La Ferme du Paradis, cultiver l’engagement environnemental par la cueillette
Dans une ère de conscientisation de l’impact climatique de notre consommation, la Ferme du Paradis, située dans la ville de Seclin, à 15 minutes de Lille, et dirigée par Xavier et Dorothée Colette, construit un modèle de production alternative et engagée. Ainsi, depuis les années 1980, cette famille a ouvert un système de cueillette de fruits et légumes au grand public, permettant de consommer local au sein d’une ferme éco-responsable.
C’est à la sortie de Seclin, sur la route qui mène à Phalempin, que se trouve la Ferme du Paradis. A l’entrée, on trouve une supérette composée d’étals sur lesquels sont entreposés des produits locaux. C’est au-delà de cette boutique que l’on découvre l’étendue de cette ferme. En quelques secondes, on entre dans un lieu de nature, entre les animaux et les champs. Vous êtes désormais projetés au cœur de la cueillette.
Ici, Xavier et Dorothée Colette, les gérants de la ferme, s’activent. Pour ces descendants d’agriculteurs, cette activité est un réel mode de vie. Ce lieu-dit a ouvert ses portes au public pour la première fois dans les années 1980, dans une démarche d’indépendance vis-à-vis de la PAC (Politique Agricole Commune). C’est aujourd’hui la deuxième génération à proposer cette pratique.
Dans une société gangrénée par la surconsommation, les propriétaires de cette ferme ont affirmé leur volonté de faire changer les choses, et se sont attaqués au sein de leurs terres au problème de la surproduction. La famille Colette est partie du constat que la surconsommation était liée au mode de production capitaliste, qui crée des besoins chez le consommateur afin de vendre toujours plus. La solution de la cueillette leur est alors apparue comme un bon moyen d’allier une production et une consommation plus raisonnées, dans une activité qui n’exploite pas les terres à outrance.
Avec des labels à son actif comme le label Haute Valeur Environnementale numéro 4, qui garantit la qualité de la biodiversité, de la stratégie phytosanitaire, de la gestion de la fertilisation, et de la ressource en eau, la Ferme du Paradis s’engage dans une production éco-responsable. Cette organisation fait également partie d’”Agri-respect”, un groupement de producteurs qui met en place des actions respectueuses de l’environnement comme la lutte intégrée, c’est-à-dire la réintroduction dans leurs cultures d’espèces utiles à l’agriculture. “Nous sommes les premiers à manger nos fruits et légumes depuis toujours“, témoigne Dorothée. “Nous avons une grande connaissance de l’agro-alimentaire et refusons depuis toujours une exploitation à outrance de nos terres.” Les gérants de la ferme ne souhaitent cependant pas mettre en place de label Bio, puisque celui-ci ferait augmenter les prix et ne serait pas en accord avec certains principes de la Ferme du Paradis.
Du côté des consommateurs, c’est aussi la démarche écologique qui domine dans la pratique de la cueillette. Un groupe d’amis explique venir “pour cueillir du frais, du circuit-court“. Évidemment, le choix de la cueillette prend plus de temps qu’une virée courses au supermarché, mais pour les cueilleurs aguerris, l’intérêt est autre part. “Venir ici, ça fait énormément de bien. Pouvoir voir la nature évoluer, ça responsabilise aussi parce qu’on voit la floraison, on voit que les légumes ce n’est pas tout beau tout propre sur un étal, c’est aussi au fil des saisons et au fil des moments.“ C’est pourquoi certains y viennent chaque semaine, entre amis ou en famille, afin d’allier conscience écologique et reconnexion avec la nature.
Soline Philippe
Zoom : Éloge de la transition alimentaire, comment les jeunes redécouvrent les bienfaits d’une alimentation naturelle et locale
Notre monde souffre de la méconnaissance de la provenance des aliments, du délaissement des producteurs locaux, de la dégradation des sols et de l’environnement par l’agriculture intensive, de l’obésité et de la malnutrition. Il est urgent de prendre conscience de l’importance d’une alimentation saine, locale et respectueuse de la nature. Mais comment sensibiliser les citoyens ?
La réponse est peut-être dans l’éducation des plus jeunes. Il faut leur apprendre à connaître et à apprécier les aliments qui proviennent de la terre, à respecter les saisons et les cycles naturels, à découvrir le métier des agriculteurs, à créer un lien fort avec la nature et ses cultivateurs.
C’est pourquoi il existe de nombreuses initiatives comme celle des écoles autour de Seclin qui vont à La Ferme du Paradis.Elles immergent les enfants dans des activités ludiques, les élèves sèment, récoltent, goûtent… Ces sorties dans la nature leur font observer et surtout les apprennent à respecter la faune et la flore.
Ces activités sont bénéfiques pour les enfants, elles stimulent leur curiosité, leur sens des responsabilités et développent leur conscience écologique et citoyenne.
Éduquer les jeunes à une alimentation plus proche de la nature, leur offre non seulement le plaisir de bien manger, mais aussi une lourde responsabilité. Car, demain ils pourront changer le monde pour eux-mêmes et pour la planète. C’est la force de l’éducation populaire dans l’école de la république : construire un nouvel avenir par l’éducation des futurs citoyens.
Émile Thomas Moine