.
Dans les campagnes, l’hospitalisation à domicile est utilisée pour remédier au problème des fermetures, mais « ce n’est pas encore vraiment au point, les soignants libéraux sont eux aussi dépassés », déclare une infirmière exerçant dans une zone souffrant de ce problème.
De nombreuses institutions tentent d’attirer l’attention sur ce problème. L’ONVS, créée en 2005, publie fréquemment des rapports, et favorise la coordination des acteurs de terrain. Se concentrant davantage sur les violences des patients aux soignants, elle encourage cependant des améliorations d’infrastructures, initiative dont les deux bénéficient.
La CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme), institution indépendante promouvant les droits de l’homme, s’est également penchée sur le sujet. Elle a publié en 2018 un avis sur les maltraitances en milieu de santé, et 32 recommandations ont été émises à destination de l’Etat.
De leur côté, les hôpitaux tentent, eux aussi, de mettre en place des solutions à leur propre échelle. L’administration met en place des cellules d’écoute, des cours de sophrologie destinés aux soignants. Cela passe par un personnel coordinateur attentif aux problèmes des membres de son service, et donc par une bonne cohésion d’équipe. Selon beaucoup, ce n’est pas suffisant, et n’est qu’un moyen de se donner bonne conscience.Célia Lasserre
Témoignage d’une salarié d’une petite structure hospitalière. Vidéo réalisée par Benjamin Grischko
Bérénice Del Tatto
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