Loin des méthodes de médecine traditionnelle, l’art-thérapie attire de plus en plus d’adeptes. En passant par l’art, cette thérapie pluridisciplinaire unique permet aux patients de s’exprimer autrement que par les mots. Lumière sur cette discipline en vogue.
Et si l’art pouvait soigner ? C’est l’approche un peu folle de l’art-thérapie dont l’objectif est d’utiliser l’art à des fins thérapeutiques. L’idée étant d’améliorer le bien-être et la qualité de vie des patients, l’art-thérapie touche autant à la dimension psychique qu’à la dimension spirituelle, sociale ou encore physiologique.
Le pouvoir thérapeutique de l’art n’est pas né hier. De l’Antiquité avec Aristote jusqu’à l’ère contemporaine avec Freud, c’est surtout au XXe siècle que la pratique se développe. Au départ à destination des patients en psychiatrie, l’art-thérapie a évolué en un soin pour tous où la relation entre thérapeute et patient est au coeur de la thérapie.Pluridisciplinarité
En art-thérapie, on se soigne lors de séances individuelles ou de groupes. Contrairement aux thérapies verbales, le patient a le choix de s’exprimer aux travers de plusieurs médias artistiques : les arts plastiques, la musique, le théâtre, etc. La création étant la base de toute guérison, le média doit s’adapter aux besoins et envies du patient. « Il n’existe pas qu’une seule manière de pratiquer l’art-thérapie », confie Marine Mangenot, art-thérapeute à l’hôpital Oscar Lambret de Lille.
Mais soyons réaliste : l’art-thérapie ne fait pas de miracles. En fonction des cas et des troubles, la discipline est complémentaire ou non d’un soin médical. Lorsqu’elle est utilisée en complément d’une autre approche, la thérapie va de paire avec la médecine. C’est ce qu’exprime Marine Mangenot qui pratique l’art-thérapie auprès de patients atteints de cancer :
L’art-thérapeute sait qu’il ne guérit pas le cancer. Il agit autour de la guérison du patient. Mon rôle est complémentaire des autres intervenants du service [oncologie-pédiatrie].
Une thérapie pour tous
Aujourd’hui, l’art-thérapie s’est répandue autant dans les structures privées que publiques. Soignant un large éventail de troubles, allant de la simple anxiété à l’Alzheimer, elle apparaît aujourd’hui comme une discipline capable d’apaiser les souffrances de tout un chacun.
Pour Colette Larcanché, directrice et fondatrice de l’Association Régionale d’Art-thérapie du Nord – Pas-de-Calais (Puzzle), l’idée à l’origine de sa structure était de pratiquer l’art-thérapie en dehors des institutions de soin afin de la rendre accessible à tout public :
Actuellement le système de soin se décharge de beaucoup de choses sur des associations ou des structures intermédiaires. Ils ne vont garder en soin que des personnes dont les troubles sont répertoriés. Tous ceux qui sont en dehors de ça ont du mal à trouver des personnes qui peuvent les aider, et l’art-thérapie permet cet intermédiaire.
Une reconnaissance difficile
Malgré la multiplication des formations en art-thérapie, Colette Larcanché l’admet : « Le métier d’art-thérapeute est un peu particulier puisqu’on a des reconnaissances de diplômes mais on n’a pas de réglementation. »
Même si certaines études montrent que l’art-thérapie réduirait le stress et l’angoisse, la discipline ne bénéficie pas des financements nécessaires pour produire des études scientifiques sur son efficacité. Ajouté à cela un certain scepticisme envers les médecines alternatives et le non-remboursement des soins, la reconnaissance de la profession reste encore compliquée.
Zoom sur...
La médecine alternative : médecine des situations
L’art-thérapie d’aujourd’hui n’est qu’un petit aspect de la médecine alternative en général. Adieu la « médecine académique », accompagnée de ses nombreux médicaments. Bonjour à la sophrologie, aux traitements homéopathiques, aux massages, et à toutes ces pratiques qui ont pour but de soigner, de renforcer naturellement le bien-être.
Médecine douce, complémentaire ou encore alternative, c’est une pratique qui séduit et se répand : plus de 25 millions de Français utilisent régulièrement des méthodes de médecine alternative.
Sa popularité vient essentiellement du fait qu’il s’agit d’une médecine des situations : chaque problème a sa solution de médecine douce et complémentaire. Envie d’arrêter de fumer ? Tentez l’hypnose ! Besoin de réduire son stress ? Essayez la sophrologie !
Les Français l’utilisent et la majorité des médecins y adhèrent. Selon une étude d’Odoxa sur les médecines alternatives et complémentaires sortie le 31 janvier 2019, 59% des médecins croient aux bienfaits des médecines alternatives générales.
Néanmoins, quand on observe à la loupe chaque pratique de médecine plus douce, les avis fusent et diffèrent. Si seulement 33% des médecins croient à l’efficacité de l’homéopathie, 85% sont convaincus des bienfaits de l’hypnose sur l’humain. Hors de l’ordre des médecins, la pratique convainc en majorité : c’est par exemple 72% des Français qui approuvent l’efficacité d’un traitement homéopathique.
Rejetée par une minorité mais prisée en majorité par les Français, la médecine alternative est au service de chacun. Il y a les pratiques qui visent à soigner des maladies comme la phytothérapie, ou celles qui visent seulement à se sentir bien comme l’Ayurveda. Quel que soit l’objectif visé, les moyens sont naturels, et ce pour le bonheur de votre bien-être.
Léna Tisserant, Tanita Fallet, Roxane Sygula, Emma Rodriguez, Baptiste Dedieu